"Sommet démographique" à Budapest : le rendez-vous biannuel des ultra-conservateurs

Publié le 24 septembre 2021 à 16h26, mis à jour le 24 septembre 2021 à 23h28

Source : JT 20h WE

RENDEZ-VOUS - Depuis 2015, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, organise à Budapest un "Sommet démographique". Les dirigeants populistes européens, ou ceux qui aspirent à le devenir, se succèdent et se côtoient dans ce raout des droites identitaires, où Eric Zemmour fait office cette année de vedette.

C'est la quatrième édition du "sommet de la Démographie" à Budapest, organisé tous les deux ans par le Premier ministre hongrois Viktor Orban, depuis 2015. Derrière cet intitulé générique se cache en réalité une référence à la théorie d'extrême-droite du "grand remplacement", à laquelle adhèrent la plupart de ses participants. Nulle surprise donc, d'y retrouver cette année le possible candidat à la présidentielle française Eric Zemmour, au milieu de figures des droites identitaires et/ou populistes, venues de toute l'Europe et même des États-Unis. 

La préoccupation démographique est fondée, en Hongrie comme dans plusieurs autres pays de l'Europe centrale et de l'Est. Les bouleversements post-soviétiques, ainsi qu'une forte émigration vers l'ouest, privent leurs économies de main-d'œuvre locale, et la baisse de la natalité est bien réelle. L'analyse qu'en font les dirigeants présents autour de Viktor Orban est cependant le prétexte à une idéologie bien connue : la dénatalité serait une sorte de pré-condition avant une immigration massive, venue du monde arabo-musulman. 

Immigration et "choc culturel"

Viktor Orban cite à longueur de discours comme (mauvais) exemples, les pays d'Europe de l'Ouest... "Certains, en Occident, croient que l’immigration va stopper le déclin démographique", a-t-il lancé lors du discours d'ouverture, jeudi 23 septembre, "mais ils ne prennent pas en compte le choc culturel". "Un pays n’est viable que si ses citoyens partagent les mêmes valeurs", a martelé le Premier ministre hongrois, prévenant : "Sinon, l’Europe va s’effondrer"

Sans que jamais le terme de "grand remplacement" ne soit cité par les intervenants, il est dans toutes les têtes, a fortiori quand certains de ses tenants français, comme Eric Zemmour ou Marion Maréchal, tiennent lieu d'invités d'honneur.

La page de présentation du site officiel du "Sommet de la Démographie", placé cette année sous le signe de la "durabilité" se félicite des progrès enregistrés en Hongrie, depuis l'accession au pouvoir de Viktor Orban, en 2010. "La Hongrie a déjà montré des signes de réussite", claironne le texte, "puisque le taux de fécondité et le nombre de mariages y ont le plus augmenté en Europe, tandis que le nombre de divorces et d'avortements diminuent". L'ex-vice-président américain Mike Pence est en effet venu exalter les bienfaits de la lutte contre l'avortement : "Légaliser l’avortement a contribué au déclin démographique", a-t-il lancé à la tribune.

Selon les organisateurs, la Hongrie serait même devenue un "exemple", que de nombreux autres pays viennent consulter. En réalité, l'heure serait plutôt à la désillusion. Le raout biannuel de Budapest ne réunit plus que des seconds couteaux ou des aspirants : Trump, Salvini ou Netanyahou, proches ou alliés occasionnels d'Orban, ont tous trois quitté le pouvoir, tandis que les amis britanniques ont été éloignés par le Brexit. L'ancien Premier ministre israélien, d'abord annoncé, s'est d'ailleurs désisté au dernier moment. 

L'épouvantail des vagues migratoires générées par le conflit syrien, qui traversaient l'Europe d'est en ouest, semble aussi avoir fait long feu. Viktor Orban lui-même, pour la première fois depuis 2010, se dirige vers des élections qu'il n'est pas certain de gagner : l'opposition s'est enfin unie, et pourrait réussir à revenir au pouvoir en mai prochain.


La rédaction de TF1info

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