Finalement, l'Afrique du Sud ne quitte pas la Cour pénale internationale

par M.L (avec AFP)
Publié le 26 avril 2023 à 11h54

Source : JT 13h WE

Le président sud-africain avait affirmé mardi que le parti au pouvoir demandait le retrait du pays de la CPI.
En cause : un mandat d’arrêt émis contre Vladimir Poutine pour crime de guerre en Ukraine.
L’Afrique du Sud, critiquée depuis le début de la guerre pour sa proximité avec Moscou, est finalement revenue sur cette annonce, déplorant une "erreur" de communication.

En quelques heures, le gouvernement a fait volte-face. La présidence de l'Afrique du Sud a annoncé mardi qu'elle ne quitterait pas la Cour pénale internationale (CPI), invoquant une "erreur" de communication du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC). Un peu plus tôt dans la journée, le chef d’État sud-africain avait annoncé que le parti souhaitait un retrait de la juridiction internationale. Il refuse de devoir arrêter le président russe s’il entre sur son territoire, ce à quoi l’oblige la CPI, qui a délivré un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour crime de guerre en Ukraine.

"La présidence souhaite clarifier le fait que l'Afrique du Sud reste signataire du Statut de Rome (...) Cette clarification fait suite à un commentaire erroné lors d'une conférence de presse de l'ANC", a-t-elle indiqué dans la soirée. "Le parti au pouvoir a tranché, estimant prudent que l'Afrique du Sud se retire de la CPI", avait déclaré quelques heures plus tôt le président Cyril Ramaphosa lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite du président finlandais Sauli Niinistö, après une réunion de l’ANC au cours du week-end.

"Poutine peut venir à tout moment dans ce pays"

La CPI installée à La Haye a émis en mars un mandat d'arrêt contre le président russe Vladimir Poutine pour le crime de guerre de "déportation" d'enfants ukrainiens. Or Pretoria doit accueillir en août un sommet des Brics - groupe de pays réunissant l'Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, l'Inde et la Russie. Membre de la CPI, le pays est théoriquement censé arrêter le président russe s'il entre sur son territoire. 

La question de savoir si l'Afrique du Sud arrêtera le chef du Kremlin est "à l'étude", avait ajouté Cyril Ramaphosa. Le président russe Vladimir "Poutine peut venir à tout moment dans ce pays", avait déclaré plus tôt le secrétaire général de l'ANC Fikile Mbalula lors d'une conférence de presse. "La CPI ne sert pas les intérêts de tous, mais ceux de quelques-uns", avait-il fustigé.

Pretoria ne quittera donc pas la juridiction mondiale. Mais même si elle avait tenté de la faire, elle aurait été obligée d'arrêter Vladimir Poutine s’il se rendait sur son sol, car un retrait de la CPI prendrait plus d'un an pour être effectif à partir de la date de l'annonce officielle de son départ.

Puissance diplomatique africaine, l'Afrique du Sud refuse de condamner Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine, affirmant adopter une position neutre pour être en mesure de "jouer un rôle dans la résolution des conflits", a une nouvelle fois expliqué Cyril Ramaphosa, indiquant s'être entretenu à plusieurs reprises avec Vladimir Poutine. Le pays a par ailleurs accueilli en février des exercices navals avec la Russie et la Chine au large de ses côtes, suscitant l'"inquiétude" sur la scène internationale. Les liens entre l'Afrique du Sud et la Russie remontent à l'époque de l'apartheid, le Kremlin ayant apporté son soutien à l'ANC dans la lutte contre le régime raciste.

L'Afrique du Sud avait déjà voulu se retirer de la CPI en 2016 après une visite de l'ancien président soudanais Omar el-Béchir. Pretoria avait refusé de procéder à l'arrestation de ce dernier, également visé par un mandat d'arrêt de la Cour. Mais le retrait de Pretoria avait été contrecarré par la justice du pays, qui avait estimé qu'une telle décision serait inconstitutionnelle.


M.L (avec AFP)

Tout
TF1 Info