Présidentielle 2022 au Brésil : dates, candidats, modalités du scrutin... On fait le point sur les élections

M.G
Publié le 29 septembre 2022 à 14h43, mis à jour le 2 octobre 2022 à 10h14

Source : JT 20h WE

Les Brésiliens sont convoqués aux urnes ce dimanche 2 octobre.
Comme tous les quatre ans, cinq élections différentes sont au programme.

Un grand moment dans la vie politique brésilienne. Comme tous les quatre ans, les citoyens sont attendus dans les bureaux de vote pour les élections générales. Le premier tour est prévu ce dimanche 2 octobre. S'il est nécessaire, faute de majorité absolue, le second tour se tiendra quelques semaines plus tard, le dimanche 30 octobre. Voici dans ce qu'il faut savoir sur ces échéances électorales.

Qui vote ?

Selon les chiffres officiels du Tribunal supérieur électoral (TSE), 156.454.011 Brésiliens seront "aptes à voter" le 2 octobre prochain. C'est 6% de plus que lors du dernier scrutin, en 2018. À noter que plus de 52% des électeurs sont des femmes. 

Pour rappel, le vote est obligatoire de 18 à 70 ans au Brésil. Toutefois, le montant de l'amende pour refus de vote est dérisoire, voire de l'ordre du symbolique (3,51 réais, soit moins de 70 centimes d'euro).

Pour les 16-17 ans, les personnes de plus de 70 ans et les analphabètes, le scrutin demeure, en revanche, facultatif.

Qui doit être élu ?

Cinq scrutins sont organisés simultanément, lors de ces élections générales. Les députés des États (Assemblées législatives des États fédérés), les députés fédéraux (Chambre des députés fédérale) et les gouverneurs de chacun des 27 États, doivent tous être élus à cette occasion pour un mandat de quatre ans. Un tiers des 81 sièges de sénateurs sont aussi à pourvoir, pour une durée de huit ans. Mais l'élection la plus importante demeure celle du président de la République. 

Quel est le profil des candidats ?

Au total, 27.169 personnes ont vu leurs candidatures validées par le TSE pour ces élections générales. La parité est (très) loin d'être observée. Seulement 33,4% des candidats sont des femmes, un chiffre tout de même en progression par rapport à 2018 (31,7%). En outre, pour la première fois, le nombre de candidats noirs est supérieur à celui des blancs (49,3% contre 41,1%). Quatre ans plus tôt, seuls 44,2% se disaient noirs, selon le système basé sur l'auto-déclaration, indique l'AFP. 

Pour ce qui est de la présidentielle, la Constitution impose que les candidats soient nés au Brésil, aient au moins 35 ans, résident dans le pays et soient membres d’un parti politique. Chacun d'entre eux doit aussi se présenter avec un colistier (vice-président). 

"Onze candidats sont en lice", rapporte Jota, site brésilien spécialisé dans l’actualité institutionnelle. Deux favoris clairs se détachent : l’actuel chef de l’État, Jair Bolsonaro (Parti libéral) et l’ancien président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, dit Lula (Parti des travailleurs). Ils sont respectivement crédités de 31% et 47% des intentions de vote dans le sondage Ipec, publié le 19 septembre et relayé par Estado de São Paulo et Courrier International. Si l'hypothèse de la victoire d'un troisième larron est très faible, certains candidats espèrent tout de même tirer leur épingle du jeu, à commencer par Ciro Gomes (Parti démocratique travailliste) - déjà troisième en 2018 - et Simone Tebet (Mouvement démocratique brésilien). 

Quelles modalités de scrutin ?

Les Brésiliens votent sur des urnes électroniques. Chaque électeur doit taper un code qui correspond à celui du candidat, à deux chiffres pour le président et les gouverneurs, trois pour les sénateurs, quatre pour les députés fédéraux et cinq pour les députés des assemblées de chaque État. Les deux premiers chiffres sont toujours celui du parti. Une fois le choix confirmé, le vote est transmis aux serveurs du Tribunal supérieur électoral, chargé d'assurer la sincérité des élections.

Avec ce système, les résultats sont obtenus rapidement, au bout d'environ deux heures après la fermeture des bureaux, malgré l'immensité du Brésil. Il est toutefois régulièrement critiqué, notamment par l'actuel président Jair Bolsonaro, qui évoque des risques de "fraudes" sans en apporter de preuves. 

Pour ce qui est du mode de vote, le président de la république, les sénateurs et les gouverneurs sont élus via un scrutin uninominal majoritaire à deux tours, précise l'Observatoire politique de l'Amérique latine et des Caraïbes de SciencesPo. Pour les députés d'État et les députés fédéraux, il s'agit, en revanche, d'une proportionnelle à listes ouvertes (les partis présentent des listes sans ordre ni position). 

Quels enjeux ?

Ces élections interviennent à un moment charnière dans l'histoire récente du Brésil. Le plus grand pays d'Amérique du Sud fait face à une double crise. D'abord sur le plan économique, comme une grande partie du reste du monde. Il est confronté à une inflation galopante, avec des taux d'inflation annuels régulièrement à deux chiffres ces derniers mois. Une baisse a toutefois été amorcée en août, où la hausse généralisée des prix est repassée sous la barre des 10 %. 

En outre, la précarité touche une large frange de la population. Selon une récente étude du Réseau brésilien de recherche en souveraineté alimentaire (Rede Penssan), qui regroupe plusieurs ONG spécialisées, 33 millions de Brésiliens (soit 15 % de la population) se trouvent dans une précarité alimentaire "grave". Presque autant (32 millions) sont concernés par une situation d'insécurité alimentaire "modérée". Des chiffres en adéquation avec un rapport de l'Organisation mondiale de la santé, en date de juillet dernier. Ce dernier estime que l'insécurité alimentaire est aujourd'hui une réalité pour 60 millions de Brésiliens, soit une hausse de 63 % en moins d'une décennie. 

Le Brésil doit aussi composer avec une crise politique larvée. En 2016, le vaste scandale de corruption Petrobras a débouché sur la destitution de la présidente Dilma Rousseff. Entre avril 2018 et novembre 2019, Lula a, lui, été détenu après sa condamnation pour corruption. Toutefois, il a récupéré tous ses droits politiques en 2021, quand la Cour suprême a annulé cette sentence et la procédure qui y avait conduit. De son côté, Jair Bolsonaro, élu en 2018 avec la promesse d’une tolérance zéro contre la corruption, se retrouve mêlé à de nombreuses affaires. 


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