INTERVIEW - Dimanche 9 août, huit personnes -a priori six Français et deux Nigériens- ont été tuées au sud-ouest du Niger. Pour Frédéric Encel, géopolitologue et professeur à Sciences Po, invité sur LCI, il s'agit probablement d'une attaque djihadiste. En cause : une région en proie à l'islamisme radical.
Huit personnes -a priori six Français et deux Nigériens- ont été tuées ce dimanche 9 août 2020 par des hommes armés à une centaine de kilomètres de Niamey, la capitale du Niger. Même si pour le moment l’attaque n’a pas été revendiquée, pour Frédéric Encel, géopolitologue et professeur à Sciences Po Paris, il s'agit d'une attaque terroriste.
Lire aussi
Niger : que sait-on de la zone de Kouré où les Français ont été tués par des hommes armés ?
Lire aussi
Au Niger, des attaques terroristes depuis dix ans
La région du Sahel, à laquelle appartient le Niger, est "en proie à l’islamisme radical" depuis maintenant une dizaine d’années, rappelle sur LCI Frédéric Encel. "C'est d'autant plus vrai que la nébuleuse a finalement échoué au Moyen-Orient avec l'écrasement de Daech." Pour le géopolitologue, les défaites de Daech au Moyen-Orient ont en effet transformé le Sahel comme la "nouvelle porte d’entrée" des groupes djihadistes et de leur idéologie radicale.
La tactique des groupes djihadistes présents sur place est "bien pensée", estime le chercheur, compte tenu de la vulnérabilité sociale et économique de cinq des États qui composent le Sahel, à savoir le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Tchad et le Niger. "Ces cinq États comptent parmi les dix pays les plus pauvres du monde" et ont des frontières "extrêmement poreuses, très difficiles à tenir, d'autant plus avec une géographie essentiellement désertique".
Pour le spécialiste, cette situation économique très critique et inégalitaire explique donc la montée en puissance de ces groupes radicaux : "Ce sont des États très pauvres, au sein desquels les rares richesses ne sont pas toujours très bien redistribuées et donc qui abritent de revendications sociales."
Selon lui, l’idéologie islamiste s’invite ainsi de plus en plus dans la société nigérienne en général. "Cette dimension au Niger pousse certaines populations à se trouver des alliés certes encombrants, mais qui leur promettent des merveilles" ajoute Frédéric Encel. "Tout ça donne un cocktail extrêmement, extrêmement explosif et malheureusement, un terreau favorable au djihadisme."