Espagne : le gouvernement alerte sur les féminicides après une "semaine noire"

M.L. (avec A.F.P.)
Publié le 25 mai 2021 à 9h12
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, le 8 mai 2021 à Porto.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, le 8 mai 2021 à Porto. - Source : Francisco Seco / POOL / AFP

VIOLENCES – Depuis le début de l’année, au moins 14 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en Espagne. Le Premier ministre a dénoncé lundi "un fléau machiste".

"Une réalité insupportable." Le gouvernement espagnol s’est alarmé lundi d’une recrudescence des meurtres de femmes par leur conjoint ou ancien conjoint. "L'Espagne est en proie à un fléau machiste qui fait que des hommes tuent des femmes car elles sont des femmes et tuent leurs enfants parce qu'elles sont leurs mères", a déclaré le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez lors d’une visite à Tolède.

Depuis le début de l’année, 14 féminicides ont été dénombrés à travers le pays, qui a commencé à les comptabiliser officiellement en 2003. En 18 ans, au moins 1.092 femmes ont été tuées par leur partenaire, a rappelé le chef du gouvernement. Il lance "un appel à toute la société, aux institutions et à l'ensemble des partis politiques pour que ne soit pas banalisée la violence de genre".

Nous ne pouvons pas détourner le regard tant que ces assassinats se produiront chaque jour. Nous ne devons pas nous sentir étranger à la douleur ou à la peur ressenties par des milliers de femmes juste parce qu'elles sont femmes dans notre pays.
Pedro Sánchez

L’Espagne vient de connaître une "semaine noire", selon l’expression de la numéro 2 du gouvernement Carmen Calvo, au cours de laquelle cinq femmes ont été tuées dans de telles circonstances. Pour la présidente de l'Observatoire contre la violence domestique et de genre, Ángeles Carmona, ces meurtres pourraient être liés au "retour à la normalité" qui suit la levée de l’état d’urgence sanitaire dans la nuit du 8 au 9 mai.

Ce phénomène "peut augmenter la peur de l'agresseur de perdre le contrôle sur ses victimes", a-t-elle déclaré dimanche soir à la télévision nationale. "Le moment de prise de décision, de séparation, de divorce" constitue "un danger majeur", a abondé sur la même chaîne l’avocate Altamira Gonzalo, de l'association féministe Themis.

L’Espagne est régulièrement citée comme un exemple à suivre en matière de lutte contre les violences conjugales. La protection des femmes a été qualifiée de priorité nationale dès 1997 et, sept ans plus tard, le parlement a adopté la première loi d’Europe classant le genre de la victime au titre de circonstance aggravante pour les agressions. 


M.L. (avec A.F.P.)

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