Des appels d'urgence témoignent de l'inaction de la police de Séoul, en amont de la bousculade mortelle qui a fait au moins 156 morts, dimanche.L'AFP a obtenu une retranscription condensée des coups de fil passés depuis Itaewon, où environ 100.000 personnes étaient réunies.Il en ressort que le drame aurait pu être facilement évité.
Chaque jour qui passe permet d'y voir plus clair. Quatre jours après la mort d'au moins 156 personnes dans une bousculade à Séoul, dimanche, en marge des festivités d'Halloween, la lenteur des autorités à intervenir se confirme. Alors que le Premier ministre sud-coréen, Han Duck-soo, a promis, mercredi 2 novembre, de demander des comptes à la police, dont le chef Yoon Hee-keun a reconnu une réponse "insuffisante", des appels d'urgence attestent de l'attentisme des forces de l'ordre de Séoul.
Le premier appel aux services de police a été passé à 18h34 (10h34) par un homme nerveux avertissant du besoin d'un contrôle policier de la foule, avant que survienne le mouvement de foule mortel dans le quartier cosmopolite d'Itaewon. "Cela devient vraiment tendu avec les gens qui montent et descendent cette ruelle. Les gens ne peuvent pas descendre ici mais des gens continuent à monter. J'ai l'impression que les gens vont être écrasés à mort", alerte-t-il au bout du fil, selon une retranscription condensée obtenue par l'AFP. "Je m'en suis à peine sorti. Je pense que vous devez contrôler la situation."
"Je pense que des gens vont mourir ici"
Pendant les quatre heures qui ont suivi, les coups de fil, de plus en plus désespérés à mesure que le drame à venir se précisait, se sont multipliés. "Il y a beaucoup trop de gens ici en train d'être poussés, piétinés, blessés. C'est chaotique. Vous devez contrôler ça", informe un interlocuteur à 20h09. "Les gens sont piétinés dans les rues ici. Ça devient vraiment dangereux (...) Il n'y a pas de contrôle et la route à trois voies est entièrement bloquée. J'ai une vidéo enregistrée. Est-ce que je peux vous l'envoyer ?", demande un autre, à peine 24 minutes plus tard. À 20h53, la situation commence à dégénérer. "Les gens sont presque écrasés à mort (...) Il y a beaucoup trop de gens (...) Ce n'est pas un canular téléphonique", assure la personne au téléphone.
"Les gens sont poussés violemment ici et tout le monde est en panique (...) S'il vous plaît, faites quelque chose pour faire de la place ici", réclame un fêtard à 21h02. "Je pense que des gens vont mourir ici." "La situation ici est vraiment sérieuse. Les gens dans la ruelle sont compressés si fort (...) Toute la ruelle est (en danger)", prévient un autre. "Je comprends. Nous allons déployer des policiers là-bas", lui répond un policier. Mais, à 21h51, les forces de l'ordre sont toujours attendues : "Pouvez-vous venir aussi vite que possible pour contrôler la foule ?" "On dirait que des gens sont écrasés à mort là-bas (...) (C'est le) chaos total", déplore, à 22h11, un dernier interlocuteur. Autant d'appels qui sont la preuve que la tragédie aurait pu être évitée.
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