Elections aux Pays-Bas : pourquoi ce pays de tradition tolérante pourrait céder aux sirènes populistes

Publié le 15 mars 2017 à 16h49
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Source : Sujet JT LCI

BASCULE – Traditionnellement cosmopolite et ouverte sur le monde, la société néerlandaise semble pourtant prête à voter massivement en faveur du candidat d’extrême droite, Geert Wilders, lors des élections législatives, ce mercredi. Plusieurs facteurs permettent de l’expliquer.

De la tolérance à la méfiance, il n’y a parfois qu’un pas. Alors les élections législatives se déroulent ce mercredi aux Pays-Bas, les citoyens de ce pays pourtant connu pour être traditionnellement cosmopolite et ouvert sur le monde pourraient en effet être tentés par le vote populiste. 

Et de fait : s’il devrait se heurter au jeu des alliances et ainsi ne pas être en mesure d’exercer seul le pouvoir, le leader de l’extrême droite néerlandaise, Geert Wilders, semble bien parti pour obtenir un score record. Mais comment une telle bascule a-t-elle été rendue possible ? Comment cet Etat fondateur de l’Union européenne, que beaucoup considèrent comme un modèle de liberté, peut-il se retrouver à ce point tenté par le repli ? Plusieurs paramètres permettent de l’expliquer. 

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L’immigration, question centrale du scrutin

Alors que l’Europe est aux prises avec sa pire crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale, les Pays-Bas n’échappent pas au désarroi continental. Si, contrairement à l’Allemagne par exemple, le pays n’a pas été submergé par les demandes d’asile (20.000 en 2016 pour 17 millions d’habitants, ndlr), il n’en demeure pas moins concerné par les questions d’immigration. Une immigration qui a cependant été longtemps encouragée ; preuve en est le taux de 11,6% de personnes nées à l’étranger dans l’ensemble de la population.

Depuis son lancement mi-février, la campagne néerlandaise a d’ailleurs largement surfé sur cette thématique. Mais aussi sur celle de l’islam, un sujet "cher" à Geert Wilders. S'il devenait Premier ministre, le politicien à la chevelure peroxydée a ainsi promis d'interdire la vente des Corans, de fermer les mosquées et de bloquer l'accès du pays aux immigrés musulmans. 

Mais il n’est pas le seul. Dans une tentative manifeste de courtiser les électeurs d'extrême droite, d'autres candidats ont davantage mis l'accent au fil de la campagne sur ce qu'ils appellent les "valeurs néerlandaises". Comme l'a fait le Premier ministre, Mark Rutte, lui-même, en écrivant dans une lettre ouverte publiée dans la presse : "Agissez normalement ou partez". Les tensions des derniers jours entre La Haye et Ankara n’ont fait que ramener un peu plus sur le devant de la scène ces questions sensibles

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Croissance, dette, chômage : enfin le bout du tunnel ?

Là ne sont pourtant pas les seuls thèmes abordés par les différents candidats. Et pour cause : assez durement frappés par la crise financière, comme le montrent les données statistiques de l’OCDE, les Néerlandais aspirent à retrouver un peu plus de sérénité et de sécurité économique. L’assurance maladie, la retraite ou encore les conditions de travail ont ainsi été des thèmes récurrents des plus grands débats organisés avant le scrutin.

Il faut dire qu’après avoir connu la récession en 2009 (-3,8%), en 2012 (-1,1%) et en 2013 (-0,2%), les Pays-Bas commencent à peine à se relever en retrouvant une croissance (2% en 2015) plus conforme à leurs standards. Idem pour ce qui est de la dette publique, qui, après s’être envolée de 60% du PIB en 2008 à plus de 80% du PIB en 2014, a enfin repris le chemin de la baisse. 

Même chose ou presque en ce qui concerne le taux de chômage (6,9% en 2015), qui, s'il reste peu élevé, vient de connaître sa première diminution après sept années de hausse. À noter toutefois qu’il peine à retrouver son niveau d’avant crise (2,8% en 2008). Peut-être de quoi expliquer l’apparente méfiance des électeurs à l’heure d’aborder les élections. 

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Alexandre DECROIX

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