JUSTICE - La dernière phase du procès de Dylann Roof, qui a abattu de sang froid neuf paroissiens noirs dans une église en juin 2015, débute ce mercredi aux Etats-Unis. Le jeune homme a décidé d'assurer seul sa défense... suscitant l'inquiétude de son avocat et du juge présidant les débats.
La prison à vie ou la peine capitale ? Voici la seule question à laquelle doivent encore répondre les membres du jury qui, à partir de ce mercredi aux Etats-Unis, jugent Dylann Roof. Sa culpabilité, elle, ne fait plus aucun doute : il avait été reconnu coupable en décembre du meurtre de neuf paroissiens noirs dans une église de Charleston, le 17 juin 2015. Une tuerie raciste, la pire de l'histoire américaine récente, que le jeune homme de 22 ans a décidé d'assumer, seul.
Le tueur, qui a répondu par l'affirmative aux 33 charges fédérales dont il était accusé, n'a en effet pour l'heure ni cherché à atténuer ses crimes, ni exprimé le moindre regret. Et il a dorénavant choisi d'assurer lui-même sa défense, en dépit des conseils contraires de ses avocats et du juge présidant les débats. Il faut dire que ces derniers redoutent l'attitude imprévisible de ce solitaire aux yeux clairs et à la chevelure blonde : tentera-t-il d'utiliser le tribunal comme une tribune pour son idéologie xénophobe ? Ou livreara-t-il enfin un soupçon de compassion envers ses victimes ?
Dylann Roof, "prisonnier de ses délires"
Par mesure de précaution, le magistrat Richard Gergel, qui préside le procès, a strictement encadré la prise de parole de Dylann Roof. "L'accusé ne pourra s'approcher du jury, de la barre des témoins ou des magistrats", a expliqué le juge Gergel, qui a décidé lundi que le jeune homme était intellectuellement apte à être jugé. Au grand dam de son avocat, David Bruck, qui voulait convaincre les jurés du fait que son client est un homme "prisonnier de ses délires".
Sauf que le principal intéressé a exclu cette idée, tout comme celle de faire citer des témoins en sa faveur. De son côté, le procureur compte appeler à la barre plus de trente témoins, survivants du carnage, proches des personnes abattues ou experts, qui ont déjà pour certains livré des éléments accablants à l'encontre de Dylann Roof. Il requerra la peine de mort au nom du gouvernement fédéral, en se fondant sur une loi punissant les crimes motivés par le racisme. Mais les sentences capitales fédérales sont rares dans le système pénal américain, où les criminels sont généralement jugés par les Etats. Et il suffirait qu'un seul membre du jury, composé de dix femmes et deux hommes, s'y oppose pour que le tueur de Charleston échappe à la peine de mort.
Seule certitude, le verdict devrait tomber dans une dizaine de jours… avant l'ouverture d'un autre procès. L'Etat de Caroline du Sud doit en effet lui aussi juger Dylann Roof, lors d'un procès distinct. Le jeune homme y encourra de nouveau la peine de mort.