Espagne : un projet de loi adopté pour la création d'un "congé menstruel"

Une mesure inédite. Ce jeudi 15 décembre, les députés espagnols ont adopté, en première lecture, un projet de loi créant un "congé menstruel" pour toutes les femmes souffrant de règles douloureuses. Une mesure inédite en Europe, destinée, selon le gouvernement de gauche, à briser un tabou. Le projet de loi, adopté avec 190 voix favorables, 154 contre et cinq abstentions, renforce également l'accès à l'avortement dans les hôpitaux publics. Ce droit reste d'ailleurs assez restreint en Espagne et un sujet assez polémique. En effet, l'avortement n'a été dépénalisé qu'en 1985 puis légalisé en 2010. 

Désormais, le texte va devoir être voté par le Sénat et revenir à la Chambre des députés si jamais il a été modifié lors de son passage par la chambre haute, avant de devenir possiblement une loi. "Cette législature est une législature de conquêtes féministes", s'est félicité, devant les députés, la ministre de l'Égalité, Irene Montero, du parti de gauche radicale Podemos. "Nous reconnaissons la santé menstruelle comme faisant partie du droit à la santé et nous combattons la stigmatisation et le silence", a-t-elle ajouté.

Au printemps dernier, Irene Montero avait indiqué que l'arrêt maladie que pourront accorder les médecins aux femmes souffrant de règles douloureuses, "n'aurait pas de durée limite". En revanche, pour le moment, aucune précision ne figure dans le projet de loi à ce sujet.

Une fois le texte adopté définitivement en Espagne, le pays deviendra le premier en Europe et l'un des rares dans le monde à intégrer cette mesure dans sa législation, à l'instar du Japon, de l'Indonésie ou encore de la Zambie. Néanmoins, la création de ce "congé" a suscité des réticences au sein de la partie socialiste du gouvernement et a été critiqué par le syndicat UGT (Union générale des travailleurs, ndlr). D'autres craignent un frein à l'embauche des femmes de la part d'employeurs voulant éviter ces absences.

Ce "congé menstruel" est l'une des mesures phares d'un projet de loi beaucoup plus large. Il doit aussi permettre aux mineures d'avorter sans l'autorisation de leurs parents à 16 et 17 ans. Enfin, il prévoit un renforcement de l'éducation sexuelle dans les écoles ainsi que la distribution gratuite de moyens contraceptifs ou de produits d'hygiène menstruelle dans les lycées.

L'Espagne est un pays considéré comme une référence en matière de droits des femmes en Europe, notamment depuis l'adoption en 2004 d'une loi sur les violences de genre. Se revendiquant féministe, le gouvernement Sanchez compte plus de femmes que d'hommes.