Droit à l'avortement : la Cour suprême prête à faire revenir les États-Unis 50 ans en arrière

Idèr Nabili avec AFP
Publié le 3 mai 2022 à 7h50, mis à jour le 3 mai 2022 à 10h05

Source : TF1 Info

Selon "Politico", la Cour suprême des États-Unis envisage de revenir sur le droit à l'avortement.
Elle compte supprimer l'arrêt de 1973 qui reconnaît ce droit pour toutes les femmes, d'après des informations basées sur une fuite de documents.
Chaque État serait alors libre d'autoriser ou d'interdire l'avortement.

Un demi-siècle plus tard, le droit à l'avortement va-t-il être remis en cause aux États-Unis ? D'après les informations de Politico, qui s'appuie sur une fuite inédite de documents, la Cour suprême s'apprête à annuler l'arrêt historique de 1973 dans lequel elle a reconnu le droit à l'avortement. Le quotidien dit s'être procuré l'avant-projet d'une décision majoritaire rédigé par le juge conservateur Samuel Alito et daté du 10 février, qui doit encore faire l'objet de négociations jusqu'à sa publication avant le 30 juin.

L'arrêt Roe v. Wade qui, il y a près de 50 ans, a estimé que la Constitution américaine protégeait le droit des femmes à avorter, était "totalement infondé dès le début", est-il écrit dans cette proposition de texte. "Nous estimons que Roe v. Wade doit être annulé", ajoute Samuel Alito, pour qui le droit à l'avortement "n'est protégé par aucune disposition de la Constitution."

"L'une des pires décisions de l'histoire moderne"

Si cette conclusion est bien retenue par la Haute cour, les États-Unis reviendront à la situation en vigueur avant 1973, lorsque chaque État était libre d'interdire ou d'autoriser les avortements. Compte tenu des importantes fractures géographiques et politiques sur le sujet, une moitié des États, surtout dans le sud et le centre conservateurs, devraient rapidement bannir la procédure sur leur sol.

"Soyons clair, c'est un avant-projet. Il est scandaleux, sans précédent, mais pas final. L'avortement reste votre droit et est encore légal", a tweeté l'organisation Planned Parenthood, qui gère de nombreuses cliniques pratiquant des avortements. Plusieurs manifestations contre cette remise en cause du droit à l'avortement ont lieu ce mardi matin (heure française) à Washington, devant la Cour suprême.

Des responsables démocrates ont dénoncé l'éventuelle décision. Elle constituerait "une abomination, l'une des décisions les pires et les dommageables de l'histoire moderne", ont estimé dans un communiqué la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, et le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer. "Si ces informations sont justes, la Cour suprême est prête à infliger la plus forte restriction des droits des cinquante dernières années, pas seulement aux femmes, mais à tous les Américains."

La Cour suprême a été profondément remaniée par Donald Trump qui, en cinq ans, y a fait entrer trois magistrats, solidifiant sa majorité conservatrice (six juges sur neuf). Depuis septembre, cette nouvelle Cour a envoyé plusieurs signaux favorables aux opposants à l'avortement. Elle a d'abord refusé d'empêcher l'entrée en vigueur d'une loi au Texas qui limite le droit à avorter aux six premières semaines de grossesse contre deux trimestres dans le cadre légal actuel. Et lors de l'examen en décembre d'une loi du Mississippi, qui questionnait aussi le délai légal pour avorter, une majorité de ses magistrats ont clairement laissé entendre qu'ils étaient prêts à grignoter, voire à tout bonnement annuler Roe v. Wade.


Idèr Nabili avec AFP

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