Espagne : Mariano Rajoy poussé vers la sortie, quel avenir pour le gouvernement ?

Publié le 31 mai 2018 à 22h48
Espagne : Mariano Rajoy poussé vers la sortie, quel avenir pour le gouvernement ?

Source : AFP

CRISE POLITIQUE - Le chef du gouvernement espagnol devrait - sauf miracle - être renversé vendredi par une motion de censure. En cause : une crédibilité entachée après la condamnation de son parti dans un procès pour corruption.

Mariano Rajoy va-t-il céder sa place à la tête du gouvernement espagnol ? Oui, selon toute vraisemblance. Et pour cause : un parti nationaliste basque a annoncé ce jeudi son soutien à une motion de censure, déposée par le camp socialiste. Une alliance qui pourrait être fatale au gouvernement dirigé par les conservateurs, dont le parti a été affaibli par une affaire de corruption.

Un climat de défiance depuis "l’affaire Gürtel"

Si Mariano Rajoy est désormais sur un siège éjectable, c'est essentiellement à cause d'un scandale de corruption qui empoisonne la vie politique espagnole depuis des mois, et qui s'est achevé lundi par la condamnation de nombreux cadres et élus du Parti Populaire (PP). Ils ont été condamnés à un total de 351 ans de prison, pour corruption, détournements de fonds publics ou blanchiment. Le tribunal a conclu qu'entre le parti et un groupe privé s'était créé "un authentique et efficace système de corruption institutionnel à travers des mécanismes de manipulation des marchés publics". Depuis, la crédibilité de Mariano Rajoy est mise en cause pour avoir "nié l'existence d'une caisse noire au sein du parti". Une raison suffisante pour voter une motion de censure, a estimé l'opposition.

Le soutien décisif des nationalistes basques

Pedro Sanchez, dont le Parti socialiste (PSOE) ne dispose que de 84 députés, a rassemblé ces derniers jours autour de son nom une majorité composée de la gauche radicale de Podemos, ou des indépendantistes catalans. Le Parti nationaliste basque (PNV) s’est greffé ce jeudi au mouvement : cinq députés du Parti doivent donner vendredi à Pedro Sanchez la majorité absolue de 176 sièges. Celle-ci est nécessaire pour renverser Mariano Rajoy et ainsi prendre automatiquement sa place au Palais de la Moncloa. "Nous pensons que nous répondons à ce que les citoyens basques réclament majoritairement (...) en votant oui", a déclaré Aitor Esteban, chef de file des députés PNV à la chambre.

Une marge de manœuvre limitée pour une coalition hétéroclite

En cas de réussite, de nouvelles élections seront convoquées. Mais la grande question qui se pose est de savoir combien de temps Pedro Sanchez, qui a promis d'appeler à des élections anticipées, pourra gouverner avec une majorité qui s'annonce instable.  Il compte dans un premier temps faire adopter un train de mesures sociales, ce qui pourrait renforcer la popularité de sa formation, très affaiblie ces dernières années. Seule certitude : tous les alliés de Pedro Sanchez ont en commun leur refus d'élections immédiates, réclamées par le parti libéral Ciudadanos (32 députés), en tête dans les sondages. Fervent opposant aux privilèges du Pays basque et à l'indépendance de la Catalogne, il a lâché Mariano Rajoy dont il était l'allié, mais a refusé d'appuyer le PSOE.

Un avenir compromis pour Mariano Rajoy

Le conservateur a exclu jusqu'ici de démissionner avant le vote de la motion. Une décision qui pourrait permettre à son parti de se maintenir au pouvoir le temps d'organiser les prochaines élections anticipées et donc d'empêcher l'arrivée de Pedro Sanchez au pouvoir. Quoiqu'il en soit, si Mariano Rajoy n’est pas poussé vers la sortie faute de majorité à la motion de censure, son futur reste incertain : le parti de gauche Podemos a d’ores et déjà annoncé qu’il déposerait une nouvelle motion de censure en cas d’échec.


Thomas GUIEN

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