Selon le Pentagone, qui confirme des accusations de Kiev, plus d'un million de civils auraient été "envoyés en Russie contre leur gré".Une telle déportation de population serait contraire aux conventions de Genève.Moscou avance des chiffres analogues, mais parle "d'évacuations".
Des Ukrainiens ont été "envoyés contre leur gré en Russie", a annoncé ce lundi le porte-parole du Pentagone au cours de sa conférence de presse quotidienne. "Nous n'avons pas de chiffres", a développé John Kirby, "mais nous avons vu des signes montrant que des Ukrainiens sont emmenés d'Ukraine en Russie".
Cette déclaration, basée sur les informations des services de renseignement américains, confirme, au moins en partie, les accusations portées par Kiev depuis plusieurs semaines. Selon la responsable ukrainienne Lioudmila Denissova, "plus de 1,19 million de nos citoyens, y compris plus de 200.000 enfants, ont été déportés vers la Fédération de Russie".
S'il est exercé contre la volonté des personnes déplacées, un tel transfert de population ou d'individus relèverait de la déportation, interdite selon les termes de la quatrième convention de Genève, qui proclame "l'interdiction des transferts forcés et des déportations de personnes protégées hors du territoire occupé".
Interrogé immédiatement sur la qualification de "nettoyage ethnique", un crime distinct, mais dont la déportation d'une population peut justement être l'outil, John Kirby a refusé de reprendre formellement le terme, n'évoquant que la "brutalité" russe à l'égard du peuple ukrainien. Il a en revanche également confirmé l'existence de "camps" en Russie, où seraient regroupés ces Ukrainiens déportés, soulignant qu'il n'en connaissait pas le détail.
Moscou parle de civils "évacués"
Si Kiev dénonce régulièrement des transferts d'individus ou de groupes de civils en direction de la Russie ou de la Biélorussie, Moscou explique que ceux-ci sont en fait des évacuations de civils hors des zones de combats, principalement issus des secteurs séparatistes du Donbass. Les chiffres sont d'ailleurs analogues, le ministère russe de la Défense ayant annoncé début mai qu'un peu plus d'un million de personnes, dont 200.000 enfants, avaient été "évacués sans la participation des autorités ukrainiennes". Une affirmation en droite ligne de la rhétorique de "libération" d'une population ukrainienne en proie aux "néo-nazis", avec laquelle Vladimir Poutine justifie son offensive depuis le 24 février dernier.
S'il est difficile de faire la part des départs volontaires vers la Russie - bien réels pour un certain nombre de civils des zones prorusses du Donbass -, de nombreux récits ont émergé depuis les premières semaines du conflit, d'Ukrainiens arrêtés et emmenés en Russie ou en Biélorussie. Plusieurs d'entre eux, plus tard échangés contre des prisonniers russes, ont d'ailleurs pu en témoigner directement.
Selon un décompte de l'ONU du 25 avril dernier, le nombre de réfugiés en Russie s'élevait à plus de 605.000, tandis qu'environ 25.000 étaient enregistrés en Biélorussie, pays allié à Moscou pour son offensive militaire. La Russie est la troisième destination immédiate des personnes fuyant la guerre en Ukraine, derrière la Pologne et la Roumanie. Selon le dernier pointage de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 13 millions de personnes ont dû fuir leur lieu de résidence depuis l'invasion de l'Ukraine le 24 février dernier, dont 5,5 millions ont quitté le pays.
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