Ukraine : ces autres milices russes qui pourraient faire de l’ombre à Wagner

Publié le 27 avril 2023 à 14h26

Source : TF1 Info

La Russie cherche à faire émerger d’autres sociétés militaires privées pour concurrencer Wagner et son influence.
Une tradition de milices privées qui remonte à plus loin que l’invasion de l’Ukraine et qui comporte de nombreux avantages.

Wagner désormais dans la lumière, qui pourrait lui faire de l’ombre ? Aujourd’hui, les soldats du groupe paramilitaire, dont certains ont été recrutés directement dans les prisons russes, évoluent en Ukraine et aspirent à de grandes ambitions. Wagner pourrait compter sur 20.000 hommes dans le pays. Mais d’autres entités privées pourraient venir marcher sur leurs plates-bandes. Selon les services de renseignement britanniques, le Kremlin cherche désormais à reprendre la main en voulant parrainer et développer "des sociétés militaires privées alternatives" pour combattre en Ukraine. 

Un intérêt politique, économique et militaire

En effet, ces PMC (private military companies) comportent de véritables avantages pour le pouvoir sur le plan politique, militaire, mais aussi économique. Elles bénéficient d'une marge de manœuvre considérable sur le terrain, puisqu’elles échappent à la loi russe et servent de "sous-traitants" à l’armée traditionnelle. Mais Moscou peut aussi "soutenir des partenaires étatiques et non étatiques, extraire des ressources, influencer des dirigeants étrangers et s'engager dans d'autres activités qui font avancer les objectifs de la politique étrangère russe", selon le Centre d'études stratégiques et internationales.

Sur leur fonctionnement et leur nombre, difficile d’obtenir des détails précis tant ces sociétés avancent à pas feutrés. La clé de leur succès tient à leur discrétion. Les agissements de Wagner étaient gardés relativement secrets jusqu’à quelques mois, avant que des enquêtes ne soient publiés sur la milice et que son fondateur, Evguéni Prigojine, ne reconnaisse son existence fin septembre.

Cette vidéo publiée sur Telegram par Concord, une société proche de Wagner, montrerait Evguéni Prigojine parler avec des recrues. Aucune date ni lieu n'est renseigné.
Cette vidéo publiée sur Telegram par Concord, une société proche de Wagner, montrerait Evguéni Prigojine parler avec des recrues. Aucune date ni lieu n'est renseigné. - HANDOUT / TELEGRAM/ @CONCORDGROUP_OFFICIAL / AFP

Une chose est sûre, deux PMC proches du Kremlin sont aujourd’hui déterminées à aller en Ukraine, ou y sont même déjà. Patriot aurait été repéré dans le Donbass en décembre dernier, une première depuis Wagner. "Nous avons constaté, notamment dans la région de Stepne sur le front de Wuhledar, qu'en plus des PMC Wagner, des PMC Patriot attribués à l'actuel ministre russe de la Défense Choïgou ont été repérés. Il est évident qu'ils font appel à toutes les capacités de combat pour obtenir au moins quelques résultats", a affirmé en décembre Serhii Cherevatyi, un porte-parole de l’armée ukrainienne.

Cette société serait donc étroitement liée au ministre de la Défense et aurait surtout pour but de servir les intérêts de Vladimir Poutine. Elle existerait depuis le printemps 2018, où elle aurait été déployée en Syrie, selon le média indépendant russe TV Rain qui l’a documenté à l’époque. Mais aussi au Yémen ou au Burundi. Ses effectifs sont encore méconnus des services de renseignement étrangers.

Un recrutement dans les territoires occupés ou en ex-URSS

Une autre ambition militaire émerge du côté d’une entreprise chère à l’économie russe : Gazprom, qui serait en train de créer sa propre société privée, d’après le ministère ukrainien de la Défense, qui renvoie à un décret russe pris début février. La réaction de Wagner n’a pas tardé à tomber puisque Evguéni Prigojine y a tout de suite vu une volonté de "diluer" son organisation. Ici, le but serait double pour le Kremlin. Concurrencer la milice qui lui échappe désormais et servir ses intérêts, dans un cadre moins légal, selon des spécialistes interrogés par l’agence de presse Rossa Primavera. À l’heure actuelle, cette société ne semble pas avoir vu le jour, ni s’être déployée en Ukraine.

Ces nouvelles entités qui veulent s’imposer ne feraient cependant pas le poids face à l’envergure de Wagner, estime le ministère de la Défense britannique. Toujours est-il que la création de groupes paramilitaires en Russie est une tradition antérieure à l’invasion du pays en 2022. On peut citer la société ENOT Corp, fondée par le nationaliste russe Igor Mangushev pour participer activement au conflit dans le Donbass. L’homme aurait établi des camps en Russie avant d’envoyer ses membres formés dans les "Républiques populaires" séparatistes de Lougansk et de Donetsk, officiellement pour fournir une aide humanitaire, mais en réalité pour combattre contre les forces ukrainiennes, selon Kiev. 

Selon des médias russes, Igor Mangushev serait même l’homme à l’origine de la lettre Z, apposée sur les chars de l’armée en Ukraine. De manière générale, le ministère ukrainien de la Défense relevait en 2020 que les PMC recrutent des mercenaires en Russie, mais aussi dans les anciens États soviétiques ou dans les territoires occupés, dans le Donbass et en Crimée. 


Caroline QUEVRAIN

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