Et Beyrouth sombra dans le chaos : le récit d'une soirée de cauchemar

Publié le 5 août 2020 à 9h11, mis à jour le 5 août 2020 à 9h25

Source : JT 20h Semaine

CHRONOLOGIE - D'énormes explosions dans le port de Beyrouth ont fait mardi plusieurs dizaines de morts et plusieurs centaines de blessés, provoquant des scènes de dévastation et de panique dans la capitale libanaise. Retour sur le déroulé des faits.

Les dégâts, d'une ampleur sans précédent dans tous les quartiers de la ville, témoignent de l'ampleur de la catastrophe. De puissantes explosions successives ont secoué mardi Beyrouth faisant un nombre indéterminé de morts et de blessés, provoquant des scènes de dévastation et de panique. 

Du retentissement des déflagrations à l'annonce du premier bilan humain, en passant par les images terrifiantes qui ont circulé sur les réseaux sociaux et les premières déclarations concernant l'origine des explosions, retour sur la chronologie des événements qui ont traumatisé la capitale libanaise.

Deux puissantes explosions

Il n’était pas encore 18h, ce mardi, quand deux explosions retentissent dans la zone portuaire de Beyrouth, au nord-est de cette ville de plus de 360.000 habitants. Selon des témoins, les secousses ont été ressenties  jusqu'à la ville côtière de Larnaca, à Chypre, distante d'un peu plus de 200 km des côtes libanaises. Les déflagrations ont fait trembler les immeubles et brisé des vitres à des kilomètres à la ronde. Leur puissance a été telle qu'elles ont été enregistrées par les capteurs de l'institut américain de géophysique (USGS) comme un séisme de magnitude 3,3.

Des images terrifiantes sur les réseaux sociaux

Les smartphones étaient déjà braqués sur l’énorme nuage de fumée quand a retenti l’explosion la plus virulente. Dans la foulée de la déflagration en forme de champignon, les premières images circulaient ainsi sur les réseaux sociaux, créant un mélange de stupeur et de consternation dans le monde entier.  

Les médias locaux ont diffusé des images de personnes coincées sous des décombres, certaines couvertes de sang comme de nombreuses autres qui marchaient dans les rues, hagardes et pleines de poussières. 

Beyrouth : témoignage de l'un des auteurs des vidéos virales de l'explosionSource : TF1 Info

Secours et hôpitaux débordés

Pour permettre aux secours d’intervenir, le secteur du port est bouclé par les forces de sécurité, qui ne laissent passer que la défense civile, les ambulances aux sirènes hurlantes et pompiers. "C’est une catastrophe à l’intérieur. Il y a des cadavres par terre. Des ambulances emmènent les corps", déclare un soldat à l’AFP.  

Dans la foulée des explosions, de nombreux habitants, dont certains blessés, marchent vers des hôpitaux dans plusieurs quartiers de Beyrouth. Devant le centre médical Clémenceau, des dizaines de blessés, parmi lesquels des enfants, parfois couverts de sang, attendent d'être admis.

Les différents hôpitaux de la capitale, déjà confrontés à la pandémie de Covid-19, ont rapidement indiqué être dépassés par l’afflux de personnes blessées. Les autorités demandent par conséquent aux personnes blessées de se diriger vers les hôpitaux en dehors de la capitale. 

Premiers bilans : des dizaines de morts, des centaines de blessés

En fin de soirée, le ministre de la Santé indique que 78 morts et 4000 blessés avaient été recensés. Un bilan revu à la hausse dans le courant de la nuit pour atteindre ce mercredi aux premières heures du jour 100 morts selon la Croix Rouge libanaise.

Des Casques bleus ont été grièvement blessés à bord d'un navire amarré dans le port, selon la mission de l'ONU au Liban. 

Des secouristes, épaulés par des agents de sécurité, ont cherché toute la nuit des survivants ou des morts coincés sous les décombres. Les opérations continuent, selon la Croix-Rouge.

Convocation d'une réunion d'urgence

"Une catastrophe majeure s'est abattue sur le Liban", a déploré le président Michel Aoun à l'ouverture d'une "réunion urgente" du Conseil supérieur de la Défense convoquée dès mardi soir au palais présidentiel à Baabda, ont annoncé ses services. Étaient convoqués à cette réunion le Premier ministre, les ministres de la Défense, de l'Intérieur, des Finances, des Affaires étrangères, de l’Économie, de la Justice, des Travaux publics et de la Santé. Seront présents également les responsables des services de sécurité, les directeur des services de renseignement, le directeur général des douanes, les procureurs, le Mohafez de Beyrouth, le président du port, le secrétaire général du Haut Comité du secours et le directeur général de la Défense civile.

De son côté, le Premier ministre Hassan Diab a décrété une journée de deuil national mercredi "pour les victimes de l'explosion du port de Beyrouth".

Le secteur du port bouclé, un navire en flamme

Plus de deux heures après les violentes explosions qui ont ravagé le secteur mardi, un navire arrimé face au port de Beyrouth était en flamme, sans qu'il ne soit possible de déterminer s'il y avait à son bord des passagers. Tandis que les flammes enveloppaient toujours le secteur, un hélicoptère collectait de l'eau de la mer pour éteindre les incendies. 

Dans le port, un officier a demandé aux journalistes de s'éloigner du secteur, craignant une explosion du navire à cause du réservoir de carburant. Une source sécuritaire sur le terrain a indiqué à l'AFP qu'il y avait encore des morceaux de corps au sol, et que les opérations se poursuivaient pour transporter les victimes.

Beyrouth, ville "sinistrée"

Beyrouth est une "ville sinistrée", a annoncé vers 23h le Conseil supérieur de défense du Liban, qui "recommande" au gouvernement de décréter l'Etat d'urgence, selon l'agence nationale d'informations ANI. 

2750 tonnes de nitrate d'ammonium pointées du doigt

Environ 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium étaient stockées dans l'entrepôt du port de Beyrouth qui a explosé mardi, provoquant des morts et des dégâts sans précédent dans la capitale libanaise, a dénoncé dans la nuit le Premier ministre Hassan Diab.

"Il est inadmissible qu'une cargaison de nitrate d'ammonium, estimée à 2.750 tonnes, soit présente depuis six ans dans un entrepôt, sans mesures de précaution", a-t-il déclaré devant le Conseil supérieur de défense qui a tenu une réunion d'urgence. 

"C'est inacceptable et nous ne pouvons pas nous taire sur cette question", a-t-il ajouté selon des propos rapportés par un porte-parole en conférence de presse.

Trump contredit par ses services

Alors que la cause de la double explosion a fait immédiatement débat, Donald Trump y est allé de sa théorie, mardi 4 août, au début de sa conférence de presse quotidienne, semblant s'accorder à l'idée que l'explosion soit d'origine criminelle. 

Une théorie qui a été bien vite contredite par une source officielle du département de la Défense américain. Auprès de CNN, ce dernier a indiqué "ne pas savoir de quoi le Président parlait. Il n'y aucune indication selon laquelle qui que ce soit dans cette région cherchait à mettre en place quoi que ce soit de cet ordre. Cela aurait eu pour conséquence de développer le nombre de troupes américaines présentes dans cette région, afin d'éviter une éventuelle tentative de représailles. Et rien de ça ne s'est produit".

La France envoie des urgentistes et plusieurs tonnes de matériel

Emmanuel Macron s'est entretenu dès mardi soir avec son homologue libanais, Michel Aoun, pour lui exprimer "son soutien et celui de la France" et a annoncé l'acheminement de "" à Beyrouth, où deux fortes explosions ont fait des dizaines de morts.

Plus tôt dans la soirée, Emmanuel Macron a exprimé sa "solidarité fraternelle avec les Libanais après l'explosion qui a fait tant de victimes et de dégâts ce soir à Beyrouth. La France se tient aux côtés du Liban. Toujours", dans un message rédigé en français et en arabe sur Twitter. 


La rédaction de TF1info

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