États-Unis : le compostage humain autorisé par l'État de New York

M.L
Publié le 1 janvier 2023 à 19h11

Source : Sujet TF1 Info

Il est le sixième État américain à passer le pas : New York a légalisé samedi la "réduction organique naturelle".
Cette "terramation" consiste à inhumer un défunt dans un conteneur dans lequel il va se décomposer plusieurs semaines, pour obtenir de l'engrais qui sera remis à la famille.
Une méthode alternative plus verte, d'après ses défenseurs.

L’expression "retourner à la terre" va plus que jamais trouver tout son sens dans l’État de New York : sa gouverneure démocrate Kathy Hochul a légalisé samedi la "réduction organique naturelle" après la mort, autrement appelée le compostage humain ou "terramation". Elle a fait ainsi de son État le sixième à adopter une législation en ce sens depuis 2019 aux États-Unis. 

Le dispositif consiste en fait à accélérer le processus naturel de décomposition du corps, sans produits chimiques. Dans la plupart des cas, le défunt est placé dans un conteneur semi-ouvert, dans lequel est placée une litière composée de copeaux de bois, de luzerne ou de paille, et qui est scellé et relié à un système de chauffage, de ventilation et de climatisation, explique le New York Post. De quoi créer les conditions idéales d'humidité et d'oxygénation pour que les bactéries fassent leur travail. 

Faire pousser un arbre à la mémoire du défunt

Au terme d’un processus de décomposition de six à huit semaines, un mètre cube de terre riche en nutriments est récupérée, soit l’équivalent de 36 sacs pouvant ensuite être utilisés comme engrais, poursuit le journal américain. Certaines familles peuvent ainsi décider de l’utiliser pour faire pousser un arbre à la mémoire de leur défunt. "Tout est recomposé, y compris les dents et les os", expliquait en 2019 Recompose, un salon funéraire écologique de Seattle qui propose le compostage humain, précisant "mélanger" le conteneur à plusieurs étapes pour récupérer d'éventuels plombages dentaires, stimulateurs cardiaques et autres prothèses qui ne seraient pas biodégradables.

Pour ses défenseurs, cette méthode permet une inhumation bien plus respectueuse de l'environnement que les techniques classiques. "La crémation utilise des combustibles fossiles et l'enterrement utilise beaucoup de terre et a une empreinte carbone", a défendu Katrina Spade, fondatrice de Recompose, auprès de l’agence Associated Press, citée par The Guardian. Selon les statistiques brandies par Recompose en 2019, plus d'un Américain sur deux en moyenne choisit de se faire incinérer. 

"Pour beaucoup de gens, le fait d'être transformé en terre qui peut être transformée en jardin ou en arbre a un impact considérable", a ajouté celle qui avait déjà défendu la loi auprès des élus locaux de Washington, le premier État à légaliser la pratique en 2019. L'ont suivi ensuite le Colorado et l’Oregon en 2021, le Vermont et la Californie l’an passé. 

"Pour les épluchures de légumes, mais pas pour nos dépouilles mortelles"

Une méthode loin de faire l’unanimité partout : la Conférence catholique de l'État de New York avait appelé ses fidèles à faire pression sur la gouverneure pour qu’elle s’oppose à ce projet de loi, estimant que ce type d’inhumation "n’offre pas le respect dû aux restes humains", selon The Guardian. "Le compostage et la fertilisation peuvent être appropriés pour les épluchures de légumes ou les coquilles d'œufs, mais pas pour nos dépouilles mortelles", s’est irrité Dennis Poust, directeur général de l'organisation.

Toutefois, les méthodes d'inhumation "vertes" ont le vent en poupe ces dernières années aux États-Unis, où des firmes proposent également des enterrements naturels, avec des cercueils bio, voire une inhumation avec un simple linceul, sans cercueil, dans les villes l'autorisant. Selon la BBC, le compostage humain est déjà légal en Suède, tandis que les enterrements sans cercueil ou avec une caisse biodégradable sont autorisés au Royaume-Uni.


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