Etats-Unis : quelle sera la politique de Joe Biden vis-à-vis d'Israël ?

Publié le 19 novembre 2020 à 12h57
Joe Biden et Benjamin Netanyahu, en 2016
Joe Biden et Benjamin Netanyahu, en 2016 - Source : DEBBIE HILL / AFP / POOL

DIPLOMATIE - Israël va perdre son principal allié en la personne de Donald Trump, lequel a multiplié les décisions en faveur de la politique menée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Lequel ne voit pas d'un très bon œil l'arrivée au pouvoir de Joe Biden.

"Israël n'a jamais eu un meilleur ami que vous". C'est par ces mots que, durant un déplacement à la Maison Blanche en mars 2019, Benjamin Netanyahu s'était adressé à Donald Trump. Difficile de mieux résumer les relations entre les deux pays durant le mandat du républicain, fervent soutien de la politique expansionniste du Premier ministre israélien. Une politique mise à mal par l'arrivée de Joe Biden au pouvoir.

S'il s'est empressé de saluer la victoire du candidat démocrate - "Félicitations à Joe Biden et Kamala Harris. Joe, nous nous connaissons depuis près de 40 ans, notre relation est chaleureuse (…)" -, le dirigeant sait avant tout qu'il perd un allié de poids en la personne de Donald Trump. Reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu, soutien à la colonisation en Cisjordanie occupée, bénédiction à l'annexion du plateau du Golan… jamais un président américain n'avait autant œuvré en faveur du camp israélien.

Une première visite en 1973 en Israël

Quid de Joe Biden ? Comme Benjamin Netanyahu l'a souligné dans son tweet, le démocrate n'aborde pas en novice les dossiers relatifs à Israël, pays qu'il a visité pour la première fois en 1973. Il avait notamment soutenu en 2015 que les Etats-Unis devaient respecter leur "promesse sacrée de protéger le foyer d'origine des Juifs". Il n'empêche : ils sont nombreux, en Israël, à regarder avec méfiance l'arrivée à Washington des troupes de Joe Biden. Notamment parce que l'une de ses premières mesures serait de rétablir le contact, rompu sous Donald Trump, avec les Palestiniens.

C'est d'ailleurs ce que précise dans un récent rapport Conseil européen des relations extérieures (ECFR), lequel ajoute que "la plupart des gouvernements européens" vont pousser "un profond soupir de soulagement". Le nouveau président devrait "au moins réduire les conséquences les plus négatives de l'ère Trump", en reprenant l'aide américaine aux Palestiniens, en rouvrant la mission palestinienne à Washington et en revenant à la position classique d'une solution à deux Etats, résume l'ECFR. 

Renouer avec le camp palestinien

C'est en effet l'une des conséquences de la politique de Donald Trump en faveur d'Israël : les Palestiniens, eux, se sont éloignés de Washington. Et pour cause : l'administration a coupé leur aide aux Palestiniens et stoppé leur contribution à l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens. Autre sujet de discorde : le plan Trump pour le Proche-Orient, qui prévoit notamment l'annexion de pans de la Cisjordanie par Israël et un Etat palestinien sur un territoire réduit. Quel avenir la future administration ? Si Joe Biden est resté évasif durant la campagne, sa colistière, Kamala Harris, avait dit s'opposer à "l'annexion" et "l'expansion" des colonies israéliennes.

Autre dossier sur lequel Joe Biden entend reprendre la main : celui du nucléaire iranien. Les Etats-Unis de Donald Trump se sont en effet retirés unilatéralement de l'accord nucléaire sur l'Iran, une décision à l'époque saluée par Netanyahu, qui considère le régime comme la principale menace pesant sur son pays. Joe Biden, lui, changera-t-il de cap ? Pendant sa campagne, le président-élu, qui sait le retour à l'accord de 2015 délicat avait martelé sa volonté de proposer "à l'Iran une voie crédible de retour à la diplomatie" en vue de réintégrer les Etats-Unis à l'accord de Vienne. Reste à savoir comment : les conditions qu'il a évoquées sont d'ores et déjà inacceptables pour l'Iran, dont la position s'est durcie entre temps.


Thomas GUIEN

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