ITALIE - Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées mardi dans l'effondrement d'une longue portion d'un viaduc de l'autoroute A10 à Gênes, dans le nord de l'Italie. Un drame pour l'heure inexpliqué, mais plusieurs hypothèses sont envisagées.
Un bruit assourdissant, tel "un tremblement de terre", puis le silence. L'Italie a assisté avec stupeur ce mardi matin à l'effondrement d'une portion du viaduc de Gênes, au nord du pays, précipitant voitures et camions dans le vide à 45 mètres de hauteur. Le bilan, d'au moins 30 morts selon le gouvernement, est lourd. Un drame qui, au-delà des pertes humaines, pose déjà question : comment cet accident a-t-il pu se produire ? Si l'enquête devra faire la lumière sur les causes de l'effondrement, plusieurs hypothèses sont d'ores et déjà envisagées.
Un viaduc souffrant de vétusté ?
Conçu par l'ingénieur civil Riccardo Morandi, le viaduc de Polcevera a été construit entre 1963 et 1967, et mesure 1.102 mètres de long. Contacté par LCI, l'ingénieur-concepteur de pont Michel Virlogeux détaille les particularités de cette structure : " Les ponts de Morandi sont faits d'une succession de structures quasiment indépendantes. Nous avons un pylône assez complexe, en forme de V, avec deux colonnes principales assorties de deux éléments. Cette structure de pylône porte un 'tablier' avec des fléaux, tenus à l'extrémité par des haubans. Dans le pont de Gênes, il y avait ainsi trois piliers et entre chaque d'entre eux, une travée d'environ 50 mètres, suspendues entre les fléaux."
Elaboré dans les années 1960, ce viaduc était soumis à de fréquentes rénovations : selon la société italienne des autoroutes, "des travaux de consolidation étaient en cours" sur sa base. "Les travaux et l'état du viaduc faisaient l'objet d'activités constantes d'observation et de vigilance de la part du tronçon de Gênes.
Les causes de l'écroulement feront l'objet d'analyses approfondies dès qu'il sera possible d'accéder en toute sécurité aux lieux", a assuré la société. Le ministre des Transports a lui déclaré que "les premières indications sembleraient indiquer que la manutention avait été faite".
"Il est très difficile de dire à ce stade pour quelles raisons il s'est effondré, estime Michel Virlogeux. J'ai aperçu sur Internet une vidéo où on a l'impression que le pylône manquant est tombé sur le côté. Mais est-ce que c'est effectivement ce pylône qui s'est effondré ? Ou s'agit-il des haubans qui ont été corrodés et ont fini par lâcher ? Est-ce que c'est la petite travée qui, suspendue entre deux fléaux, se serait effondrée car elle reposait sur une petite console très ancienne, remontant aux années 1960 ?"
Des défauts depuis la construction de l'édifice ?
Interrogé dans les médias italiens, le PDG du groupe privé qui exploite les autoroutes italiennes, Giovanni Castellucci, a affirmé ce mardi qu’il ne "détenait aucun document faisant état d’un quelconque danger" sur le pont. Seulement voilà : la presse italienne a rapidement mis la main sur des documents attestant du contraire. Dans un article publié en 2016 par ingegneri.info, le professeur agrégé en structures de béton à la faculté d’ingénierie de Gênes, Antonio Brencich, soulignait que "le viaduc de Morandi a immédiatement présenté plusieurs défaillances de structure, en plus de surcoûts importants de construction". Le spécialiste l'assurait : les automobilistes empruntant le pont dans les années 1980 ressentaient des creux et des bosses sur la voie, correspondant à cette défaillance structurelle.
Un impact de foudre ?
Peu après le drame, un témoignage est apparu dans la presse italienne : celui d'un couple qui, présent sur les lieux au moment du drame, aurait vu la foudre s'abattre sur le viaduc, peu avant que celui-ci ne s'affaisse. Si cela n'a pas été confirmé par les autorités, les précipitations étaient effectivement intenses en Ligurie lors du drame. Les services météorologiques avaient émis une alerte aux orages et aux fortes pluies. Contacté par LCI, Météo-France confirme la présence d'orages ce mardi matin à Gênes. Sans toutefois être en mesure de préciser si des impacts de foudre ont touché le pont.
Pour Michel Virlougeux, cette piste semble peu crédible : "Même s'il faut toujours être prudent, je n'y crois pas beaucoup. Sur ce type de pont à hauban, en tête des pylônes, il y a des paratonnerres. C'est par exemple le cas sur le pont de Normandie ou le viaduc de Millau. A titre d'exemple, la pointe du paratonnerre de Millau est changée pratiquement tous les ans car elle reçoit la foudre. Quand on l'oublie, et cela m'est arrivé une fois, nous avons constaté qu'un petit peu de béton était tombé, nécessitant une grue pour réparer. Mais globalement, j'ai du mal à penser qu'un impact de foudre puisse provoquer l'effondrement de l'ouvrage."
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