Grèce : c'est quoi le "IOU", cette monnaie provisoire qui pourrait voir le jour ?

Publié le 6 juillet 2015 à 12h40
Grèce : c'est quoi le "IOU", cette monnaie provisoire qui pourrait voir le jour ?

ZOOM - Après la victoire du "non" au référendum, la Grèce pourrait se retrouver à court d’euros, si la Banque centrale européenne cesse de fournir cette monnaie au pays. L’Etat grec pourrait alors être contraint d’émettre une monnaie provisoire.

Quelles conséquences pour la Grèce après le "non" au référendum  ? Les pistes de sortie de crise restent floues, mais une hypothèse se dessine d’ores et déjà : si la situation ne se débloque pas, et si la Banque centrale européenne cesse de fournir des euros au pays, une fois les coffres des banques vides, l’Etat grec pourrait être obligé d’avoir recours à une monnaie provisoire.

C’est en effet l'une des portes de sortie, si le gouvernement se retrouve à sec. Il devra en effet continuer à verser des salaires et des retraites, voire payer ses fournisseurs. Il émettrait alors des "IOU", sorte d'ersatz de monnaie temporaire. L'acronyme anglais "IOU" signifie littéralement "I Owe You" : "Je te dois" ou "Je vous dois". Il s'agit en fait d'une promesse écrite de paiement, d'une reconnaissance de dette émise par un débiteur qui, pour une raison ou une autre, n'a pas d'argent liquide.

Un scénario catastrophe ?

Selon de nombreux économistes, le gouvernement pourrait imprimer ces titres, sortes de bons du Trésor mais qui ne sont pas assortis d'intérêts, en guise de salaires, de retraites, ou pour payer ses fournisseurs. Le tout en attendant éventuellement de retrouver un accès à l'euro, ou de créer une nouvelle monnaie, un processus très technique, très long et difficile logistiquement. Le ministre des Finances Yanis Varoufakis a ainsi fait savoir que les presses n'avaient "pas la capacité" d'imprimer des drachmes. Sous forme papier ou sous forme de certificats électroniques, plus ou moins sécurisés, les IOU pourraient être émis en parallèle des euros encore en circulation, et à parité avec la monnaie unique.

Dans un scénario imaginé par l'économiste Holger Schmieding , de Berenberg Bank, critique très virulent du gouvernement emmené par la gauche radicale Syriza, l'Etat grec délivre à un retraité touchant une pension de 500 euros par mois un bon de 500 IOU. C'est ensuite que les choses se compliquent, si le retraité décide d'utiliser cet "argent" par exemple pour faire ses courses. Le commerçant, méfiant, peut refuser de reconnaître à ces IOU la même valeur que l'euro, et demander par exemple 50 IOU pour un panier de courses valant 30 euros. "Une devise dans laquelle on n'a pas de confiance s'effondre dans une inflation galopante", prédit Holger Schmieding, pour qui le malheureux retraité se retrouverait avec une pension de 500 IOU ne valant plus que "100 ou 150 euros sur le marché noir, ou gris, ou je ne sais quoi". Loin de la valeur de départ en euros. Ce scénario catastrophe est inspiré de l'exemple du Venezuela, où la monnaie locale, le bolivar, n'en finit pas de plonger sur un marché noir où le dollar américain est roi.

Le ministre des Finances grec y avait déjà pensé

Pour certains experts, les IOU pourraient cependant être utiles et faire office de monnaie parallèle transitoire, permettant à la Grèce de rester dans une zone grise, "où l'on ne sait si elle est dans ou hors de l'euro", écrivait un éditorialiste connu du Financial Times , Wolfgang Münchau . Ces IOU, par exemple garantis par les recettes fiscales futures, ne serviraient, eux, qu'à retrouver un peu de liquide pour les échanges quotidiens. Dans un billet internet qui pourrait presque sembler prémonitoire , Yanis Varoufakis, le ministre des Finances qui a été contraint de démissionner ce lundi, imaginait en février 2014, bien avant d'arriver au gouvernement, une sorte de "monnaie parallèle" pour les Etats de la zone euro. Il expliquait les mécanismes permettant de créer une devise qui serait une "source de liquidités indépendante du marché", administrée "par les usagers", "n'impliquant pas les banques et (existant) en dehors de toutes les restrictions imposées par Bruxelles"

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La rédaction de TF1info

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