Espagne : des gardes du corps pour protéger les femmes victimes de violences

Publié le 12 mai 2017 à 23h44, mis à jour le 13 mai 2017 à 0h06
Espagne : des gardes du corps pour protéger les femmes victimes de violences
Source : SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

PROTECTION - Les violences faites aux femmes sont devenues un véritable fléau en Espagne. Depuis quelques mois, des initiatives locales, comme l'association Edemm, voient le jour.

L’Espagne a beau disposer depuis 2004 d’une loi pionnière sur le sujet, elle ne parvient pas à endiguer ce fléau. Des solutions techniques, comme les bracelets électroniques, ont beau avoir été introduites en 2009 et ce pour placer les conjoints violents sous surveillance, rien à faire. 

Depuis le début de l’année, vingt-cinq femmes sont mortes à la suite de violences conjugales. Selon les chiffres du ministère de la Santé, 13% des Espagnoles ont déjà été victimes de violences commises par leur conjoint. 

L'accompagnement de femmes maltraitées par des femmes gardes du corps

Des initiatives locales, afin d'éveiller les consciences, ont de plus en plus fréquemment lieu comme en mars dernier lorsque des chaussures rouges gisaient sur la Puerta del Sol, au centre de Madrid, entourées de pancartes sur lesquelles étaient inscrits les noms de plusieurs femmes mortes à la suite de violences conjugales. Ou encore cette association Ve-La-Luz, fondée par des victimes, ayant entamé dans un silence médiatique assourdissant une grève de la faim pour alerter l'opinion publique.

Certaines initiatives osent aller plus loin que la manifestation et la protestation. Ouest France a dernièrement recueilli les propos de Carolina Martinez, une ancienne officière de police qui connait trop bien cette spirale infernale. Elle a vu des dizaines et des dizaines de femmes maltraitées se démolir, craindre les représailles de leur agresseur, sans protection efficace de l’État. 

"Beaucoup sont victimes de harcèlement dès qu’elles portent plainte, explique-t-elle dans le quotidien. La plupart ne peuvent pas bénéficier d’ordonnances de protection et n’osent plus sortir de chez elles. À raison, car c’est souvent après les dénonciations que se produisent les assassinats." 

C'est en réaction à ce constat qu'elle a créé l’association Edemm, qui propose aux femmes maltraitées un accompagnement par des femmes gardes du corps bénévoles. Une quinzaine sont actuellement actives au Pays basque, aidant ainsi une dizaine de victimes.

De la nécessité de développer cette structure à l'étranger

La structure, fondée il y a un an, qui propose à la fois une protection physique et un véritable soutien psychologique à ces femmes en profonde détresse, développe pour l'instant son programme pilote au Pays basque. Carolina Martinez qui sait hélas trop bien à quel point ce fléau est mondial, ne désespère pas d’étendre ladite structure à tout le territoire.

En France, chaque année, 216.000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur ancien ou actuel partenaire intime (mari, concubin, pacsé, petit-ami…). Une estimation minimale selon le site internet du gouvernement sur les violences faites aux femmes puisque toutes les victimes ne portent pas plainte.

En Espagne, 80% des femmes mortes des suites de violences conjugales n’avaient jamais déposé de plainte.


La rédaction de TF1info

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