FTX : la chute vertigineuse de Sam Bankman-Fried, le Bernard Madoff des cryptomonnaies

FS avec AFP
Publié le 22 décembre 2022 à 12h09
JT Perso

Source : Sujet TF1 Info

Le fondateur et ex-patron de FTX a été extradé à New York ce jeudi.
Sam Bankman-Fried risque de passer le restant de ses jours en prison.
Portrait d'un génie des cryptomonnaies à la chute vertigineuse.

Cet été encore, l'entrepreneur était considéré comme le digne successeur de Warren Buffett, cet investisseur devenu milliardaire grâce à ses placements boursiers. Désormais, on l'affuble d'un tout nouveau surnom. Celui de Bernard Madoff, du nom de l'auteur de la plus grande escroquerie financière de l'histoire. Ce jeune homme, c’est Sam Bankman-Fried. Le fondateur et ancien patron de la plateforme d'échanges de cryptomonnaies FTX est arrivé ce mercredi 21 décembre au soir à Manhattan, où il doit comparaître devant une juge. Une chute vertigineuse depuis les gratte-ciels de Wall Street jusqu'aux geôles de New York.

De "philanthrope" à "psychopathe"

"SBF", son surnom, c'est l'ancien PDG de la plateforme FTX. Deuxième plus grosse plateforme d'échange de cryptomonnaies au monde avant sa faillite, elle a permis à son créateur de se forger, en seulement quelques années, une réputation de patron à succès. Et devenir le visage des devises virtuelles. Originaire de Palo Alto, en Californie, il a débuté par la voie royale de Wall Street, après des études au Massachusetts Institute of Technology (MIT). En 2017, il lance Alameda Research, une société de trading de cryptomonnaies, et FTX deux ans plus tard. Fort de son succès éclair, il a noué de prestigieux partenariats avec la légende du football américain Tom Brady, la top-modèle brésilienne Gisèle Bundchen, ou encore le comédien Larry David, apparu dans une publicité pour FTX notamment diffusée pendant le Super Bowl.

Cheveux bouclés et touffus, simple T-shirt sombre et bermuda, il faisait partie de ses entrepreneurs à succès que le monde s'arrache. Devenu coqueluche des médias, il était en effet un interlocuteur privilégié pour quiconque cherchait à en savoir plus sur les cryptomonnaies, lui qui a popularisé ces actifs numériques virtuels. Popularisé et défendu. Véritable chevalier blanc de ce secteur parfois à la dérive, il aimait venir à la rescousse de sociétés en difficulté. Il était également considéré comme un généreux philanthrope. Végan revendiqué, il était une figure de proue de cet "altruisme efficace" qu'on trouve chez les grosses fortunes américaines. Derrière cette expression, une doctrine qui consiste à inciter les plus riches à redistribuer leur argent pour des causes qu'ils jugent primordiales. Avant que sa richesse ne s'effondre en quelques jours, le trentenaire avait promis de faire don de la majorité de sa fortune à des causes philanthropiques. 

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Mais derrière ses airs de startuppeur au génie financier, la brutale implosion en novembre de FTX a révélé un personnage aux pratiques managériales déconcertantes et au train de vie dispendieux. Changpeng Zhao, le patron de la plateforme concurrente de cryptomonnaies Binance, l'a qualifié de "psychopathe", quand le député démocrate Ritchie Torres l'a accusé d'être un "menteur compulsif". Derrière ces noms d'oiseaux, un chef d'entreprise au comportement erratique. En novembre, John Ray, celui qui a eu la lourde tâche de remplacer Sam Bankman-Fried à la tête de FTX après le dépôt de bilan, a fustigé le fonctionnement déroutant de cette entreprise dans un document judiciaire. "Jamais dans ma carrière, je n'ai vu un échec aussi complet des mécanismes de contrôle d'une entreprise et une absence aussi flagrante d'informations financières fiables", pouvait-on lire dans le document. Entre autres exemples cités par celui qui a supervisé plusieurs procédures de faillite, des notes de frais validées par des emojis, et des employés qui piochaient dans la caisse pour acheter des résidences aux Bahamas. 

Comble de cette désorganisation, le patron de la société est accusé d'avoir détourné l'argent des utilisateurs pour financer des paris risqués sur le fonds spéculatif qu'il avait lancé en 2017. Si bien qu'encore aujourd'hui, plusieurs milliards de dollars apportés par des clients de FTX restent toujours introuvables. 

À l'audience qui s'est tenue mercredi en début de journée à Nassau, la capitale des Bahamas, celle au cours de laquelle "SBF" a accepté d'être extradé vers les États-Unis, le jeune homme a d'ailleurs fait part de son "désir de s'assurer que les clients concernés récupèrent leur argent", selon le Wall Street Journal. Ce qui ne devrait pas suffire à amadouer la justice. Au total, la justice américaine a émis huit chefs d'inculpation, dont fraude par voie électronique et blanchiment d'argent, contre Sam Bankman-Fried. Arrêté en début de semaine aux Bahamas où se trouvait le siège de FTX, le Bernard Madoff des cryptomonnaies risque de passer la fin de ses jours en prison. 


FS avec AFP

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