C'est quoi le "système Swift", dont plusieurs alliés comme la France veulent exclure la Russie ?

Publié le 25 février 2022 à 17h20

Source : JT 20h Semaine

Le président américain a annoncé une série de sanctions contre Moscou, au soir du début de l'invasion russe de l'Ukraine.
L'exclusion de la Russie du système interbancaire "Swift" n'a finalement pas été retenue, alors qu'elle était notamment réclamée par le président ukrainien.
Qu'est-ce que le "système Swift", cet outil financier qui pourrait devenir une arme économique ?

Alors qu'il venait d'énumérer la liste des sanctions prises contre le régime russe, après son offensive militaire en Ukraine, le président américain a été interrogé par les journalistes présents à la Maison Blanche, surpris qu'il n'ait finalement pas choisi d'exclure la Russie du système de connexion interbancaire Swift. Si Joe Biden a maintenu que cette mesure restait "une option", il a reconnu que le consensus n'était pas atteint parmi les alliés pour la mettre en place. Quelques heures plus tard, les dirigeants européens réunis à Bruxelles semblaient, eux aussi, en voie d'écarter cette possibilité. Le ministre de l'Économie français, Bruno Lemaire, a de son côté fait savoir que "certains États membres ont fait part de réserves, la France ne fait pas partie de ces États". Quelle est donc cette arme économique redoutable, dont ceux qui pourraient l'utiliser semblent en craindre le double tranchant ?

Swift est l'un des plus importants réseaux de messagerie bancaire et financière, créée en 1973 pour remplacer la technologie vieillissante du Télex. C'est une société basée à Bruxelles, qui se veut neutre, est organisée en coopérative de banques, et dont l'acronyme signifie en anglais : Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (Société pour la télécommunication financière interbancaire mondiale, NDLR). 

Au quotidien, vous en utilisez le code BIC pour vos virements bancaires, dont elle est à l'origine, et qui permet d'identifier toute banque par un code unique composé de 8 à 11 caractères, prenant en compte le nom de la banque, son pays d'origine, et même l'agence ayant traité l'ordre en question. Plus globalement, le système Swift permet le transit des ordres de paiement entre banques, des transferts de fonds de la clientèle des banques, ou de ceux émis pour acheter ou vendre des valeurs mobilières.

Le risque d'accélérer l'autonomie de la Russie ?

La société revendique 11.000 établissements clients dans le monde, répartis dans 200 pays. La Russie serait d'ailleurs le second client en nombre d'utilisateurs, juste derrière les États-Unis. Moscou met cependant peu à peu en place ses propres infrastructures financières, notamment avec le système de transferts SPFS. Et c'est peut-être ce qui inquiète les pays les plus défavorables à une exclusion de la Russie du système Swift : accélérer l'autonomie bancaire de la Russie, qui pourrait aussi se tourner vers l'équivalent chinois déjà opérationnel. Ce serait un affaiblissement du réseau interbancaire Swift, dont la force repose sur la participation du plus grand nombre possible d'opérateurs.

L'autre difficulté serait la complexification pour des acteurs économiques de plusieurs pays alliés, comme les Européens qui ont de nombreux échanges économiques avec leur voisin russe, et ceux qui dépendent de ses fournitures en gaz. Les Occidentaux avaient déjà évoqué l'exclusion de la Russie du système Swift, peu après l'annexion de la Crimée en mars 2014, sans recourir finalement à cette arme à double tranchant. Jusqu'ici, seul l'Iran a déjà été exclus de ce réseau interbancaire, entre 2012 et 2016.


La rédaction de TF1info (avec AFP)

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