Le nouveau président brésilien a été intronisé ce dimanche 1er janvier lors d'un discours au Congrès.Sur l'esplanade des ministères de la capitale, des milliers de partisans vêtus de rouge l'ont acclamé à son passage vers le parlement.Ils l'ont ensuite salué lors de son arrivée au palais présidentiel.
"Olé, olé, olà, Lula, Lula" : dans une ambiance de carnaval, des milliers de partisans de Lula ont déferlé dimanche sur Brasilia pour célébrer sur l'esplanade des ministères de la capitale brésilienne l'investiture du nouveau président de gauche. Vêtus de rouge pour la plupart, la couleur du Parti des Travailleurs (PT), ils l'ont salué dans la liesse alors qu'il se rendait au Congrès dans la traditionnelle Rolls-Royce décapotable, ont suivi son discours sur grand écran, avant de le voir monter les marches du palais présidentiel du Planalto pour recevoir la fameuse écharpe présidentielle.
À 77 ans, Luiz Inacio Lula da Silva a pris la suite du président d'extrême droite Jair Bolsonaro et a été investi pour un troisième mandat à la tête du grand pays émergent de 215 millions d'habitants, douze ans après avoir quitté le pouvoir à l'issue de deux mandats (2003-2010). Jusqu'à 300.000 personnes étaient attendues pour cette journée, avec des cérémonies réglées au millimètre auxquelles assistent 17 chefs d'État, et une fête populaire avec des concerts.
"Un moment historique"
Des milliers de Brésiliens ont dû patienter dans des files d'attente de centaines de mètres en raison des contrôles dans le cadre d'un très strict dispositif de sécurité. Les pompiers sont venus rafraîchir la foule amassée sous le soleil de plomb de ce début d'été austral. Dans une ambiance bon enfant, elle scandait "Lula, guerrier du peuple brésilien !" ou encore "l'Esplanade est à nous !".
Tout au long du parvis, des groupes folkloriques de toutes les régions du Brésil ont donné le tempo de la fête. "Faites sonner les maracas (instruments de percussion, ndlr), avec Lula président, la vie va s'améliorer", a chanté un groupe d'indigènes en pleine danse traditionnelle, le corps recouvert de peintures tribales. "Je suis venu à l'investiture de Lula parce que je n'aime pas Bolsonaro. Contrairement à lui, Lula respecte les indigènes, les premiers habitants du Brésil", a déclaré à l'AFP le cacique Bepkriti Teseia, 42 ans, originaire du Para, dans le nord du pays, une grande coiffe de plumes jaunes sur la tête.
"C'est un moment historique et cela aurait été impossible que je ne sois pas là", s'est aussi réjoui auprès de l'AFP Zenia Maria Soares Pinto. L'"émotion est sans bornes" pour cette enseignante retraitée qui a fait 30 heures d'autocar depuis son État méridional de Santa Catarina pour rallier Brasilia. "C'est un moment historique, espérons que cela marquera un tournant. On sort d'un mandat horrible et on retrouve le meilleur président que le Brésil n'ait jamais eu", a abondé Joliel Silva, 37 ans, un jeune homme noir qui porte un drapeau LGBT. "J'espère que ce sera une grande fête, pour qu'on soit heureux à nouveau", a lancé quant à elle Sofia de Souza Martins, 15 ans, arrivée en autocar de Sao Paulo.
"Reconstruire le pays avec le peuple brésilien"
Cette marée humaine s'est empressée derrière les barrières de sécurité pour voir passer Lula pour se rendre au Congrès à bord d'une Rolls-Royce décapotable affublée d'une plaque jaune et verte, portant l'inscription "Presidente da Republica". Aux côtés de son vice-président de droite Geraldo Alckmin et leurs épouses, le nouveau président brésilien a agité la main face à une forêt de bras brandissant des téléphones pour le filmer.
Son intronisation au parlement a ensuite été suivie en direct par les milliers de manifestants depuis des écrans géants installés sur l'esplanade. Il y a tenu un discours au ton ferme au cours duquel il s'est engagé "à reconstruire le pays avec le peuple brésilien", après le bilan "désastreux" de son prédécesseur. L'icône de la gauche a notamment assuré que son pays, grande puissance agricole, n'avait "pas besoin de déboiser" pour soutenir son agriculture, avant d'être ovationné à la fin de son allocution par une partie du Congrès.
Le nouveau chef de l'État a ensuite monté la rampe du palais de Planalto, accompagné d'un groupe de citoyens brésiliens, entre autres le leader indigène brésilien et écologiste Raoni Metuktire, défenseur emblématique de l'Amazonie connu sous le nom de chef Raoni. Dans l'un des moments les plus attendus de la cérémonie, Aline Sousa, une employée noire de 33 ans, a ceint Lula de l'écharpe présidentielle, un ruban de soie vert et jaune serti d'or et de diamants, devant un parterre de dizaines de milliers de partisans réunis sur la place des Trois Pouvoirs. En larmes, le nouveau président a embrassé chaque membre du groupe, avant de poser pour les photographes et de saluer la foule.
C'est la première fois depuis 1985 et la fin du régime militaire qu'un président sortant ne remet pas l'écharpe présidentielle à son successeur. Ces cérémonies d'investiture, dont la sécurité a été renforcée alors que des militants d'extrême droite ne reconnaissent toujours pas la victoire de Lula, ont été snobées par Jair Bolsonaro, qui a quitté le Brésil pour les États-Unis deux jours avant la fin de son mandat. Toutes les forces de police du district de Brasilia, quelque 8000 agents, sont mobilisées, ainsi qu'un millier de policiers fédéraux.
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