États-Unis : après la fusillade au Texas, l'éternel débat sur les armes à feu relancé

M.L (avec AFP)
Publié le 25 mai 2022 à 8h27

Source : TF1 Info

Cette nouvelle tuerie, qui a visé des enfants, n'a pas manqué de raviver les critiques sur la prolifération des armes à feu aux États-Unis.
Mais le débat tourne pratiquement à vide : le Congrès n'est pas prêt à adopter une loi nationale ambitieuse sur la question.

La tuerie survenue mardi au Texas, l'une des pires dans une école depuis des années, a replongé l'Amérique dans un cauchemar chronique et immédiatement relancé le débat sur les armes à feu, sans aucune perspective de débouchés. Cette effroyable fusillade, perpétrée par un jeune homme de 18 ans dans une école primaire d'Uvalde, près de la frontière mexicaine, a tué mardi 19 enfants, âgés tout au plus d'une dizaine d'années et un adulte.

"Il est temps de transformer cette douleur en action" a exhorté mardi, lors d'une adresse à la nation après le drame, le président Joe Biden, "écœuré et fatigué" par ces fusillades à répétition, un fléau endémique aux États-Unis. "Nous devons bien expliquer cela à tous les élus de ce pays : il est temps d'agir" pour mieux réguler les armes en Amérique, a-t-il lancé, dénonçant au passage "ceux qui empêchent ou repoussent ou bloquent des lois de bon sens sur les armes à feu". "Quand, pour l'amour de Dieu, allons-nous affronter le lobby des armes ?", s'est-il irrité.

"Trop, c'est trop", s'est emportée peu avant lui sa vice-présidente Kamala Harris. "Nous devons trouver le courage d'agir", a-t-elle ajouté à l'adresse du Congrès, impuissant ou réticent à légiférer malgré la litanie des massacres. "Cela ne se passe nulle part ailleurs qu'ici, aux États-Unis, et c'est un choix", a fustigé depuis l'hémicycle du Sénat américain le démocrate Chris Murphy. Le sénateur représente l'État du Connecticut, à jamais marqué par la fusillade de Sandy Hook, le 14 décembre 2012, quand un déséquilibré de 20 ans avait tué 26 personnes, dont vingt enfants âgés de 6 et 7 ans. Il a supplié ses collègues du Congrès de trouver un compromis pour adopter une loi nationale ambitieuse sur la question.

Des gouvernements impuissants face à ce cauchemar récurrent

Mais à l'heure actuelle, cela paraît quasiment impossible. Aux États-Unis, les fusillades sont un fléau récurrent : il y a moins de deux semaines, une fusillade raciste avait déjà causé la mort de dix Afro-Américains dans un supermarché de Buffalo, dans l'État de New York. Les gouvernements successifs ont jusqu'à présent été impuissants à endiguer ces violences, car de nombreux Américains restent très attachés au port d'armes : 30% des adultes possèdent au moins une arme à feu. C'est notamment le cas au Texas, l'un des États où il est le plus facile de se procurer une arme. En 2015, son gouverneur Greg Abbott disait même avoir "honte" que cet État ne soit "que" le deuxième du pays en matière d'achats d'armes à feu.

Mardi soir, Joe Biden a une fois de plus appelé à des réformes. "Ne me dites pas qu'on ne peut rien faire contre ce carnage", a-t-il déclaré. Défenseur de longue date d'un meilleur encadrement des armes, le président américain avait promis pendant sa campagne d'agir sur ce front.

En avril 2021, le dirigeant démocrate avait dévoilé un plan limité contre ce qu'il avait dénoncé comme une "épidémie" de la violence des armes à feu. Mais sachant pertinemment qu'il n'est actuellement pas en position de faire adopter au Congrès des actions audacieuses sur ce sujet ultra-sensible, en raison de sa très courte majorité parlementaire, il ne s'est jusqu'ici contenté que de micro-mesures.

Aucune grande avancée n'a par exemple été annoncée sur le sujet de la vérification des antécédents judiciaires ou psychologiques des acheteurs d'armes individuelles, ce que des associations réclament depuis des années. "Depuis trop longtemps, des membres du Congrès tiennent des propos creux après ces fusillades, tout en s'opposant à tous les efforts visant à sauver des vies", a dénoncé la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Réponse immédiate du camp républicain, par la voix du sénateur du Texas Ted Cruz, qui a alerté contre une "politisation du débat". "Certains ont appelé à en profiter pour s'en prendre au deuxième amendement de citoyens qui respectent la loi", a-t-il dénoncé en référence à l'amendement de la Constitution qui garantit le droit du peuple de détenir et de porter des armes. "Nous avons vu par le passé que cela n'est pas efficace pour éviter ce genre de crimes", a assuré l'élu. 


M.L (avec AFP)

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