Guerre en Ukraine : Kaliningrad, Transnistrie... Le conflit peut-il s'élargir ?

Publié le 26 février 2022 à 20h35, mis à jour le 26 février 2022 à 21h02

Source : JT 20h WE

Depuis jeudi matin, les troupes russes ont envahi l'Ukraine et tentent de prendre le contrôle de Kiev.
Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, craint désormais que le conflit ne s'étende ailleurs.
L'oblast de Kaliningrad, la Transnistrie… Quelles zones pourraient être concernées ?

La guerre en Ukraine pourrait-elle s'élargir à d'autres territoires ? Depuis les premières heures de la journée de jeudi, les troupes russes sont entrées sur le sol ukrainien, et avancent jusqu'aux portes de la capitale, Kiev. Le lendemain, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, n'a pas caché son inquiétude quant aux ambitions de Vladimir Poutine. Au micro de France inter, il s'est dit "inquiet pour la suite", notamment au sud de l'Europe, pour la Moldavie et la Géorgie.

Ces deux pays ont reçu le soutien ce samedi du président de la République Emmanuel Macron, qui les a assurés de sa "détermination à les soutenir". Plus au nord, les pays baltes craignent également que le conflit ne s'étende à leurs portes. En cause, l'oblast de Kaliningrad. Ce petit territoire sur les côtes de la mer Baltique, situé entre la Pologne et la Lituanie, deux membres de l'Otan, pourrait envenimer le conflit.

Google Maps

Kaliningrad, une base militaire russe au cœur de l'Otan

Cette enclave russe, hautement militarisée, est stratégique pour la Russie. "La flotte de la mer Baltique, l'une des plus importantes de Russie, y est stationnée", expliquait vendredi pour TF1info Carole Grimaud Potter, professeure de géopolitique à l'université de Montpellier et spécialiste du monde russe. L'oblast de Kaliningrad est entouré par des membres de l'Otan, dont le président américain Joe Biden a annoncé son intention de défendre "le moindre pouce de territoire".

"Si Kaliningrad avait l'intention de poser des pressions aux frontières, nous entrerions dans quelque chose de gravissime", avertit Carole Grimaud Potter. D'autant que si les troupes russes veulent rejoindre Kaliningrad par la voie terrestre, elles seraient obligées de mettre pied à terre en territoire polonais ou lituanien. Ce qui serait une "grave provocation envers l'Otan", juge la spécialiste du monde russe. "Nous serions alors dans une autre configuration puisque les pays baltes et la Pologne font partie de l'Otan. Et l'article 5 donne l'autorisation aux pays alliés de défendre le pays attaqué."

La Transnistrie, un territoire pro-russe non reconnu

Autre point de vigilance : la Transnistrie. Cette enclave composée de séparatistes pro-russes s'étend le long de la frontière avec l'Ukraine, en Moldavie. Elle n'est pas reconnue comme indépendante par la communauté internationale, mais est soutenue par la Russie. "Une occupation des troupes russes y existe depuis la fin de l'Union soviétique", précise à TF1info Carole Grimaud Potter. 

La présidence française a elle-même évoqué son cas dans un communiqué publié mercredi, demandant notamment à ce territoire d'être "conscient qu'il y a des choix à faire, que le partenariat avec l'Union européenne nécessite une forme de clarté". D'autant que la Moldavie s'est rapprochée de l'Occident. Le pays "a changé de pouvoir ces derniers mois, et le gouvernement est devenu pro-européen" en lieu et place d'un gouvernement pro-russe, indique la professeure de géographie.

De quoi irriter Vladimir Poutine, qui pourrait profiter de la présence de pro-russes pour intervenir dans cette zone. "Cela peut être un territoire à risque. Nous pouvons imaginer que la Russie souhaite récupérer ce territoire par la force comme elle le fait avec l'Ukraine", poursuit Carole Grimaud Potter.

Or, si la Moldavie ne fait pas partie de l'Otan, elle collabore avec l'alliance militaire, et Emmanuel Macron a assuré soutenir ce pays. Une invasion des troupes russes en Transnistrie pourrait donc encore aggraver la situation, même si une intervention militaire de l'Otan semble écartée. "Il n'y a pas plus de risques que pour l'Ukraine", estime la spécialiste du monde russe, qui note toutefois que la population moldave reste "moins pro-européenne que celle ukrainienne."


Idèr NABILI

Tout
TF1 Info