VIDÉO - États-Unis : il n'y a (presque) plus d'eau dans le Grand Lac Salé

V. Fauroux | Reportage TF1 Axel Monnier et Adrien Ponsar
Publié le 20 avril 2022 à 9h49

Source : JT 20h Semaine

Les niveaux d'eau du grand lac salé de Salt Lake City ont atteint un seuil historiquement bas.
En cause notamment : une grave sécheresse due au dérèglement climatique.
Un changement spectaculaire et rapide que constatent les envoyés spéciaux de TF1.

Il est loin le temps où le grand lac salé de Salt Lake City, dans l'ouest des États-Unis, grouillait de baigneurs. "C'est complétement vide, il y a à peine 40 cm d'eau", se désole Dave Shearer, le responsable du parc et du port, dans la vidéo du JT de 20H de TF1 en tête de cet article. Un niveau bien trop bas pour que la marina accueille ses 150 bateaux qui n'ont pas vu l'eau depuis des mois. "Il y a très peu de chances que ces bateaux retournent à l'eau cette année. C'est terrible, c'est une petite marina, tout le monde se connaît, on navigue ensemble le week-end. Désormais, c'est fini, on a perdu ce lien", poursuit-il.

Niveau de pluie inférieur à la normale

Cette situation inquiète de plus en plus les habitants de l'Utah. Lynn De Freitas a d'ailleurs décidé d'en faire un combat. Avec son association "Friends of Great Salt Lake" et ses 800 membres, elle espère sauver ce lac. Un site qui génère 1,3 milliard de retombées touristiques, industrielles ou commerciales. Première cause : la sécheresse chronique. Cet hiver encore, les niveaux de pluie et de neige sont inférieurs à la normale. Mais il y a une autre raison, "la baisse du niveau du lac, c'est avant tout la conséquence des activités humaines et de toute l'eau qu'on pompe ici, d'une consommation irraisonnée", explique Lynn. 

L'Utah est le deuxième État le plus sec du pays, mais aussi le premier en consommation d'eau. Pour irriguer l'agriculture et la ville, trop d'eau a été détournée des ruisseaux qui alimentent le lac. Car Salt Lake City est une ville dynamique, en pleine croissance. Son économie florissante, son cadre de vie au plus près de la nature et des montagnes séduisent de plus en plus d'Américains. Mais cet afflux renforce les besoins en eau et donc l'asséchement du lac. 

Des métaux lourds désormais à l'air libre

Ce qui a une conséquence environnementale. Le docteur Kevin Perry, professeur de science atmosphérique à l'université de l'Utah, est un spécialiste de la qualité de l'air. Il a passé des mois à prélever des échantillons dans le lac et a noté la présence de quelques polluants issus des usines alentour, mais surtout de métaux lourds, désormais à l'air libre. "Les roches de l'Utah contiennent naturellement de l'arsenic charrié par les rivières qui se déversent dans le lac. J'ai pris des mesures sur le lac asséché et toutes dépassent le seuil de toxicité fixé par l'Agence américaine de l'environnement. Or, l'arsenic est cancérogène", prévient-il. 

Cet arsenic est transporté par les vents et contamine l'air de la ville, déjà très affecté par la circulation automobile, les industries gazières et pétrolières, ainsi que les feux de forêt californiens. Résultat, un nuage de pollution enserre la ville quasiment en permanence, surtout l'hiver. Certains jours, Salt Lake City est même aussi embrumée que Djakarta ou New Delhi. 

Et la population se retrouve exposée à ces poussières toxiques. "En période de pollution, ce qui est de plus en plus fréquent, on constate un afflux de patients avec des problèmes respiratoires, de l'asthme, des maladies pulmonaires. Mais cette pollution a aussi des conséquences que vous n'imagineriez pas, comme des risques accrus de crises cardiaques ou d'AVC", souligne le docteur Denitza Blagev, spécialisée en pneumologie.

Salt Lake City, littéralement "La Ville du Lac Salé", voit peu à peu son symbole s'évaporer. Le lac a déjà perdu 44% de sa surface. Il faudrait une mobilisation générale pour qu'il ne devienne pas une nouvelle mer d'Aral, cette mer aujourd'hui disparue en Asie Centrale. 


V. Fauroux | Reportage TF1 Axel Monnier et Adrien Ponsar

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