Greta Thunberg invitée à l'Assemblée ce mardi : le vrai du faux sur la jeune militante écologiste

par Cédric STANGHELLINI
Publié le 22 juillet 2019 à 18h50, mis à jour le 23 juillet 2019 à 11h34

Source : 24H PUJADAS, L'info en questions

À LA LOUPE - La venue de la jeune militante écologiste Greta Thunberg à l'Assemblée nationale fait grincer des dents parmi de nombreux députés. Beaucoup dénoncent l'histoire romancée de l'écolière et les récupérations dont sa sincérité fait l'objet. Démêlons le vrai du faux.

Ce mardi 23 juillet, la militante écologiste suédoise, Greta Thunberg, doit faire son entrée à l'Assemblée nationale. Elle est attendue pour participer à un débat d'une demi-heure autour du réchauffement climatique. Du haut de ses 15 ans, elle a ému les médias et les réseaux sociaux en lançant une grève de l'école pour le climat en août 2018. Depuis, elle fait régulièrement son apparition lors de sommets internationaux ou auprès de chefs d'Etat qui souhaitent la rencontrer. 

Mais nombreux sont les élus de l'Assemblée nationale qui s'insurgent de sa présence. Le combat pour la planète de Greta Thunberg ferait l'objet de nombreuses récupérations. Explications. 

Quel est l'origine du mouvement lancé par Greta Thunberg ?

Une très belle histoire. Tout commence le lundi 20 août 2018 à Stockholm en Suède. Ce jour-là, la jeune Greta Thunberg, âgée de 15 ans, ne se rendra pas à l'école. Elle explique que, de sa propre initiative, elle fera la grève de l'école jusqu'aux prochaines élections législatives suédoises, prévues le 9 septembre 2018. Elle compte rester assise sur le trottoir, adossée devant le Parlement de Suède et accompagnée d'un slogan devenu célèbre 'Skolstrejk för klimatet', Grève de l'école pour le climat. 

Très bien organisée, elle a également pris soin d'imprimer des tracts où elle explique sa démarche aux passants : elle refuse de retourner à l'école tant que les adultes n'agiront pas contre le changement climatique et la pollution. 

Greta Thunberg racontera plus tard, au quotidien britannique The Guardian, avoir peint son slogan sur un morceau de bois, imprimé des tracts et pris son vélo pour se rendre devant le Parlement. "Le premier jour, je me suis assis seul de 8 heures 30 à 15 heures", ce qui correspond à une journée d'école. "Le deuxième jour, les gens ont commencé à me rejoindre. Après cela, il y avait tout le temps des gens." 

Une renommée rapide qui peut s'expliquer par une large couverture médiatique et sur les réseaux sociaux. Le premier jour de son initiative, une journaliste suédoise avait déjà publié un article sous forme de portrait contenant une interview de Greta Thunberg

Je ne veux pas de votre espoir. Je veux que vous paniquiez. Je veux que vous ressentiez la peur que je ressens tous les jours.
Greta Thunberg, Davos, janvier 2019

Elle ne monte plus dans un avion ?

Face au succès de son mouvement auprès des jeunes, la jeune fille est réclamée pour s'exprimer directement lors de sommets internationaux. Mais Greta Thunberg est une des figures du mouvement mondial anti-avion, appelé en Français 'la honte de l'avion'. Attachée à ses convictions, elle décide de se déplacer uniquement en train. 

Invitée à la tribune de la COP24 en décembre 2018 à Katowice en Pologne, elle rejoignit la ville par les rails. Son discours sans concession marqua les esprits. "Nous sommes à court d’excuses et de temps. Nous sommes venus ici pour vous informer que le changement s’annonce, que cela vous plaise ou non." En janvier 2019, elle voyageât 36 heures en train pour rejoindre le sommet de Davos en Suisse. Au côté de son père, elle prononça son invective devenue célèbre, "Je veux que vous ressentiez la peur que je ressens tous les jours." 

Enfin, sur son compte Twitter, elle affirme vouloir participer à la COP25 qui se déroulera à Santiago au Chili en décembre, ainsi qu'au sommet des Nations unies à New York à la fin de l'été en septembre. Mais elle se pose une question : "J'ai décidé d'y aller. La partie délicate consiste à s'y rendre sans voler. Je n'ai pas encore résolu ce problème." 

Ses parents sont des célébrités suédoises ?

Ses parents sont des célébrités en Suède. Sa mère, Malena Ernman, est une chanteuse d'opéra de 48 ans. Elle représenta la Suède pour l'Eurovision en 2009 où elle arriva en cinquième position. Son père, Svante Thunberg, est un acteur, lui-même enfant de parents comédiens. Il est le manager et producteur de sa femme. 

Le couple n'a pas hésité à exposer la petite vie familiale dans un livre autobiographique intitulé Scener ur hjärtat [Scènes du coeur] et paru en Suède le 23 août 2018, trois jours après le début de la grève de l'école pour le climat. Dans cet ouvrage, Malena Ernman et Svante Thunberg évoquent leur vie de famille avec leurs deux filles, Greta qui est atteinte du syndrome d'Asperger et Beata, qui souffre d'un déficit d'attention. Ils évoquent également le problème du changement climatique. 

Lors des nouvelles éditions de l'ouvrage, notamment à l'étranger, la couverture ne représente plus Malena mais Greta. En mai 2019, onze discours de la jeune fille font déjà l'objet d'une publication intitulée 'No one is too small to make a difference' [Personne n'est trop petit pour faire la différence]

A-t-elle des liens avec un homme d'affaires ?

Heureux hasard. Dès le 20 août 2018, soit le premier jour où Greta Thunberg s'est rendue seule et de sa propre initiative devant le Parlement suédois plutôt que sur les bancs de l'école, un certain Ingmar Rentzhog a relayé l'histoire sur son mur Facebook. Il publie plusieurs photos de la fillette assise à même le sol, adossé contre le mur et déjà sa célèbre pancarte et une pile de tracts. 

Dans son post Facebook, Ingmar Rentzhog évoque une rencontre spontanée sur son trajet de travail. Ému par l'engagement de Greta Thunberg, il invite les Suédois à se rendre devant le Parlement pour échanger avec elle. Mais le caractère fortuit de cette rencontre est mis à mal. Ingmar Rentzhog et Greta Thunberg se connaissent déjà, ils se sont rencontrés quelques mois auparavant lors d'une conférence sur l'environnement. 

Ingmar Rentzhog est le cofondateur de la start-up We don't have time, [Nous n'avons pas le temps] un réseau social suédois dont les membres partagent leur inquiétude pour le changement climatique et la pollution. Il surfe largement sur l'image et la sincérité de la militante pour son entreprise, ce qui permet l'entreprise de lever des fonds. Une situation que dénonce dans une tribune publiée par Reporterre.net, Isabelle Attard, ancienne députée  écologiste du Morbihan qui a vécu plusieurs années en Suède, dans une tribune publiée par Reporterre.net

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Cédric STANGHELLINI

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