En 1932 et 1933, l'Ukraine fait face à une famine intentionnellement provoquée par le régime de Staline, l'"Holodomor".Un terme qui désigne littéralement "l'extermination par la faim" de près de 4 millions de civils, des paysans essentiellement.Ce crime de masse, dont on commémore le 90e anniversaire, a acquis une nouvelle résonance depuis l'invasion ordonnée par Vladimir Poutine.
La nourriture comme arme de guerre. Outre les combats et les bombardements d'infrastructures énergétiques et militaires, la Russie a dans son viseur le "grenier de l'Europe" : champs bombardés, stocks de blé saisis, exportations de céréales paralysées… Depuis l'invasion lancée en février par Vladimir Poutine et à mesure que l'hiver approche, les tensions se répètent autour de cette question cruciale de l'alimentation. Un sujet qui rappelle au pays l'une des périodes les plus sombres de son histoire, l'"Holodomor" - terme ukrainien qui signifie littéralement "l'extermination par la faim" - dont on commémore le 90e anniversaire.
Retour en arrière : en 1932, le régime de Joseph Staline déclenche une campagne de collectivisation forcée au cours de laquelle les autorités soviétiques réquisitionnent blé, légumes et bétail, acculant les paysans à la famine, notamment en Ukraine. Selon des historiens ukrainiens et occidentaux, cette famine, intentionnellement provoquée par le pouvoir soviétique, visait à briser (déjà) les velléités d'indépendance de Kiev. Elle a surtout fait des millions de morts. Et des cas de cannibalisme ont été rapportés.
Des milliers de morts de faim quotidiennement
"De 1932 à 1934, la famine a tué 13% de la population ukrainienne", soit 3,9 millions de personnes, dont un million d'enfants de moins de dix ans, selon les dernières estimations de l'Institut ukrainien de la démographie. Les autorités soviétiques, qui ont caché cette tragédie pendant des décennies, avaient bloqué les livraisons de produits alimentaires dans les régions frappées par la famine et continuaient à exporter du blé à l'étranger, malgré des milliers de morts de faim chaque jour. Des millions de personnes sont également mortes de faim en Biélorussie (Bélarus), au Kazakhstan, en Moldavie et en Russie, au paroxysme de la crise alimentaire.
En 1933, le journaliste britannique Gareth Jones avait pu se rendre en Ukraine. Après son reportage, il avait tenu une conférence de presse pour alerter sur le calvaire enduré par les Ukrainiens : "Dans le train, un communiste à qui je posais la question de la famine, en a nié l’existence. J’ai jeté un croûton de pain dans un crachoir. Un paysan qui partageait notre compartiment s’en est emparé comme s’il n’avait pas mangé depuis des jours. Puis j’y ai jeté l’écorce d’une orange, et ce paysan l’a dévorée". Le récit du journaliste inspirera le film Dans l'ombre de Staline, sorti en 2020.
L'Ukraine, où le quatrième samedi de novembre a été proclamé Journée d'hommage aux victimes de la famine, a reconnu ce drame comme génocide contre son peuple en 2006. Une quinzaine d'autres pays dont les États-Unis et le Canada ont fait autant. La Russie, où plusieurs millions de personnes sont également mortes de faim en 1933, dénonce cette interprétation depuis des années.
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