Guerre en Ukraine : la contre-offensive ukrainienne a débuté

Guerre en Ukraine : 3 questions sur les munitions à uranium appauvri, armes perforantes controversées ?

Publié le 25 mars 2023 à 19h45, mis à jour le 25 mars 2023 à 19h58
JT Perso

Source : Sujet TF1 Info

Répondant à l'intention du Royaume-Uni de fournir des obus à uranium appauvri, redoutables pour percer les blindages, Vladimir Poutine a menacé samedi d'utiliser lui aussi ce type de munitions si l'Ukraine en recevait des Occidentaux.
Usages, dangers et historique, on fait le point sur cet armement controversé.

Les munitions contenant de l'uranium appauvri (UA) que Londres envisage de fournir à l'Ukraine sont une arme redoutablement efficace pour percer les blindages. Le recours à de telles munitions n'est pas interdit par le droit international, mais leur usage est controversé en raison des risques de toxicité pour les militaires et les populations des zones visées.

Que sont les munitions à uranium appauvri ?

L'uranium appauvri est un produit dérivé du processus d’enrichissement de l'uranium. Il est environ 60% moins radioactif que l'uranium naturel. L'uranium est un métal extrêmement dense : il l'est 1,7 fois plus que le plomb. Il est tellement dur qu’il ne se déforme pas quand il entre en contact avec sa cible. L'uranium appauvri est ainsi utilisé dans les obus perforants et les bombes pour les rendre plus pénétrants. Ils se révèlent donc efficaces pour percer les blindages des chars. Ils "ne s'approchent même pas" de la catégorie des armements nucléaires, avait précisé mercredi John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, assurant même que ces obus "ne sont pas radioactifs". 

Où ont-elles déjà été employées ?

Ces munitions sont en dotation dans de nombreuses armées, notamment américaine et russe. Elles ont été employées au cours des deux guerres du Golfe de 1991 et 2003 ainsi qu'en ex-Yougoslavie pendant les années 1990. Le Pentagone a en outre reconnu s'être servi d'obus contenant de l'uranium appauvri à deux reprises en 2015 dans des opérations contre le groupe Etat islamique en Syrie. L'annonce par le Royaume-Uni de la livraison prochaine de telles munitions à l'Ukraine a été dénoncée par Moscou, qui estime qu'un tel choix constituerait une "aggravation sérieuse" du conflit. Le président russe Vladimir Poutine a menacé samedi d'utiliser des obus à uranium appauvri en Ukraine si Kiev devait en recevoir de la part des Occidentaux, comme récemment évoqué par une responsable britannique. "La Russie, bien sûr, a de quoi répondre. Nous avons, sans exagérer, des centaines de milliers d'obus de ce type. Nous ne les utilisons pas pour le moment", a déclaré M. Poutine lors d'une interview à la télévision russe.

Présentent-elles un risque sanitaire et environnemental ?

Selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), l'uranium appauvri est un "métal lourd, chimiquement et radiologiquement polluant". Les obus perforants atteignant leur cible produisent une poussière d'uranium ainsi que des fragments de métal.

Sur le plan de la santé, "le principal risque" que qu'entraîne l'uranium appauvri "n'est pas la radioactivité, mais bien la toxicité chimique. L'ingestion ou l'inhalation de grandes quantités peut nuire au fonctionnement des reins. Si une personne inhale de grandes quantités de petites particules pendant une longue période, la principale préoccupation pour la santé sera l’augmentation du risque de cancer du poumon", souligne la commission canadienne de sûreté nucléaire. Les munitions à uranium appauvri ont notamment été citées comme l'une des causes possibles des problèmes de santé des anciens combattants de la guerre du Golfe ou encore du nombre élevé de cancers ou encore de malformations congénitales dans la ville irakienne de Falloujah. Toutefois, leur rôle n'a pas été scientifiquement prouvé.

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De nombreuses études ont conclu à l'absence de preuves établissant la nocivité de l'uranium appauvri mais ces résultats restent contestés. Selon les études auxquelles l’Agence internationale de l’énergie atomique a été associée, "le risque radiologique auquel étaient exposés les populations et l'environnement n'était pas important dans les cas où la présence d'uranium appauvri avait provoqué une contamination localisée de l'environnement sous forme de petites particules libérées au moment de l'impact", souligne le bureau des affaires de désarmement de l'ONU.

En revanche, "lorsque des fragments de munitions à uranium appauvri ou des munitions complètes de ce type sont découverts, les personnes qui entrent en contact direct avec ces objets pourraient subir les effets des rayonnements", concluent les Nations unies. 

Dans des conclusions sur ce sujet, la Commission européenne expliquait que "dans les zones de combat, les véhicules touchés par des munitions contenant de l'UA doivent être rendus inaccessibles au grand public et correctement évacués et traités. Les munitions usagées contenant de l'UA doivent également être collectées et évacuées et traitées".


La rédaction de TF1info avec AFP

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