PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE – Alors que le président américain semble mal embarqué pour espérer une réélection, un sondage le donnant gagnant est largement commenté. Difficile de lui accorder un trop grand crédit, l'immense majorité des instituts prédisant en effet une victoire de Joe Biden.
Alors que l'élection présidentielle américaine se rapproche à grands pas, Donald Trump attaque à tout-va son opposant démocrate Joe Biden. Il assure ainsi que l'accélération de sa campagne est due aux résultats des récents sondages, qui "se sont inversés comme jamais jusqu'alors". Donné perdant jusqu'à présent, le président américain sous-entend donc aujourd'hui ouvertement que sa victoire est prédite.
Dans le même temps, un sondage réalisé par un institut américano-britannique et commandé par le journal britannique The Sunday Express annonce que Donald Trump bénéficierait d'une légère avance sur Joe Biden. Une enquête d'opinion relayée en France, notamment par la journaliste et ancienne membre du CSA Christine Kelly. "Donald Trump se dirige vers la deuxième victoire présidentielle, avec une avance de trois points sur Joe Biden, selon un sondage choc", a-t-elle lancé sur Twitter.
La grande majorité des sondages donne Biden gagnant
Peut-on aujourd'hui affirmer que les sondages sont en train de se retourner en faveur de Donald Trump ? Pour se faire une idée, il est utile de se pencher sur l'impressionnant travail du projet "FiveThirtyEight", lancé par le média américain ABC News. Celui-ci liste en effet toutes les enquêtes d'opinion qui sont réalisées outre-Atlantique et en condense les résultats.
Qu'apprend-on de cette vaste compilation ? Que dans la quasi-totalité des sondages, Joe Biden est présenté gagnant, avec une avance qui varie ces dernières semaines entre 3 et 10 points, une majorité tablant sur un écart compris entre 6 et 8 points. ABC News ne se contente pas de relayer les résultats : le site analyse en effet la méthodologie de chaque enquête d'opinion et attribue une notation à chacune (A, A-, B, B-, etc.). Plus l'institut est réputé et plus les outils utilisés sont jugés fiables, meilleure sera la note.
Il convient de rappeler qu'aux Etats-Unis, les citoyens élisent des grands électeurs, état par état. Il ne s'agit donc pas forcément de récolter le maximum de voix à l'échelle du pays, mais bien de parvenir à l'emporter dans des états où l'issue du scrutin est incertaine, les fameux "swing states". Le Financial Times souligne que pour l'emporter Trump et Biden auront besoin du vote de 270 grands électeurs, et présente un graphique qui permet de visualiser les forces en présence.
Les enseignements sont nombreux. En rouge et bleu foncé, on peut observer les états (et donc le nombre de grands électeurs) qui penchent très largement en faveur de l'un ou l'autre des candidats, et lui semblent donc acquis. Net avantage ici pour Biden, avec 203 grands électeurs contre 80. En rouge et bleu pâle sont représentés les états qui penchent légèrement en faveur d'un candidat. Là encore, Biden est devant (95 vs. 39), de quoi assurer une majorité suffisante au démocrate pour être élu, sans même connaître l'issue du scrutin dans les états en balance, représentant 121 grands électeurs.
En 2016, les sondages s'étaient totalement trompés
Si l'institut qui donne aujourd'hui Trump gagnant reste pris au sérieux, il le doit notamment au fait qu'il avait fait partie des rares à avoir annoncé la victoire du milliardaire lors de la précédente élection. Pour autant, comme l'a noté le journal Newsweek, Biden reste pour le moment annoncé en tête, avec un écart qui demeure confortable malgré "un léger resserrement" ces dernières semaines. Et de rappeler que la campagne américaine porte aujourd'hui davantage sur les questions sécuritaires, dans un contexte de tension en marge du mouvement Black Lives Matter.
D'ici au 3 novembre, date de l'élection, la situation peut bien entendu encore largement évoluer, et il serait trompeur d'afficher des certitudes à la seule lecture d'enquêtes d'opinions. Une prudence nécessaire, d'autant plus que le dernier scrutin, en 2016, avait donné Donald Trump gagnant contre toute attente, malgré des sondages favorables à la démocrate Hillary Clinton.
Sans préjuger de l'issue de l'élection, il est malgré tout possible d'infirmer les propos du président Trump et de nuancer les affirmations mentionnant un retournement des sondages outre-Atlantique. Si un institut donne aujourd'hui gagnant le président sortant, une immense majorité des enquêtes voient Joe Biden l'emporter, et ce avec une avance significative. Son avance a très légèrement baissé, mais il est faux d'affirmer que les scores prêtés à Biden sont en chute libre, comme le laisse entendre l'actuel locataire de la Maison blanche.
Vous souhaitez réagir à cet article, nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N'hésitez pas à nous écrire à l'adresse lesverificateurs@tf1.fr
Tout
TF1 Info