JUSTICE - La famille de Breonna Taylor, une Afro-Américaine tuée chez elle par les forces de l'ordre en mars dernier, a annoncé ce mardi avoir renoncé à une plainte au civil. Elle a scellé un accord avec la ville de Louisville qui comprend des réformes de la police et un dédommagement financier, l'un des plus importants de l'histoire.
Elle avait été abattue chez elle par la police. La famille de Breonna Taylor, une Américaine noire tuée dans la nuit du 12 au 13 mars dernier lors d'un raid des forces de l'ordre dans son appartement de Louisville, dans le Kentucky, a annoncé ce mardi 15 septembre avoir renoncé à une plainte au civil en échange de 12 millions de dollars (10,13 millions d'euros) de dédommagement. Cette somme, l'une des plus importantes jamais accordées à des proches de victimes de la police outre-Atlantique, reflète l'émoi causé dans tous les États-Unis par cette affaire devenue emblématique du mouvement de protestation "Black Lives Matter".
C'est un montant "historique", a déclaré l'avocat de la famille Ben Crump devant la presse. "Mais les réformes globales sont tout aussi importantes, elles créent un exemple", a-t-il ajouté. Les autorités de Louisville ont également accepté plusieurs réformes de leurs services de police, sur le déroulement des mandats d'arrêt ou l'inclusion de travailleurs sociaux dans leurs rangs.
Il est temps d'avoir des inculpations
Tamika Palmer, mère de Breonna Taylor
Cet accord à l'amiable met un terme à la procédure au civil mais pas à l'enquête pénale, qui n'a encore débouché sur aucune inculpation six mois après la mort de l'infirmière de 26 ans. "Aujourd'hui est un jour important en direction de la justice pour Breonna mais ce n'est que le début", a commenté sa mère Tamika Palmer. "Nous ne devons pas perdre de vue notre premier objectif : il est temps d'avoir des inculpations parce que c'est ce qu'elle mérite", a-t-elle ajouté, visiblement émue.
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Les agents, ayant causé la mort de Breonna Taylor, agissaient dans le cadre d'une enquête liée à un trafic de stupéfiants, munis d'un mandat de justice dit "no knock" ("pas de coup") qui leur permet d'entrer chez un suspect sans s'annoncer. À leur arrivée, le petit ami de Breonna Taylor, présent dans l'appartement de sa compagne, avait ouvert le feu avec une arme détenue légalement. Les agents ont riposté et la jeune femme a reçu plusieurs balles. Le petit ami a ensuite assuré que les agents ne s'étaient pas annoncés et qu'il avait cru avoir affaire à un cambrioleur. Eux assurent s'être présentés avant d'entrer.
Après le décès de Breonna, les avocats de la famille Taylor avaient déposé une plainte au civil en avril pour obtenir réparation, arguant que l'avis de recherche était erroné et que les agents avaient tiré à l'aveugle, sans faire preuve de la mesure nécessaire. Depuis, un des trois policiers, Brett Hankison, a été licencié et les deux autres mis à pied. La ville a aussi banni les mandats "no knock". Mais aucun policier n'a été inculpé, ce que dénoncent depuis des semaines les manifestants à Louisville.