Fuite de Carlos Ghosn : deux complices américains présumés remis aux autorités japonaises

Publié le 2 mars 2021 à 11h15, mis à jour le 2 mars 2021 à 11h21
Bus transportant les deux complices américains présumés de Carlos Ghosn après leur atterrissage à Narita mardi 3 mars 2021.

Bus transportant les deux complices américains présumés de Carlos Ghosn après leur atterrissage à Narita mardi 3 mars 2021.

Source : Kazuhiro NOGI / AFP

JUSTICE - Deux ressortissants américains accusés d'avoir aidé l'ancien patron de Renault-Nissan à s'enfuir de Tokyo vers le Liban en décembre 2019 ont été remis aux autorités japonaises pour être extradés. Ils ont atterri en territoire nippon ce mardi.

Nouveau développement dans l'affaire Carlos Ghosn. Deux Américains soupçonnés d'avoir aidé l'ancien patron de Renault-Nissan à organiser son évasion du Japon vers le Liban en décembre 2019 ont été remis aux autorités nippones pour être extradés. Michael Taylor, un ancien membre des forces spéciales américaines reconverti dans la sécurité privée et son fils Peter Taylor, ont atterri à Tokyo ce mardi matin. Leur avocat, Paul Kelly, a évoqué "un triste jour pour la famille et pour tous ceux qui croient que les vétérans méritent d'être mieux traités par leur propre pays".

Michael et Peter Taylor sont tous deux visés par un mandat d'arrêt du Japon. Ils sont accusés d'avoir aidé Carlos Ghosn à échapper à la justice en fuyant le pays fin décembre 2019. Arrêtés en mai 2020 aux Etats-Unis, ils sont ensuite restés détenus, car considérés comme présentant un "grand risque de fuite". Le 13 février dernier, la Cour suprême américaine a ensuite levé le dernier obstacle à leur extradition.

Une fuite menée de main de maître

Pour rappel, le 29 décembre 2019, Carlos Ghosn quittait la capitale japonaise pour Osaka (ouest du pays) en train, accompagné de deux complices. À ce moment, le Franco-libano-brésilien, accusé de malversations financières chez Nissan, était en liberté sous caution au Japon. Il quitte alors le pays au nez et à la barbe des autorités locales et arrive à Beyrouth le lendemain après une correspondance à Istanbul. Toutes les hypothèses laissent à croire que l'ex-dirigeant a échappé aux contrôles à l'aéroport d'Osaka en étant caché dans un caisson de matériel audio embarqué à bord d'un jet privé (pas de contrôle obligatoire des bagages pour ce type d'appareil à l'époque). Un procureur américain estime dans un document qu'il s'agit d'une "des fuites les plus effrontées et les mieux orchestrées de l'histoire récente".

Interpellé en novembre 2018, le Français avait été libéré sous caution en avril 2019, au terme de 130 jours d'incarcération. "Je n'ai pas fui la justice, j'ai échappé à l'injustice", avait martelé le Français début janvier 2020 lors d'une conférence à Beyrouth organisée après son coup de force. 

Malgré la demande d'arrestation d'Interpol dont il est l'objet, Carlos Ghosn reste, à ce jour, hors d'atteinte des juges japonais, le Liban n'extradant pas ses ressortissants. La justice du pays du Cèdre a toutefois interdit à l'ancien dirigeant de quitter le territoire. 

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Une affaire complexe aux nombreuses ramifications

Outre le procès principal, "l'affaire Ghosn" a de nombreuses ramifications au Japon et à l'étranger. Le principal intéressé fait aussi l'objet de plusieurs enquêtes judiciaires en France, portant notamment sur des soupçons d'abus de biens sociaux chez Renault et la filiale néerlandaise de Renault-Nissan, RNBV. Parallèlement, un procès pénal s'est ouvert mi-septembre à Tokyo pour juger l'ancien responsable juridique de Nissan, l'Américain Greg Kelly. Trois ressortissants turcs - un haut responsable de la compagnie d'aviation privée MNG Jet et deux pilotes - ont également été condamnés à Istanbul le 24 février à quatre ans et deux mois de prison pour leur rôle dans l'exfiltration de l'homme d'affaires. 


Maxence GEVIN

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