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Le conflit entre la Russie et l'Ukraine a-t-il un effet sur le prix du gaz en France ?

Publié le 10 février 2022 à 18h38
Photo d'illustration
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La crise qui oppose la Russie à l'Ukraine fait redouter une trop grande dépendance de l'Europe à son gaz.
Des difficultés d'approvisionnement seraient-elles, dans le contexte actuel, susceptibles de
faire flamber les prix ?

La crise ukrainienne, opposant la Russie à l’Europe, va-t-elle se traduire concrètement en France dans le prix du gaz ? Alors que l’Allemagne, qui s’approvisionne principalement à Moscou, s’inquiète pour ses stocks de gaz naturel, la France pourrait-elle être concernée ? Faut-il craindre des conséquences de ces tensions géopolitiques aux frontières de l'Europe ? 

La flambée des prix de l’énergie est d’abord liée à un hiver rude et à sa conséquence logique : une demande particulièrement élevée notamment en gaz pour se chauffer. Mais le conflit ukrainien alimente aussi cette montée des prix.

Pourquoi ? Parce que la France est dépendante de la Russie dans l’approvisionnement en gaz. C’est 16,8% du gaz naturel consommé en France, d’après Gazprom Energy. Même si la Norvège reste le principal fournisseur, avec 40% des approvisionnements. 

Le gaz russe se fait rare

Jusqu’ici la Russie, à travers Gazprom, honorait ses engagements. Mais depuis plusieurs semaines, "les Russes ont réduit leur approvisionnement sur le marché spot de 25% [le marché de court-terme, apparu au début des années 2000 avec l’ouverture du marché à la concurrence]", selon Philippe Chalmin, spécialiste dans les matières premières.  

Le but : faire pression sur l’Europe dans le dossier ukrainien. Moins de gaz russe sur un marché déjà sous tension, c'est l’assurance de faire monter les prix. La Norvège, notre principal fournisseur, n'étant pas en capacité de compenser la baisse de l’offre russe. 

Si l’on ajoute à cela, le fait que l’Europe ait abordé l’hiver avec des stocks de gaz très faibles n’arrange rien à la situation actuelle. "Les gaziers, les entreprises distributives de gaz naturel, n’ont pas renouvelé leurs stocks de gaz avant l’hiver parce qu’ils s’attendaient à ce que les prix soient bas", explique l’économiste Philippe Chalmin. Bref, la France et les États européens ne sont pas en mesure de puiser dans leurs réserves stratégiques.

Par ailleurs, la mise en service retardée du nouveau gazoduc russe allant jusqu’en Allemagne, Nord Stream 2 complique le sujet. Prévu en janvier, celui-ci ne devrait pas fonctionner avant l’été en raison de blocage dans la réglementation allemande. Ce qui provoque des tensions supplémentaires sur les stocks actuels de gaz. L'Allemagne, par exemple, a alerté ce mercredi 9 février sur le niveau "inquiétant" de ses réserves. 

Utilisant "l’approvisionnement en gaz comme levier politique", d’après les mots d’Ursula von der Leyen à la conférence Europe 2022, Vladimir Poutine pourrait-il fermer le robinet s’il ne réussit pas à obtenir ce qu’il veut dans la crise avec l’Ukraine ? C’est peu envisageable selon Philippe Chalmin, à moins que la Russie n’envahisse l’Ukraine et que les Européens ne soient contraints de réagir : dans ce cas, "tous les canaux en alimentation en gaz seraient coupés". Or, d’après le spécialiste, Moscou a tout intérêt à continuer à faire commerce avec les Européens : "La Russie est un émirat pétrolier (sic) mais dépend quand même des recettes à l’exportation sur le pétrole et le gaz. Les pertes au niveau européen seraient importantes." 


Caroline QUEVRAIN

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