Israël : le "phœnix" Netanyahu sur la voie d'un retour au pouvoir

Publié le 2 novembre 2022 à 19h57

Source : JT 13h WE

Premier ministre d'Israël pendant quinze ans, Benjamin Netanyahu serait sur le point de retrouver le pouvoir.
Les résultats partiels des élections législatives donnent la majorité à la coalition faite avec l'extrême droite.
Retour sur la trajectoire de cet homme qui considère dédier sa vie à la protection de son pays.

Son éviction en 2021 aurait pu sonner la fin de sa carrière politique, la fin d’une ère, après avoir été Premier ministre pendant 15 ans. Mais seulement 16 mois après avoir perdu le pouvoir contre une coalition hétéroclite mise sur pied par le centriste Yaïr Lapid, Benjamin Netanyahu semble en bonne voie de revenir à la tête de l’État israélien. Portrait.

Nous sommes près d'une grande victoire
Benjamin Netanyahu

"J'ai de l'expérience, j'ai fait quelques élections, nous devons attendre les résultats définitifs mais notre chemin, celui du Likoud, a prouvé qu'il était le bon, nous sommes près d'une grande victoire", lançait d’ores et déjà dans la nuit de mardi à mercredi 2 novembre, le dirigeant de ce parti de droite à ses partisans réunis à Jérusalem.

Les résultats officiels ne devraient effectivement pas être annoncés avant vendredi, mais déjà, le dépouillement partiel donne l’avantage au Likoud, qui pourrait récolter 31 sièges sur 110, tandis que ses alliés d’extrême droite, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir en gagneraient 14. Avec ses alliés, le bloc de Benjamin Netanyahu pourrait compter 65 sièges. L'homme politique obtiendrait alors une large majorité, celle-là même que le dirigeant le plus pérenne d’Israël se voyait refuser depuis avril 2019, malgré les multiples convocations des Israéliens aux urnes, enfonçant lentement le pays dans une crise politique.

Le dirigeant le plus pérenne d'Israël

Ce retour autour de "Bibi" est-il une surprise ? Surement pas pour le dirigeant de 73 ans qui, lors de son discours de départ en juin 2021, avait déjà annoncé qu’il n’avait pas l’intention de prendre sa retraite. "Essayez d'endommager le moins possible la magnifique économie que nous vous remettons, afin que nous puissions la réparer le plus rapidement possible à notre retour", avait-il déclaré en s’adressant à son successeur Naftali Bennett, qui fut loin de profiter de la même longévité.

Avec cette potentielle nouvelle majorité, Benjamin Netanyahu pourra poursuivre la mission à laquelle il dit avoir dédié sa vie, à savoir la protection d’Israël et sa conception en tant qu’"État juif", héritage de la droite israélienne qui marque profondément la politique menée par l’ancien Premier ministre. Durant ses mandats, il se déclare largement en faveur de l'annexion de territoires en Cisjordanie et fait entrer en vigueur des mesures favorisant un boom des colonies.

Une carrière bâtie sur la protection de "l'État juif"

Un bagage idéologique musclé qu'il tient de son père Benzion, ex-assistant de Zeev Jabotinsky, leader de la tendance sioniste dite "révisionniste" et favorable au "Grand Israël". Né à Tel-Aviv le 21 octobre 1949, Benjamin Netanyahu grandit à Jérusalem avant de partir vivre avec sa famille aux États-Unis dans les années 1960. Dans les années 1970, il retourne en Israël pour effectuer son service militaire dans un commando d’élite. En 1976, il est marqué par la mort de son frère aîné, Yoni. Commandant de l'unité chargée de libérer les otages d'un vol Tel-Aviv/Paris en Ouganda, celui-ci est tué pendant l'assaut israélien. 

Benjamin Netanyahu fera par la suite de la "lutte contre le terrorisme", qu'il associe souvent aux Palestiniens ou aux Iraniens, l'un des fils conducteurs de sa carrière. C'est néanmoins dans la diplomatie, qu'il débute, entrant en poste aux États-Unis, pays où il a étudié, puis devient ambassadeur à l'ONU dans les années 1980.

Dans les années 1990, il s’oppose au processus de paix israélo-palestinien et contribue même à l'enterrer. Orateur né, il grimpe successivement les échelons du Likoud, et devient lors des élections de 1996 le fer de lance du parti contre le travailliste Shimon Peres. Ces élections sont les premières qu’il remporte. Il devient à 46 ans le plus jeune Premier ministre à entrer en exercice. Il reste trois ans au pouvoir, fait une pause politique avant de revenir à sa passion, en prenant la tête de son parti, jusqu'à redevenir Premier ministre en 2009 jusqu'en 2021.

Corruption et menaces pour la démocratie

Lorsqu'il est évincé, Benjamin Netanyahu est alors sous le coup d'une procédure judiciaire pour corruption. S'il récuse les accusations, son probable retour au pouvoir avec ses alliés d’extrême droite ne manque pas d’inquiéter ses opposants. Benjamin Netanyahu pourrait devenir à nouveau Premier ministre alors même que son procès est en cours, tandis que ses alliés promettent d’y mettre fin, en empêchant notamment toute poursuite pour fraude et abus de confiance contre un parlementaire.

Dans la lignée des tentatives de la part de Netanyahu d'affaiblir l'institution judiciaire durant ses précédents mandats, les députés Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir souhaitent par ailleurs mettre fin à toute possibilité de censure des lois de la Knesset par la Cour suprême ou permettre la nomination des juges par le pouvoir politique.

"Israël est sur le point d'entamer une révolution de droite, religieuse et autoritaire, dont le but est de détruire l'infrastructure démocratique sur laquelle le pays a été construit", s’alarmait mercredi le grand quotidien de gauche Haaretz, alors que Benjamin Netanyahu semble bien décider à rester au centre du jeu politique israélien. Lui ne raccrochera jamais sa veste de lui-même, affirmait d'ailleurs à l'AFP Aviv Bushinsky, son ancien porte-parole. "Il pense avoir reçu une mission de Dieu pour sauver le pays".


Aurélie LOEK

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