Italie : cinq choses à savoir sur les élections législatives

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Publié le 22 septembre 2022 à 22h14

Source : Sujet TF1 Info

Une alliance des droites apparait comme la favorite des législatives de dimanche en Italie.
Elle pourrait porter au pouvoir Georgia Meloni, cheffe d'une formation ultra-conservatrice.
Culte de Mussolini, pouvoir instable... LCI vous explique ce qu'il faut savoir sur ces élections cruciales pour l'avenir de l'Italie.

L'Italie va-t-elle donner un coup de barre à l'extrême droite ? Tous les sondages prédisent la victoire aux législatives du 25 septembre de Giorgia Meloni. La dirigeante de Fratelli d'Italia (FdI) pourrait ainsi devenir la première cheffe de gouvernement d'un des pays fondateurs de l'UE issue d'un parti post-fasciste. La coalition des droites qui rassemble son parti, la Ligue (anti-immigration) de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi (droite libérale) caracole en effet en tête des intentions de vote. De quoi perturber un échiquier politique à part, au sein duquel l'extrême droite a une longue histoire. 

Giorgia Meloni aux portes du pouvoir

Militante durant sa jeunesse au sein du Mouvement social italien (MSI), - fondé en 1946 par des fidèles de Benito Mussolini -, Georgia Meloni devrait diriger le futur gouvernement en cas de victoire de sa coalition. Cette quadragénaire charismatique défend avec son parti Fratelli d'Italia (FdI) la même politique que la Ligue, le parti anti-immigration de Matteo Salvini. Sa devise ? "Dieu, patrie, famille". Ses priorités ? Fermer les frontières pour protéger l'Italie de "l'islamisation", renégocier les traités européens pour que Rome reprenne le contrôle de son destin, lutter contre les "lobbys LGBT" et "l'hiver démographique" du pays, dont la moyenne d'âge est la plus élevée du monde industrialisé juste derrière le Japon.

Âgée de 19 ans, elle affirme à France 3 que le dictateur Benito Mussolini était "un bon politicien". Si elle doit ménager une frange de sa base qui se réclame de ce passé-là, elle sait aussi que pour gagner, elle doit rassurer l'aile modérée de sa famille politique. "Si j'étais fasciste, je dirais que suis fasciste", s'est-elle défendue dans un récent entretien au magazine britannique The Spectator.

Mussolini, une nostalgie encore présente

Cent ans après sa prise de pouvoir, le culte de Benito Mussolini demeure en Italie. Notamment à Predappio, où il est né et enterré, et où de nombreux nostalgiques se relaient au chevet de sa dépouille. Son tombeau est visité par plus de 70.000 visiteurs par an, et les magasins de souvenirs fascistes sont nombreux dans sa bourgade : bracelets "anti-communistes", des croix gammées ou celtiques, bouteilles de vin à l'effigie du "Duce"… 

Force est de constater que sa popularité a traversé les décennies en Italie : pour 66% des jeunes de 16 à 25 ans, le régime fasciste a été "une dictature à condamner en partie, mais qui a aussi apporté des bénéfices", selon un sondage Ipsos publié en 2021. 

La flamme comme symbole pour Fratelli d'Italia

Né en 2012 des cendres du Mouvement social italien (MSI) fondé par d'anciens fidèles de Mussolini, Fratelli d'Italia a repris son emblème, la flamme tricolore. Un symbole auquel refuse de renoncer Giorgia Meloni même si elle a pris ses distances avec les "nostalgiques du fascisme" pour lesquels "il n'y a pas de place" dans son parti.

Un système instable

Un pouvoir éphémère en Italie ? Pas moins de 67 gouvernements se sont succédé depuis 1946, date de la proclamation de la République italienne. Presque un choix : la classe politique d'après-guerre ne voulait pas que tous les pouvoirs soient réunis entre les mains d'un seul homme, le souvenir du dictateur Benito Mussolini étant alors encore très vif. En résulte un régime où le parlement fait et défait les gouvernements, grâce à un système électoral mêlant scrutins proportionnel et majoritaire, obligeant les partis à se coaliser.

Une autre particularité du système italien : le changement de casquettes des élus. Une personne élue sous les couleurs d'un parti peut en effet changer de parti au parlement et devenir membre d'un groupe parlementaire autre que celui du parti sous les couleurs duquel il a été élu, et ce autant de fois qu'il le juge nécessaire ou utile. "La politique italienne, je ne comprends pas trop. Seulement, ces 20 gouvernements en 20 ans, c'est un peu étrange, mais chacun a sa manière de danser le tango", a récemment commenté le pape François…

Des millions d'abstentionnistes malgré eux

Si la participation aux élections législatives reste élevée, environ 74% au précédent scrutin, un peu moins d'un électeur sur deux affirme ne pas pouvoir voter pour des raisons indépendantes de sa volonté. C'est ce qu'a révélé un "livre blanc" publié en mai par le gouvernement. "L'abstention involontaire" touche d'abord les personnes âgées à mobilité réduite (2,8 millions de personnes), des malades, des personnes vivant avec un grave handicap.

Elle concerne également tous ceux qui se trouvent loin de leur résidence administrative pour motifs d'études, de travail ou de vacances, et qui sont estimés à 4,9 millions, soit 10,5% du corps électoral. Car en Italie, la domiciliation et la résidence sont deux choses distinctes et chacun vote là où il a déclaré sa résidence administrative. Or le temps, la distance et les frais de transport représentent souvent une difficulté insurmontable. Beaucoup de jeunes, en particulier les étudiants, sont dans ce cas.


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