Les proches des personnes tuées et des survivants de la fusillade contre l'école de Sandy Hook, dans le Connecticut en 2012, ont pris la parole après la tuerie d'Uvalde.Ils ont exprimé leur soutien aux familles endeuillées et appelé à agir en urgence pour lutter contre ce cauchemar récurrent.
Une nouvelle tuerie dans une école mardi au Texas a ravivé le douloureux souvenir d'un massacre survenu il y a bientôt dix ans. Le 14 décembre 2012, l'école primaire de Sandy Hook, dans le Connecticut, avait été le théâtre d'une fusillade qui avait traumatisé l'Amérique : un jeune homme déséquilibré âgé de 20 ans avait tué 26 personnes, dont vingt écoliers âgés de six et sept ans, avant de se suicider. Les familles des victimes ont adressé leur soutien aux proches des 19 enfants abattus mardi à Uvalde par un garçon de 18 ans, à peine plus jeune que le meurtrier de leurs propres enfants.
Elles ont aussi appelé à durcir rapidement le contrôle sur les armes à feu, un débat qui déchire l'Amérique et que cette nouvelle fusillade est venue relancer. Parmi elles, Nicole Hockley, qui a perdu son fils dans la tuerie et a ensuite fondé l'association Sandy Hook Promise, qui lutte contre les fusillades dans les écoles en appelant à identifier des signes avant-coureurs d'isolement ou de violence chez certaines personnes. Elle a déclaré qu'elle connaissait la douleur "indicible" que ressentaient les parents des victimes et a appelé les responsables politiques à agir, relève The Guardian.
"Combien d'enfants devront mourir avant que les politiciens cessent de se soucier autant de leur carrière politique que de leurs électeurs et de la vie des enfants ? Ces fusillades sont partout", a-t-elle écrit dans USA Today. Neil Heslin, dont le fils Jesse Lewis, six ans, a également perdu la vie pendant la fusillade, a déclaré au New York Times qu'il se sentait vaincu. "Je crois que c'est là quelque chose dans notre société dont nous savons qu'elle se reproduira, encore et encore". À suivre la couverture médiatique de ce nouveau drame, "c'était presque comme si Sandy Hook se répétait instantanément", a-t-il raconté.
"Je suis tellement désolée que ces morts n'aient pas changé notre monde"
Suite à la tragédie, le président américain d'alors, Barack Obama, avait lancé un projet de loi pour renforcer les vérifications des antécédents de ceux qui souhaitaient acquérir des armes à feu, en vain : le texte avait échoué au Sénat, contrôlé par les Républicains. Malgré ses appels à réguler ces ventes, son successeur Joe Biden, qui ne dispose que d'une courte majorité au Congrès, ne semble pas dans de meilleures dispositions pour engager une réforme, face au puissant lobby des armes.
Pourtant, il est "plus que temps d'agir", a estimé sur Twitter Erica Leslie Lafferty, dont la mère a été tuée lors du massacre. "Les pensées et les prières n'ont pas ramené ma mère après qu'elle a été abattue dans un couloir à Sandy Hook", s'est-elle irritée, avant d'ajouter : "Mon cœur est avec les familles, le corps enseignant et la communauté de l'école #RobbElementarySchool. Je suis brisée".
Thoughts and prayers didn’t bring my mother back after she was gunned down in a hallway at #SandyHook - they also won’t bring the 15 murdered at #RobbElementaryschool back to life. IT IS BEYOND TIME TO TAKE ACTION. Text “ACT” to 644-33. @MomsDemand — Erica Leslie Lafferty (@ericalaff) May 24, 2022
Elle a aussi confié avoir dû affronter un syndrome de stress post-traumatique après le massacre, ajoutant plus tard sur CNN : "Cela ne va pas disparaître. Pas pour les familles, pas pour la communauté. Ça change la vie, c'est dévastateur et traumatisant. Et chaque fois que cela arrive, ça revient comme si c'était hier".
"Je suis malade de ce que vous vivez aujourd'hui", a également témoigné sur Twitter Mary Ann Jacob, qui travaillait comme bibliothécaire à Sandy Hook le jour de l'attaque. "Je suis transportée dans la caserne de pompiers où nous avons été amenés après la fusillade dans notre école il y a presque 10 ans. Je suis tellement désolée que ces morts n'aient pas changé notre monde. J'ai le cœur brisé", a-t-elle écrit.
#Uvalde I’m sick at what you are going through today. I am transported back to the firehouse that we were brought to after the shooting at our school almost 10 years ago. I’m so sorry those deaths did not change our world. #SandyHook I’m broken hearted. — Mary Ann Jacob (@Mary_AnnJacob) May 24, 2022
Des proches de victimes d'autres fusillades ont aussi pris la parole. "Putain, ils ont encore laissé tomber nos enfants ! J'en ai assez. J'en ai assez. Combien de fois encore ?", s'est emporté sur la chaîne américaine MSNBC Fred Guttenberg, dont la fille Jaime a été tuée lors de la fusillade de 2018 à Parkland, en Floride, qui avait fait 17 morts dont une majorité d'adolescents. Très ému, il a également critiqué le gouverneur du Texas, Greg Abbott, pour avoir approuvé l'année dernière une loi levant l'obligation pour les Texans d'obtenir une licence pour porter des armes de poing.
"They f------ failed our kids again": Father of Parkland school shooting victim reacts to Texas elementary school shooting https://t.co/RdYLvfum24 pic.twitter.com/ObKFsMo41P — MSNBC (@MSNBC) May 24, 2022
Il a aussi lancé un appel au républicain texan Ted Cruz à prendre la tête d'un mouvement de lutte pour le contrôle des armes à feu. "Soyez le sénateur républicain qui dit 'j'en ai assez'. Parce que si vous ne quittez pas votre poste, vous n'y avez pas votre place", a-t-il déclaré. L'intéressé a de son côté déclaré après le drame que remettre en cause le deuxième amendement de la Constitution, qui garantit le droit du peuple de détenir et de porter des armes, "n'est pas efficace pour éviter ce genre de crimes".