Biden appelle Erdogan avant d'annoncer la reconnaissance du génocide arménien

V. F
Publié le 23 avril 2021 à 22h30
Biden appelle Erdogan avant d'annoncer la reconnaissance du génocide arménien
Source : ADEM ALTAN / AFP

DIPLOMATIE - Le président américain Joe Biden s'est entretenu ce vendredi 23 avril par téléphone avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, a indiqué la Maison Blanche, à la veille de la reconnaissance attendue du génocide arménien par les États-Unis.

"Bâtir une relation bilatérale constructive", c'est en ces termes que le président américain Joe Biden a rendu compte de son premier entretien téléphonique ce vendredi avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, a indiqué la Maison Blanche, qui évoque la nécessité d'une "gestion efficace des désaccords".

Même son de cloche côté turc. "Les deux dirigeants ont convenu du caractère stratégique de la relation bilatérale et de l'importance de travailler ensemble à bâtir une coopération plus étroite sur les sujets d'intérêt mutuel", a par exemple souligné la présidence turque dans un compte rendu de cette conversation.

"Des massacres réciproques"

Pour autant, les sujets qui fâchent ont-ils été évoqué, alors que les États-Unis s'apprêteraient à reconnaître le génocide arménien ? Ce communiqué ne mentionne en effet à aucun moment la possibilité de cette reconnaissance qui suscite l'ire d'Ankara. Toutefois, le département d'État américain a évoqué vendredi une "annonce" attendue samedi, laissant peu de doute sur la décision de Joe Biden qui avait promis, avant son élection, de prendre l'initiative sur ce dossier.

Avant lui, une vingtaine de pays et de nombreux historiens ont fait ce geste. Mais le génocide arménien est toujours vigoureusement contesté par la Turquie, alors que le 24 avril marque le début des massacres d'Arméniens par l'Empire ottoman en 1915. La Turquie refuse l'utilisation du terme "génocide" et récuse toute velléité d'extermination, évoquant des massacres réciproques sur fond de guerre civile et de famine dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort. Les Arméniens, eux, estiment qu'un million et demi des leurs ont été tués de manière systématique pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l'Empire ottoman, alors allié à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie.

Malgré des années de pressions de la communauté arménienne aux États-Unis, aucun président américain ne s'était jusqu'ici risqué à fâcher Ankara, allié historique de Washington et membre de l'Otan. Le Congrès américain a reconnu le génocide arménien en décembre 2019 lors d'un vote symbolique, mais Donald Trump avait refusé d'utiliser le mot. Joe Biden va-t-il s'y hasarder ? 

Une chose est sûre, même si cette annonce n'aura pas de portée légale, elle ne peut qu'aggraver les tensions avec une Turquie que le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a qualifiée de "soi-disant partenaire stratégique" qui "par de nombreux aspects ne se comporte pas comme un allié". Sans citer les États-Unis, le président turc avait dès jeudi adressé une mise en garde à peine voilée à Washington. Le président américain et Recep Tayyip Erdogan ont toutefois convenu de se rencontrer en juin en marge du sommet de l'Otan à Bruxelles.


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