L'AUTRE EXIT - Insatisfaite de l'accord de Brexit, qu'elle qualifie de "désastre" pour l'Écosse, Nicola Sturgeon a réaffirmé son intention de mettre en place un référendum pour l'indépendance de la nation, qui avait voté majoritairement pour rester dans l'Union européenne.
Cela donnera le vertige à tous les observateurs du dossier, qui le suivent depuis plus de quatre ans, mais les conséquences du Brexit commencent à peine à se faire ressentir. Outre les effets directs sur la circulation des personnes et des biens, ses effets politiques sur la vie politique intérieure, le retrait britannique pourrait avoir des conséquences sans précédent sur la géographie européenne. Comme attendu, la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a fait savoir jeudi 24 décembre qu'elle entendait faire de l'Écosse "une nation européenne indépendante".
Des indépendantistes en verve
"Le Brexit arrive contre la volonté du peuple d'Écosse", a plaidé la sociale-démocrate indépendantiste en réaction à la conclusion de l'accord, pour qui "aucun accord ne pourra jamais compenser ce que le Brexit nous enlève". Et de conclure qu'il était "temps" pour la nation nord-britannique de "tracer [son] avenir". Pro-européenne, Nicola Sturgeon a vu l'Écosse voter en faveur du "Remain" à 62%, lors du référendum de juin 2016.
Arrivée au pouvoir après le dernier référendum sur l'indépendance de l'Écosse (victoire du "non" à 55%) en 2014, la cheffe du gouvernement, forte de succès électoraux consécutifs, avait remis sur la table ce projet face à l'imminence du Brexit. Si la volonté populaire écossaise à ce sujet reste historiquement incertaine, la perspective du départ de l'UE a raffermi la volonté des indépendantistes.
Un grand raout pro-indépendance s'était ainsi organisé à Glasgow, rassemblant 20.000 personnes, en novembre 2019, après la victoire de Boris Johnson aux élections générales britanniques, où le SNP avait conquis 48 des 59 sièges mis en jeu en Écosse. De récents sondages indiquaient que 54% de la population était favorable à quitter le Royaume-Uni.
Le Brexit, "un désastre" pour l'Écosse
Du côté de Glasgow, on voit l'accord comme "un désastre". Grande productrice de pommes de terre, l'Écosse se voit comme la grande perdante de l'accord, qui ne prend pas en compte les semences du tubercule, un marché à 90 millions de livres annuelles dont 20% va vers les pays tiers de l'Union européenne.
Comment voir les choses, dès lors ? Les dirigeants écossais doivent d'abord soumettre ce voeu au Parlement écossais. Compte tenu de sa composition, même s'il n'a pas la majorité absolue, le SNP devrait obtenir gain de cause. Cela permettra ensuite à Nicola Sturgeon de soumettre officiellement ce vœu à Boris Johnson. C'est là que ça se complique. Du côté de Downing Street, on voit le référendum de 2016 comme une occasion unique qui n'est pas vouée à se reproduire avant au moins 20 ans. Les élections écossaises, en mai 2021, pourraient toutefois faire basculer le rapport de force et renforcer la légitimité de la demande d'indépendance.
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