États-Unis : la pandémie a entrainé un record de mortalité par overdose

C.A.
Publié le 15 juillet 2021 à 15h58
Un utilisateur d'héroïne se prépare à se piquer dans une rue du Bronx, à New York, le 7 octobre 2017.

Un utilisateur d'héroïne se prépare à se piquer dans une rue du Bronx, à New York, le 7 octobre 2017.

Source : SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

EFFETS SECONDAIRES - Selon les données préliminaires du rapport annuel sur l'usage des drogues aux États-Unis, réalisé par les autorités de santé et publiées ce mercredi, le taux de mortalité par overdose dans le pays n'a jamais été si élevé. Cette augmentation du nombre de victimes a un lien direct avec la pandémie.

Aux États-Unis, les dégâts collatéraux de la pandémie n'ont pas tardé à faire surface. Le pays a connu en 2020 un record de morts par overdoses, poussées par l'isolement, la précarité ou encore les budgets moindres alloués aux associations venant en aide aux toxicomanes. Ces décès ont bondit de 30% pour atteindre 93.000, selon les statistiques préliminaires des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), publiées mercredi. Si ce taux de mortalité par overdose ne cessait de progresser depuis 2019, il s'agit néanmoins de la plus forte augmentation enregistrée en une seule année.

Au cœur de ce record, les CDC rapportent d'autres chiffres sans précédent : le plus grand nombre de décès par overdose de drogue en un an ; le plus grand nombre de décès dus à des overdoses d'opioïdes ; le plus grand nombre de décès dus à des opioïdes synthétiques, connus sous le nom de fentanyls ; le plus grand nombre de décès par overdoses de stimulants, comme la méthamphétamine.

La distanciation sociale, ou l'isolement forcé des toxicomanes

Ces overdoses ont atteint un pic au printemps 2020, au beau milieu de la période de confinement et de récession économique la plus importante de la pandémie. José Benitez, le directeur exécutif du centre de prévention à Philadelphie (Pennsylvanie), témoigne de cette période dans le New York Times. Il y raconte notamment qu'il n'était pas rare que deux patients suivis dans son établissement, qui fournit notamment de l'aide au toxicomanes, meurent chaque semaine.

Pour lui, les avertissements de santé publique contre le Covid concernant la distanciation sociale ne sont pas étrangers à ces décès. Les consommateurs de drogue sont en effet généralement encouragés à en prendre en présence d'autres personnes, pour que celles-ci puissent les ranimer en cas d'overdose. Le nombre de rendez-vous dans son centre, lui, a chuté de 20% pendant la crise sanitaire. Une partie du financement qui leur était alloué a aussi été détournée pour soutenir les services Covid. 

Les jeunes et les communautés de couleur davantage touchés

Si le Covid-19 a fauché la vie de personnes âgées, en majorité, ces overdoses ont, elles, particulièrement touché les jeunes. Les 93.000 décès liés à une surconsommation de drogue ont coûté aux Américains environ 3,5 millions d'années de vie, selon une analyse du New York Times. En comparaison, les décès dus aux coronavirus en 2020 étaient responsables d'environ 5,5 millions d'années de vie.

Les populations noires et hispaniques ont également été davantage touchées que les blanches. "La pandémie a été bien plus perturbatrice pour les communautés de couleur que dans les communautés blanches", affirme au quotidien américain Joshua Sharfstein, vice-doyen de l'école de santé publique Johns Hopkins Bloomberg en s'appuyant sur les taux de mortalité, d'injection, de chômage et de précarité dans ces populations. "Tant de conséquences de la pandémie ont frappé plus durement les communautés de couleur. Il n’est donc pas illogique que les surdoses fassent de même."

Une augmentation de la consommation de drogues au niveau mondial

Le 24 juin, un rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) rapportait un renforcement général de la consommation de drogue dans le monde, et notamment de cannabis et de médicaments tels que le tramadol, les benzodiazépines ou les barbituriques. L'usage de la cocaïne ou de la MDMA, habituellement consommées lors d'événements festifs, a en revanche diminué en raison des confinements, des couvre-feux et de la fermeture des discothèques, mesures adoptées par de nombreux pays. Au total, quelque 275 millions de personnes dans le monde ont touché à des drogues en 2020, contre 269 millions en 2018.

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Selon les auteurs du rapport, 42% des professionnels de la santé interrogés dans 77 pays ont affirmé que la consommation de cannabis avait augmenté, résultat d'un stress ambiant, d'une diminution des interactions sociales ou d'un ennui. En France, un tiers des consommateurs de cannabis ont augmenté leur consommation. L'ONUDC rapporte aussi un accroissement de la consommation de cocaïne et de MDMA durant les mois d'été 2020 en France, visible au travers d'analyses d'eaux usées.


C.A.

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