Érable de Sycamore Gap : nouvelle arrestation après le tronçonnage de l'arbre mythique au Royaume-Uni

par M.L (avec AFP)
Publié le 30 septembre 2023 à 15h34

Source : TF1 Info

La police britannique enquête sur l'abattage en pleine nuit d'un arbre iconique du pays, celui de Sycamore Gap dans le nord de l'Angleterre.
Elle a annoncé vendredi soir avoir arrêté un sexagénaire dans le cadre de ses investigations, après avoir libéré un peu plus tôt un adolescent de 16 ans, soupçonné de "dégradations".
Les forces de l'ordre ont appelé les habitants à leur communiquer toute information utile pour accélérer l'enquête.

Un bandeau déployé par la police pour interdire l'accès au site, des experts munis de gants et de masques, penchés sur... une souche et un arbre découpé, étendu sur le sol. Au Royaume-Uni, les forces de l'ordre passent au crible une scène de crime insolite: l'abattage de l'un des arbres les plus célèbres du pays, mondialement connu, pour avoir été élu "arbre anglais de l'année" lors d'un concours organisé par le Woodland Trust en 2016 et apparaissant dans le film Robin des Bois : le prince des voleurs (1991).

Et deux jours après la sombre découverte, les investigations progressent : un homme d'une soixantaine d'années a été arrêté vendredi soir dans le cadre de l'enquête, a annoncé la police locale, qui avait libéré plus tôt dans la journée un adolescent de 16 ans. 

Cet arbre de Sycamore Gap, isolé entre deux collines dans un paysage spectaculaire du nord de l'Angleterre, était "tombé dans la nuit" de mercredi à jeudi, "délibérément abattu" selon l'Autorité du parc national du Northumberland, une annonce qui avait déclenché une vague de tristesse et de colère dans le pays. Prenant l'affaire "au sérieux", la police de Northumbrie enquête sur cet "acte de vandalisme délibéré". Elle a indiqué vendredi dans la soirée avoir arrêté un "homme sexagénaire en relation avec l'incident" et l'avoir placé en garde à vue, selon la presse britannique. Un adolescent de 16 ans, arrêté jeudi et soupçonné de "dégradations", avait lui été remis en liberté vendredi matin "en attendant la suite des investigations".

"L'enquête n'en est qu'à ses débuts"

"J'espère que cette deuxième arrestation démontre que nous prenons la situation au sérieux, et notre engagement à trouver les responsables et à les mener devant la justice", a réagi Rebecca Fenney-Menzies, une responsable de la police de Northumbrie, citée dans un communiqué. "Bien qu'une autre arrestation ait eu lieu, l'enquête n'en est qu'à ses débuts, et nous continuons à encourager toute personne disposant d'informations susceptibles de nous aider à nous contacter", a-t-elle également déclaré. 

Cet érable deux fois centenaire, l'un des plus photographiés du pays, se dressait tout près du mur d'Hadrien, érigé à l'époque romaine pour empêcher l'invasion des barbares, un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco.Jeudi matin, des promeneurs avaient découvert l'arbre coupé net au niveau de la souche, apparemment avec une tronçonneuse.

La popularité de l'érable est telle que les habitants se mobilisent, en attendant les premiers éléments des enquêteurs. Pour accélérer les recherches, un pub et plusieurs entreprises locales ont même mis en jeu une somme pouvant aller jusqu'à 2000 livres sterling (2300 euros environ), pour toute personne qui fournira à la police des informations permettant de retrouver le responsable de l'abattage, selon la chaîne SkyNews. "Quelqu'un doit sûrement savoir quelque chose, ou avoir vu quelque chose", a martelé auprès du média Steve Blair, le patron de l'auberge Twice Brewed qui participe à l'initiative, se disant par ailleurs inquiet des répercussions de la destruction de l'arbre sur le "tourisme local"

Halte aux "spéculations"

Les rumeurs vont aussi bon train dans la région. Selon plusieurs habitants, le coupable pourrait être un résident du coin qui avait une rancœur contre le parc forestier. "J'ai entendu dire qu'il s'agissait d'un métayer expulsé de ses terres, il a menacé de couper l'arbre", a affirmé l'un d'entre eux au Telegraph. Toujours d'après le journal britannique, un employé du National Trust, qui gère de nombreux sites du patrimoine au Royaume-Uni, est également mis en cause dans certains ouï-dire. L'homme, licencié dans la matinée, aurait volé une tronçonneuse et du matériel d'abattage pour se venger. Des allégations rapidement démenties par l'association. Dans le communiqué de la police, Rebecca Fenney-Menzies appelle d'ailleurs les habitants à respecter le cours de l'enquête et éviter "toute spéculation", notamment sur les réseaux sociaux.

Quant au sort de l'arbre lui-même, il reste une mince lueur d'espoir : l'un des responsables du National Trust, Andrew Poad, a assuré sur la BBC que la souche était "en bonne santé" et qu'il pourrait être possible de faire repousser de nouvelles pousses à partir de la base du tronc. Mais il faudra pour cela prendre son mal en patience. Il faudrait attendre "quelques années pour qu'il devienne ne serait-ce qu'un petit arbre, et environ 150 à 200 ans avant qu'il ne se rapproche de ce que nous avons perdu", a averti Mark Feather, responsable du domaine au sein de l'organisation Woodland Trust, dédiée à la protection du patrimoine forestier du pays. "Une fois qu'un arbre de cet âge a disparu, la triste vérité est qu'il est impossible de le remplacer dans un délai visible", a-t-il prévenu. "Il faut des siècles."


M.L (avec AFP)

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