Une vidéo publiée sur Twitter suggère que les magasins, y compris étrangers, sont ouverts à Moscou, à l’exception de ceux des marques européennes.Si la scène se déroule bien un centre commercial de la ville, des groupes américains ou asiatiques boycottent aussi le pays.
"L’état des sanctions en Russie : Burger King, Marks and Spencer, Hugo Boss, UNIQLO, Samsung, Sony, KFC sont ouverts dans cet immense centre commercial de Moscou. Seuls Adidas, Zara ou Sephora sont fermés. Donc des boîtes US/Asie ouvertes quand seules des européennes ferment" : dans une vidéo publiée le 8 mai sur Twitter, présentée comme étant captée dans un centre commercial de Moscou le jour-même, Erik Tegnér, le fondateur de Livre Noir, s’est indigné des sanctions économiques à deux vitesses en Russie.
L'Afimall City, centre commercial moscovite
Selon celui qui arpente le Donbass et la Russie pour son média proche de l'extrême droite, seule l’Europe aurait ainsi appliqué le boycott de la Russie. Nous avons vérifié ses propos. D’abord, la scène se déroule bien dans un centre commercial de la capitale, Moscou. Nous avons pu identifier lequel, à partir de l’outil Google Maps, qui propose des images récentes des centres commerciaux de Moscou et des visites à 360°. La vidéo a donc été prise à l’Afimall City, à l’ouest du centre-ville, comme on peut le voir sur les images ci-dessous : la première est extraite de la vidéo d’Erik Tegnér, la seconde a été postée par un certain "Andrey" sur Google Maps, en janvier dernier.
Ensuite, qu’en est-il des enseignes encore ouvertes dans la ville, et dans toute la Russie ? Est-il vrai que seuls des groupes européens ont fermé leurs portes depuis le début de l’invasion russe, fin février ? Un groupe de chercheurs de l’université de Yale se charge justement de recenser la présence ou le départ de chaque marque étrangère en Russie. Sur un site dédié, Jeffrey Sonnenfeld et son équipe met à jour régulièrement les positions de chacune d'elles. Ces données datent donc du 10 mai.
L’ensemble des marques étrangères implantées en Russie sont divisées en cinq catégories, de la poursuite totale de leurs activités à leur retrait définitif du pays. Dans le détail, 213 groupes n’ont pas revu leur position depuis le début de la guerre et 155 ont reporté les nouveaux investissements qu’ils prévoyaient, comme la société américaine Subway, pour ne citer qu’elle. 137 entreprises ont réduit leurs activités principales mais en poursuivent d’autres : c’est le cas de l'Américain Coca-Cola, qui continue à exploiter certaines chaînes, comme Costa Coffee, ou Yum Brands, qui gère les restaurants KFC.
432 compagnies ont suspendu temporairement leurs activités tout en gardant une option pour rouvrir en cas d’amélioration de la situation : côté américain, on peut citer Amazon, Gap, McDonalds ou encore Nike. Côté asiatique, la marque sud-coréenne Samsung a suspendu toutes ses expéditions de pièces vers la Russie, tout comme le Japonais Uniqlo. Enfin, 330 entreprises ont totalement cessé leurs engagements dans le pays ou l’ont définitivement quitté. Parmi elles, se trouvent une soixantaine de sociétés américaines, comme Airbnb, Booking ou encore eBay. Il est donc faux d’avancer que seules des marques européennes s’adonnent à un boycott en Russie.
L’équipe de Yale s’est par ailleurs réjouie de l’influence qu’a pu avoir son travail sur la mise en œuvre de sanctions de groupes privés internationaux : "Lorsque cette liste a été publiée pour la première fois la semaine du 28 février, seules quelques dizaines d'entreprises avaient annoncé leur départ. Nous sommes honorés que notre liste ait contribué à inciter près de 1000 entreprises à se retirer dans les deux mois qui ont suivi".
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