Profiteurs de la crise : le boom des applications d'avances sur salaire

Publié le 13 mars 2021 à 20h24

Source : TF1 Info

CRISE - Aux Etats-Unis de plus en plus d'entreprises incitent leurs salariés à utiliser des applications d'avances sur salaire. Un business qui fait le bonheur des uns... et accroît l'endettement des autres.

Près de 15 millions d'Américains au chômage, des banques alimentaires débordées, et dans les grandes villes, des travailleurs qui s'enfoncent un peu plus chaque jour dans la pauvreté... Aux États-Unis, les conséquences financières de la crise du Covid sont catastrophiques. Pour faire face à cette situation désastreuse, les Américains se tournent de plus en plus vers des applications qui permettent de toucher en avance tout u partie de leur salaire. Ce qui permet de ne pas avoir recours à un prêt, bien trop contraignant.

Elles s'appellent Earnin ou encore Dailypay, et leur succès est immense. D’après le New York Times, ces applications enregistrent déjà des millions de téléchargements, avec une hausse de 400% d'utilisateurs pendant la pandémie. Sur Earnin, par exemple, il est possible de s'inscrire en quelques minutes. Il suffit d'indiquer seulement ses coordonnées bancaires et on peut aussitôt recevoir un acompte sur salaire, moyennant 2 à 4 euros de frais selon le montant. 

Particuliers ou employeurs

Encore plus étonnant, des centaines d'employeurs américains, supermarchés, hôpitaux, proposent eux-mêmes ce service à leurs salariés. Chez Rockaway Home Care, une maison de santé cliente de l'application Dailypay, tous les employés sont incités à la télécharger. Résultat, 300 d'entre eux, sur 600, l'utilisent régulièrement. "On met les informations sur chaque feuille de paie pour qu’ils puissent s’inscrire facilement. En ce moment beaucoup de gens ont perdu leur emploi, donc nos employés ont besoin d’argent tout de suite, pour aider leur famille. C’est une idée formidable et nos retours sont très positifs", explique Maxine Fried, la directrice des services aux patients.

Ce service ne coûte strictement rien à l'employeur, mais cela peut finir par coûter cher aux salariés. A l'image d'Ebony Brown, l'une des infirmières de cette maison de santé. "J’ai beaucoup utilisé l’application cette année. En un clic le transfert est fait, c’est très simple", dit-elle. 40, 60, 100 euros, Ebony prélève de petits montants, car elle ne veut pas puiser dans ses maigres économies. "En ce moment, je m’en sers quand j’ai besoin de faire des courses, ou de payer une facture… ça m’aide", poursuit la jeune femme.

Des prêts qui ne disent pas leur nom

Le problème, c’est que ces applis sont bien moins inoffensives qu’elles n’y paraissent. Ainsi, à chaque fois Dailypay prélève l'équivalent de 2,5 euros pour un acompte sur salaire transféré le lendemain quel que soit le montant. "Depuis que je l’utilise, ça fait environ 2 ans, je dirais que ça m’a coûté 800 euros en tout", reconnaît Ebony. Comme le rappelle le New York Times, une avance de 100 dollars cinq jours avant la paie, avec 5 dollars de frais, équivaut à un taux annuel de 365%. 

Alors, au moment où des millions d'Américains perdent pied financièrement, avec une énorme recrudescence des vols à l'étalage dans les magasins - essentiellement pour des produits de première nécessité comme du lait, du pain ou des œufs - ces applications pourraient bien contribuer à la spirale du surendettement. Ce que contredit, Jeanniey Walden, la directrice marketing de Dailypay : "Au début beaucoup d’entreprises étaient inquiètes, elles craignaient que les salariés retirent tout leur salaire en avance et qu’ils le dépensent, en s’endettant, mais quand vous y pensez, personne ne se précipite au distributeur pour prendre tout l’argent sur son compte en banque, dès qu’il arrive dessus. A chacun d’être responsable et nos clients le sont", avance-t-elle. 

Bientôt en France ?

Ces entreprises espèrent maintenant se développer dans le plus grand nombre de pays possibles. Certaines start-ups viennent d'ailleurs de se lancer sur le marché français. 


Virginie FAUROUX

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