Elections en Allemagne : l'AfD est-il un "Front national allemand" ?

Publié le 25 septembre 2017 à 13h56, mis à jour le 25 septembre 2017 à 14h12
Elections en Allemagne : l'AfD est-il un "Front national allemand" ?

Source : AFP

COMPARAISON – Le parti de droite nationaliste s'est offert un succès sans précédent dimanche soir aux élections allemandes, avec 13,1% à 13,2% des voix soit près de 90 députés. La percée d'un FN made in Germany ? Pas forcément.

"Bravo à nos alliés de l’AfD pour ce score historique ! C’est un nouveau symbole du réveil des peuples". Marine Le Pen a été l’une des premières dirigeantes politiques, dimanche soir, à féliciter la droite nationaliste allemande. Celle-ci a en effet enregistré une percée historique lors des législatives, raflant environ 90 sièges de députés. Une percée comparable à celle du Front national en juin dernier, quand le parti frontiste avait obtenu huit députés (du jamais vu depuis 1986) ? Oui et non.

Ce qui les rapproche…

Le Front national et l'AfD, qui prônent tous deux l'affirmation d'une identité nationaliste, partagent de nombreux points communs. En particulier sur l'immigration : ils convergent sur la dénonciation de l'"immigration de masse", la suppression de la double nationalité ainsi que des aides sociales non contributives pour les étrangers non ressortissants des États-membres de l'Union européenne. 

Côté société, l'AfD est –comme le FN - conservatrice, défendant notamment le "modèle" de la famille traditionnelle. 

Les deux partis ont des liens étroits avec la Russie de Vladimir Poutine.

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… et ce qui les différencie

Essentiellement l’économie. Si les deux partis critiquent la monnaie unique et les traités européens, l'AfD, lui, est sur une ligne nettement plus libérale. Il défend par exemple la fin de tout impôt sur la fortune ou sur la succession. De plus, l'AfD veut une "privatisation de l'assurance chômage", la suppression du salaire minimum ou un système fiscal élagué et plafonné. Climato-sceptique, le parti réclame également l'annulation de l'Accord de Paris sur le climat. Ce qui n'est pas le cas du Front national. 

Autre divergence, côté religion : alors que Marine Le Pen estime que l’islam est compatible avec la République française, Frauke Petry, vice-présidente de l’AfD, pense que cette religion n’a pas sa place en Europe. Par ailleurs, si  les deux partis critiquent l'immigration, celle-ci ne se présente sous une même réalité dans les deux pays. Un million de réfugiés ont été accueillis en Allemagne, contre moins de 20.000 en France.

Preuve des différences entre les deux camps, la question d’un rapprochement entre les deux partis fait grincer des dents au sein même de l’AfD. Une rencontre prévue le 21 janvier dernier entre Marine Le Pen et Frauke Petry, avait suscité des remous au sein de l'AfD. "Je trouve que le FN (Front national) ne nous correspond pas du tout", avait estimé le patron de l'AfD à Berlin, Georg Pazderski."Le FN est en fait un parti socialiste. Moi, personnellement, j'ai des réserves", a-t-il ajouté. 

Allemagne : zoom sur le parti AfDSource : Sujet JT LCI
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Un coup de gueule anecdotique ? Pas sûr. Car le parti allemand est tiraillée entre plusieurs courants, notamment entre les partisans d'un discours très dur sur les musulmans et ceux plus "modérés". De dissensions internes qui s’expliquent notamment par le fait que l’AfD est un parti "jeune", puisqu’il a été créé en 2013. C'est d'ailleurs pour cela que le parti a radicalisé son discours depuis sa création, par conviction, mais aussi pour gagner en visibilité, adoptant la stratégie inverse d'une Marine Le Pen qui a cherché au contraire à "dédiaboliser" le FN.

Enfin, si le Front national réfute lui aussi le qualificatif "d'extrême droite", il convient de rappeler que celui-ci a, en Allemagne, une connotation particulièrement lourde. En effet, le pays est "hanté" par son passé nazi et s'est reconstruit après-guerre sur la promesse du "plus jamais ça". L'AfD, créée en 2013, n'est ainsi pas répertoriée à ce jour comme d'extrême droite par les autorités allemandes. Dans sa conception officielle, l'extrémisme de droite en Allemagne s'apparente davantage aux néo-nazis ou aux groupuscules qui gravitent autour de cette idéologie.


La rédaction de TF1info

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