Erdogan invite Macron à "se faire soigner", l'Élysée dénonce des "propos inacceptables"

I.N avec AFP
Publié le 24 octobre 2020 à 22h24, mis à jour le 25 octobre 2020 à 7h27

Source : TF1 Info

DÉCLARATIONS - Le président turc s'en est pris à son homologue français ce samedi, l'invitant à réaliser "des examens de santé mentale". De son côté, l'Élysée condamne des "propos inacceptables", et "exige d'Erdogan qu'il change le cours de sa politique", jugée "dangereuse".

Les tensions entre la France et la Turquie montent d'un cran. Au cours d'un discours télévisé, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'en est pris avec virulence à son homologue français à propos de son attitude envers les musulmans de France. "Tout ce que l'on peut dire d'un chef d'État qui traite des millions de membres de communautés religieuses différentes de cette manière, c'est : allez d'abord faire des examens de santé mentale", a-t-il déclaré, alors que le chef de l'Etat a attaqué avec virulence la mouvance islamiste après l'assassinat terroriste d'un enseignant. "Macron a besoin de se faire soigner."

Le président turc a ensuite poursuivi ses joutes verbales envers le chef de l'État français. "Quel problème a l'individu nommé Macron avec l'islam et avec les musulmans ?" a demandé Erdogan, avant que prédire la défaite de Macron lors de la prochaine élection présidentielle, "parce qu'il n'a rien accompli pour la France". "Vous passez votre temps à vous en prendre à Erdogan, ça ne vous rapportera rien", a-t-il encore affirmé.

La France "note l'absence de condoléances après l'assassinat de Samuel Paty"

La présidence française a aussitôt réagi à ces provocations. "Les propos du président Erdogan sont inacceptables", a commenté l'Élysée auprès de l'AFP. "L'outrance et la grossièreté ne sont pas une méthode. Nous exigeons d'Erdogan qu'il change le cours de sa politique car elle est dangereuse à tous points de vue. Nous n'entrons pas dans des polémiques inutiles et n'acceptons pas les insultes."

En ce sens, l'Élysée annonce le rappel pour consultation de l'ambassadeur de France à Ankara. En outre, la présidence française "note l'absence de messages de condoléances et de soutien du président turc après l'assassinant de Samuel Paty" et regrette les "déclarations très offensives de ces derniers jours" du président turc, "notamment sur l'appel au boycott des produits français".

Les tensions entre les deux pays ont repris de plus belle, alors que doit être présenté début décembre un projet de loi contre "les séparatismes" en France, qui vise l'islam radical. Si son objectif reste de renforcer la laïcité et de consolider les principes républicains dans l'Hexagone, il comporte plusieurs points susceptibles de provoquer des tensions avec la Turquie, comme le contrôle renforcé des financements des mosquées ou l'interdiction de la formation des imams à l'étranger.

Entre Macron et Erdogan, des contentieux déjà nombreux

Ce contentieux vient s'ajouter à la longue liste de désaccords qui opposent Macron et Erdogan. En septembre dernier, dans le cadre du conflit entre la Turquie et la Grèce en Méditerranée orientale, le président français avait décrit les comportements de son homologue turc comme "inadmissibles", assurant que la Turquie "n'est plus un partenaire dans cette région". Ce à quoi Recep Tayyip Erdogan, qui défendait son bon droit à la recherche d'hydrocarbures dans cette région, avait sèchement répondu : "Ne cherchez pas querelle au peuple turc, ne cherchez pas querelle à la Turquie"

Un mois plus tôt, le président turc s'en était déjà pris au chef de l'État français, à propos de ses visites au Liban. "Ce que Macron et compagnie veulent, c'est rétablir l'ordre colonial", avait-il dénoncé, qualifiant la visite du président français sur le port de Beyrouth après l'explosion de "spectacle."

Il y a un an, en novembre 2019, Erdogan avait également jugé Macron en "état de mort cérébrale", en écho aux propos du président français, qui avait lui-même jugé l'Otan dans cet état. "Fais d'abord examiner ta propre mort cérébrale", avait lancé le président turc. Des propos déjà qualifiés d'"inacceptables" par le ministère des Affaires étrangères, qui assurait que de telles déclarations n'avaient "pas leur place dans la relation franco-turque et ne peuvent se substituer au dialogue nécessaire entre les deux pays". Un an plus tard, la réponse semble, cette fois, moins diplomatique.


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