Etats-Unis : un juge interdit une "frénésie" d'exécutions de condamnés à mort dans l'Arkansas

Publié le 15 avril 2017 à 17h25
Etats-Unis : un juge interdit une "frénésie" d'exécutions de condamnés à mort dans l'Arkansas

ETATS UNIS - Une juge fédérale américaine a bloqué samedi l'exécution prévue avant la fin du mois de plusieurs condamnés à mort dans l'Arkansas. Le gouverneur de cet Etat avait fixé un rythme effréné d'exécution - 8 en 10 jours - en raison de la proche péremption d'un produit utilisé dans l'injection létale.

Huit exécutions en l’espace de dix jours. C’est la décision prise début mars par Asa Hutchinson, le gouverneur républicain de l’Arkansas. Un rythme effréné justifié par… la proche date de péremption d'une substance utilisée pour mettre à mort les condamnés. Il n’en sera finalement rien – pour l’instant - après deux décisions de justice prises ces dernières heures.

"La cour estime que les plaignants ont droit à une injonction préliminaire pour leur recours sur la méthode d'exécution, en vertu du huitième amendement", a écrit samedi la juge fédérale de première instance Kristine Baker, en référence à la partie de la Constitution américaine qui interdit les "peines cruelles ou inhabituelles".  Vendredi, un simple juge de district, Wendell Griffen, saisi par une société de distribution de produits pharmaceutiques, avait bloqué de facto les six exécutions restantes.

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"Une frénésie de mises à mort"

Conformément au décret signé par Asa Hutchinson, huit prisonniers devaient être exécutés selon le calendrier suivant : deux le 17 avril, deux le 20 avril, deux le 24 avril et deux le 27 avril. Une première en la matière puisque, selon le Centre d'information sur la peine de mort (DPIC), aucun Etat n'a procédé à huit exécutions en 10 jours. Et ce, depuis que la Cour suprême américaine a rétabli la peine de mort en 1976. 

Comment cet Etat du centre des Etats-Unis en est-il arrivé là ? Tout simplement car, en février, la Cour suprême à Washington a refusé d'examiner le protocole d'injection létale utilisé par les autorités de l'Arkansas, le validant de facto. Ce protocole associe trois produits dont le premier, le midazolam, est extrêmement controversé. Cet anxiolytique, supposé avoir un effet anesthésiant, est accusé de ne pas plonger suffisamment dans l'inconscience le condamné, entraînant pour lui un risque de grave douleur. Le midazolam reste toutefois légal, mais les stocks possédés par l'Arkansas sont proches d'arriver à expiration. Or il est devenu extrêmement compliqué pour les prisons américaines de se fournir en nouvelles substances létales, en raison d'un refus d'approvisionnement de grandes firmes pharmaceutiques. 

“J'aimerais bien pouvoir planifier (ces exécutions) sur une période de plusieurs mois et plusieurs années, mais je n'en ai pas la faculté", a expliqué le gouverneur Hutchinson. Las, son annonce a surtout suscité des vagues bien au-delà des frontières de cet ancien Etat du sud confédéré qui reste à dominante agricole. Le gouverneur "justifie une frénésie de mises à mort légales par une date de péremption estampillée sur un flacon", a dénoncé dans un éditorial le New York Times, en qualifiant d'"absurde" cette "précipitation. Même condamnation du côté européen : "Nous appelons le gouverneur de l'Arkansas à commuer ces peines (...) et à leur épargner la peine capitale", a déclaré vendredi une porte-parole de l'UE pour les Affaires étrangères dans un communiqué.


Thomas GUIEN

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