Torture à Kherson : de nombreux cas recensés par les autorités ukrainiennes

TG
Publié le 18 novembre 2022 à 16h00

Source : TF1 Info

Depuis la libération de Kherson par l'armée ukrainienne, des récits d'habitants torturés par l'occupant russe sont évoqués.
De nombreux prisonniers de guerre ukrainiens et russes sont concernés, a prévenu l'ONU.

"L'ampleur du phénomène est horrible." C'est ce qu'a déclaré Dmytro Loubynets, haut responsable ukrainien chargé au Parlement des droits de l'Homme, à la télévision nationale ukrainienne. En cause : des cas de torture à Kherson. Depuis la libération de la ville sous le joug des Russes durant plusieurs mois, les récits se multiplient, laissant redouter un phénomène massif dans la région.

Les autorités ukrainiennes ont en effet annoncé avoir découvert plusieurs salles de torture dans des zones de la région de Kherson. Elles ont notamment été fréquentées par un oncle et son neveu, dont LCI a pu recueillir le témoignage. Les deux hommes venaient de prendre en photos des chars détruits pour les envoyer à l'armée ukrainienne quand ils ont été arrêtés. Le début d'un calvaire qui durera plusieurs jours. "Nous avons été attachés et emmenés à Kherson. Nous étions 12, certains sont restés là un mois, d'autres une ou plusieurs semaines", a raconté l'adolescent.

"Nous étions menacés avec des armes à feu"

"Ils m'ont bandé les yeux, et emmené dans un endroit, je ne sais pas où", a poursuivi son oncle. Avant d'ajouter : "Ils m'ont donné des coups de pieds, frappés au visage jusqu'à ce que mon nez saigne. Parfois, ils nous donnaient des chocs électriques, parfois nous étions menacés avec des armes à feu. Ils ont dit qu'ils nous forceraient à aller dans un champ de mines." Il sera libéré après aveux concernant les destinataires de ses photos.

Les deux hommes ne sont pas des cas isolés : Matilda Bogner, qui dirige la Mission de surveillance des droits de l'homme en Ukraine pour l'ONU, a longuement décrit mardi les sévices subis des deux côtés par les prisonniers de guerre. Au cours des derniers mois, la mission a interrogé 159 prisonniers de guerre (139 hommes et 20 femmes) détenus par la Russie et ses groupes armés affiliés et 175 prisonniers de guerre (tous des hommes) capturés par l'Ukraine.

Dès leur capture, certains étaient battus, puis transportés vers leur lieu de détention, "souvent dans des camions ou des bus surpeuplés", sans avoir toujours accès à l'eau et des toilettes pendant plus d'une journée. "Leurs mains étaient attachées et leurs yeux recouverts de ruban adhésif si serré qu'il laissait des blessures sur leurs poignets et leur visage", a raconté Matilda Bogner. À leur arrivée, les prisonniers de guerre sont soumis à des "procédures d'admission", selon les témoignages recueillis par l'ONU, durant laquelle ils sont notamment passés à tabac, attaqués par des chiens ou dénudés. Plusieurs ont subi diverses formes de violences sexuelles. "Des prisonniers de guerre ont décrit avoir été battus, notamment avec des matraques et des marteaux en bois, avoir reçu des coups de pied et des décharges électriques" avec des pistolets électriques notamment, a indiqué Matilda Bogner.

La mission a également interrogé 20 prisonnières de guerre, dont certaines avaient été envoyées dans la colonie pénitentiaire près d'Olenivka, dans la région de Donetsk. Ces dernières, a indiqué la responsable onusienne, n'ont pas subi de violences physiques mais entendaient les cris des hommes torturés dans les cellules voisines. Dans d'autres centres, des prisonnières capturées par les russes ont raconté avoir été battues, électrocutées et menacées de violences sexuelles, ou ont été forcées de courir nues en présence de gardes.


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