Etats-Unis : la longue route vers la limitation de l'accès aux armes

Publié le 16 juin 2016 à 17h47
Etats-Unis : la longue route vers la limitation de l'accès aux armes

DECRYPTAGE - Le camp démocrate a obtenu ce mercredi l'examen d'un projet de loi limitant l'accès pour les personnes suspectées de terrorisme à l'achat d'armes. Une victoire obtenue aux forceps par une poignée d'élus, signe de la frilosité de la classe politique à légiférer sur la question, tant l'accès aux armes à feu fait partie du quotidien aux Etats-Unis.

Après plusieurs années d'impasse, les lignes bougent  – enfin – aux Etats-Unis sur l'épineuse question des armes à feu. La fusillade d'Orlando et ses 49 morts samedi soir dans un club gay a provoqué un électrochoc au Sénat, qui va examiner un projet de loi visant à mieux encadrer l'achat d'armes. Un droit profondément ancré dans la société américaine.

Ce projet de loi, vu de l'autre côté de l'Atlantique, apparaît comme une évidence. Son but : interdire aux personnes qui sont sur une liste de surveillance antiterroriste ou sur une liste d'interdiction de vol d'acheter des armes à feu. Même le tonitruant Donald Trump s'est montré favorable au texte, quitte à froisser ses soutiens au sein du puissant lobby pro-gun, la NRA. Il faut dire que la mesure parait difficilement critiquable, à l'heure où le tireur d'Orlando, qui avait été interrogé par le FBI à plusieurs reprises dans le cadre d'enquêtes sur "d'éventuels liens avec des terroristes" classées sans suite, avait acheté ses armes en toute légalité.

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Ruée vers les armureries

Rien d'étonnant pourtant aux Etats-Unis, où les armes figurent en bonne place dans la Constitution. Et ce, en vertu du second amendement : "Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé". Conséquence, le nombre d'armes en circulation aux Etats-Unis oscille entre 270 et 310 millions, soit quasiment autant que la population du pays. "Tout le monde ne peut pas avoir une arme" tempère auprès de Metronews Thomas Snégaroff, historien et spécialiste des Etats-Unis. "Il existe des listes noires, sur lesquelles on retrouve, par exemple, des handicapés mentaux ou des personnes ayant des antécédents judiciaires." Un armurier est ainsi tenu de vérifier les antécédents de ses acheteurs, et ce depuis une loi fédérale adoptée en 1994.

Les réglementations varient également au niveau de chaque Etat. Certains interdisent la vente aux mineurs, ou imposent un délai de réflexion pour limiter les gestes passionnels. D'autres prévoient un entraînement spécial ou l'inscription sur un registre avant d'autoriser le port d'arme. Mais le principal problème demeure l'existence de foires qui, organisées chaque semaine aux quatre coins du pays, permettent de contourner la législation et d'acheter des armes sur place. "Les antécédents sont à peine vérifiés alors qu'ils devraient être transmis auprès d'un organisme fédéral", précise Thomas Snégaroff.

Pour endiguer le phénomène, Barack Obama a fait passer un décret en janvier dernier pour généraliser l'obligation du contrôle des antécédents judiciaires et psychiatrique. Un coup d'épée dans l'eau ? Depuis son arrivée au pouvoir en 2009, le président américain répète sa volonté de régulation. Conséquence : il a provoqué des ruées vers les armureries et une flambée de la production. Selon les données officielles, plus de 9 millions de fusils et autres armes de poing ont été fabriqués aux Etats-Unis en 2014 contre seulement 5,5 millions en 2009, première année de son mandat.

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Thomas GUIEN

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