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Embouteillage au sommet de l'Everest : que sait-on de ces incroyables images sur le toit du monde ?

Publié le 23 mai 2023 à 18h13, mis à jour le 24 mai 2023 à 12h26

Source : JT 20h WE

D’après une vidéo en ligne, de nombreux alpinistes seraient contraints de faire la queue pour gravir ce sommet de l’Himalaya.
Cette séquence semble authentique tant l’escalade de l'Everest à cette période de l’année est populaire.

Mise à jour du 24/05 : précisions apportées sur l'origine de la vidéo citée. 

Des centaines d’alpinistes prêts à attendre des heures pour accomplir leur rêve. D’après une vidéo relayée sur Twitter, l’ascension de l’Everest connaîtrait une telle popularité qu’elle provoquerait des embouteillages. Cette séquence, publiée par le compte "The 8000m", montre des grimpeurs patienter à la queue leu leu pour gravir le plus haut sommet du monde via le chemin balisé par les guides.

300 millions de dollars par an

"Dans l'Himalaya, la situation reste compliquée sur les pentes du Mont Everest. Les vagues d’alpinistes s’enchaînent sur le sommet, ce qui multiplie les accidents mortels et les disparitions", indique le tweet, vu plus de 2,5 millions de fois en 24 heures. Derrière le compte Twitter ayant publié cette vidéo, se cache Clément Chabert, un passionné de randonnée et d’alpinisme. Contacté par TF1info pour retracer son origine, il indique que cette vidéo lui a été "transmise par le groupe Facebook K2 Climber en fin de week-end", avec lequel il est "en contact régulièrement". Et ajoute ne pas connaitre l'identité de son auteur, qui serait "un alpiniste" s'étant rendu "cette année" dans l'Himalaya. À cette heure, cette séquence n'a pas été relayée par la presse.

Quoi qu’il en soit, plusieurs éléments convergent et pourraient confirmer la véracité de cette scène, figurant ici aussi. D’abord, l’ascension de l’Everest s’effectue bien à cette période de l’année, entre la mi-avril et la fin mai, lorsque la météo est plus clémente. La montée, elle, est possible uniquement grâce à un permis accordé par les autorités népalaises. Et le nombre de ces autorisations a atteint un record cette saison, avec 478 permis délivrés par le département du tourisme. Le précédent record datait de 2019, avec 409 permis octroyés pour la saison, rappelle Channel News Asia. Si le Népal restreint peu le nombre de prétendants à l’ascension de l’Everest, c’est que le gain est considérable : 300 millions de dollars par an, selon une estimation citée par l’université centrale de Floride.  

Des grimpeurs en file indienne

La forte affluence peut amener certains à tout simplement abandonner l'ascension du sommet, comme cet alpiniste américain du Wyoming qui a décidé de rebrousser chemin le 17 mai. "Il y avait une ligne visuelle de personnes tout en haut", a-t-il confié à la presse locale. Cette foule est également documentée par d’autres photos d’alpinistes, partagées les 22 et 23 mai sur Instagram. Un média ukrainien revient par exemple sur l’ascension de l’alpiniste Oleg Ivanchenko, présent au sommet avec une équipe nombreuse. Un autre cliché résume à lui seul le problème de cet important tourisme, avec des grimpeurs en file indienne, en pleine montée vers l'un des camps de base de l’Everest. Il aurait été pris le 3 mai, jour où "plus de 175 alpinistes ont gravi le plus haut sommet". Des grimpeurs probablement confirmés, puisque la saison s’est officiellement ouverte le 13 mai.

L'alpiniste ukrainien Oleg Ivanchenko photographié en pleine ascension, pas vraiment solitaire
L'alpiniste ukrainien Oleg Ivanchenko photographié en pleine ascension, pas vraiment solitaire - 4sport.ua

Ce jour-là, des guides avaient d'ailleurs alerté sur les conditions météorologiques difficiles. Au micro de l’AFP, un sherpa avait prévenu que la montée jusqu'au sommet serait courte cette année. "La fenêtre du sommet ne reste pas ouverte très longtemps, seulement une semaine à 10 jours. Je pense que cela pourrait être un peu difficile parce qu’il y a beaucoup de monde", avait-il alors souligné. Anticipant l’affluence, le Programme des Nations Unies pour l’environnement a récemment prévenu du fléau de la pollution plastique, engendré par l'afflux d'amateurs de sensations fortes sur les plus hauts sommets du monde. Selon l’organisme, "chaque alpiniste visitant le parc national népalais de Sagarmatha, où se trouve l'Everest, génère environ 8 kg de déchets, dont la plupart sont laissés sur la montagne".  

D'autant que les embouteillages sur le toit du monde surviennent régulièrement. En 2019, l'alpiniste népalo-britannique Nirmal Purja avait publié un cliché montrant une impressionnante queue pour atteindre le sommet de l'Everest. Une attente, à plus de 8000 mètres d'altitude, qui multiplie les risques de décès : plus de dix alpinistes avaient trouvé la mort cette année-là en une semaine au Népal, quatre d’entre elles étant attribuées à la forte affluence observée en altitude.

Qu’en est-il aujourd’hui ? 11 grimpeurs, confirmés ou non, sont morts depuis le mois d’avril en tentant d’escalader l’Everest, selon le South China Morning Post. Parmi eux, figurent un guide népalais, un ingénieur australien ou encore un alpiniste américain. Les facteurs de risques pendant l’ascension du toit du monde et ses 8848 mètres d’altitudes sont nombreux. Parmi eux, l’inexpérience de certains grimpeurs étrangers ou l’influence du changement climatique qui fait fondre les glaciers de l’Himalaya deux fois plus vite qu’au siècle dernier et modifie sa physionomie rendent l'ascension toujours plus dangereuse.

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Caroline QUEVRAIN

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