Enquête russe : tout comprendre à l'affaire qui inquiète Donald Trump

Publié le 2 décembre 2017 à 19h38, mis à jour le 2 décembre 2017 à 19h55
Enquête russe : tout comprendre à l'affaire qui inquiète Donald Trump

RÉCAP – Au lendemain de l’inculpation de Michael Flynn, qui a accepté de collaborer avec le procureur spécial Mueller, l’étau semble se resserrer autour du locataire de la Maison Blanche et de ses proches dans l’affaire russe. LCI fait le point sur l’enquête et ses dernières évolutions.

L’effet d’une bombe. L'enquête sur la possible ingérence de la Russie dans l’élection présidentielle américaine et sur les éventuels liens entretenus par les équipes de Donald Trump avec Moscou a connu vendredi 1er décembre un rebondissement spectaculaire avec la promesse du général Michael Flynn, le très éphémère conseiller à la Sécurité nationale du 45e président des Etats-Unis, de coopérer pleinement avec le procureur spécial Robert Mueller, chargé de l’affaire depuis le mois de mai. 

Mais quelles informations s'est-il engagé à livrer aux enquêteurs ? Jusqu'où ira-t-il pour échapper à la prison ? Mettra-t-il directement en cause des proches de Donald Trump, voire le président lui-même ? Difficile à dire pour l’instant. Car si le flou est entretenu, les dernières révélations n'ont pas conforté la thèse d'une concertation entre les Russes et l'entourage de Donald Trump pour truquer le scrutin. LCI fait le point, de la genèse de l’enquête à ses plus récentes évolutions. 

Le point de départ

Tout commence début octobre 2016 lorsque, un mois avant l’élection du 8 novembre, les agences du renseignement accusent la Russie d'avoir piraté et diffusé des emails de proches conseillers de la démocrate Hillary Clinton dans le but de la discréditer et de déstabiliser le processus électoral. Suffisant pour que Barack Obama annonce le 29 décembre des sanctions contre Moscou et l'expulsion du territoire américain de 35 agents russes. Une semaine plus tard, le 6 janvier, un rapport affirme que le président russe Vladimir Poutine se trouvait derrière cette interférence présumée.

Enquêtes tous azimuts

Le ministère de la Justice, le FBI et les agences de renseignement lancent des enquêtes. Parallèlement, deux commissions du Sénat et une de la Chambre des représentants entament des investigations. Le 9 mai, excédé par la tournure des investigations de la police fédérale, Donald Trump limoge le directeur du FBI, James Comey. Le tollé, alimenté par les révélations de l'ex-premier flic des Etats-Unis sur les pressions de la Maison Blanche réclamant l'abandon de poursuites contre Michael Flynn (un élément qui pourrait constituer une entrave à la justice), force le ministère de la Justice à nommer un procureur spécial qui a les coudées plus franches. Le choix se porte sur Robert Mueller, qui a précédé James Comey à la tête du FBI, et dont la réputation d’intégrité absolue rassure.

Quatre inculpations

À peine six mois après, le 30 octobre dernier, le procureur Mueller frappe son premier grand coup avec trois inculpations majeures. L'ex-directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, et son associé Richard Gates font l'objet de 12 chefs d'accusation. Parmi ceux-ci : complot contre les Etats-Unis, blanchiment, fausses déclarations et non déclarations de comptes détenus à l'étranger. Un troisième homme, George Papadopoulos, moins visible pendant la campagne, a plaidé coupable pour avoir menti aux enquêteurs du FBI. Chargé des questions de politique étrangère au sein de l'équipe, il a, par ses fausses déclarations, "entravé l'enquête [...] sur l'existence de liens ou de coordination éventuels entre des personnes associées à la campagne et le gouvernement russe", selon l'acte le visant.

Un mois plus tard, le 1er décembre, Michael Flynn devient la quatrième personne inculpée dans l’affaire. Il plaide coupable de  ses fausses déclarations devant le FBI, peu de temps après l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, au sujet de ses conversations avec l'ambassadeur de Russie, Sergueï Kisliak, reconnaissant avoir agi sur instructions d'un "très haut responsable" de l'équipe de transition du milliardaire. Deux autres hommes sont soupçonnés d'avoir rencontré le diplomate pendant cette période : le ministre de la Justice Jeff Sessions, qui s'est finalement récusé de l'enquête, et Jared Kushner, gendre de Donald Trump, qui pourrait être le donneur d'ordre de Flynn. L'enquête reproche enfin à ce dernier d'avoir voulu dissimuler ses tentatives pour influencer un vote du Conseil de sécurité des Nations unies sur la colonisation menée par Israël, dans le but d'affaiblir l'action de Barack Obama, vers la fin du mandat de ce dernier.

La suite ?

L'enquête avance mais semble encore loin d'être arrivée à son terme. Et pour cause : si des liens ou des relations ont indubitablement existé entre des membres de la campagne du républicain et le pays des Tsars, une collusion directe destinée à influencer la présidentielle est, pour l'heure, loin d'être prouvée. "Rien dans le plaider coupable ou les chefs d'inculpation n'implique d'autres personnes que M. Flynn", soulignait ainsi Ty Cobb, l'avocat présidentiel tentant de minimiser la portée des derniers rebondissements. Cette stratégie pourrait toutefois illustrer l'inquiétude montante au sein de l'exécutif, les investigations ayant désormais franchi le cercle rapproché du président, comme le pointaient plusieurs élus démocrates. "Quand son propre conseiller à la sécurité nationale est trouvé coupable d'avoir menti au FBI sur ses contacts avec les Russes, on peut s'attendre à de nouveaux développements", a par exemple commenté Mark Warner, membre de la commission du Renseignement. 

Comme à son habitude, Donald Trump continue, lui, de réfuter les accusations à son encontre et de nier toute action illégale. Affirmant sur Twitter, la veille de l'inculpation de Michael Flynn, qu'il n'y avait "AUCUNE COLLUSION" (sic) entre ses équipes et la Russie, le milliardaire répète à l'envi que les soupçons sont des "fake news". Une défense qui avait été jugée "peu convaincante" mi-octobre par des chercheurs de la prestigieuse Brookings Institution qui, tout en insistant sur le fait qu’il n’y ait à ce stade pas de lien prouvé "entre l'ingérence russe et les multiples contacts que les proches de Donald Trump ont eu avec des responsables russes et des individus étroitement liés au gouvernement russe", appelaient à "se préparer" à des turbulences à venir. Déjà brandie à de nombreuses reprises, une éventuelle destitution du président - la fameuse procédure d'"impeachment" - pourrait, à terme, à nouveau se retrouver sur la table.


La rédaction de TF1info

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