Un rapport publié par Newsguard épingle la violence sur TikTok.Selon l'entreprise américaine, le réseau social serait utilisé par le groupe Wagner pour faire sa promotion et chercher à recruter.Les vidéos violentes de la milice russe y ont récolté plusieurs millions de vues.
Le réseau social préféré des jeunes est aussi le lieu de vidéos particulièrement macabres. Car au milieu des chorégraphies d'ados et des jeux d'acteur amateurs, on trouve des appels à la violence et des vidéos d'exécution. Dans un rapport publié le 1er décembre, Newsguard a révélé que sur TikTok, la milice russe Wagner célèbre ses exactions, dans une violation très claire du règlement de la plateforme.
Musiques, clips saccadés et appels aux meurtres
En tout, cette start-up spécialisée dans l'analyse de la désinformation en ligne a répertorié 160 vidéos montrant ou glorifiant des actes de violence perpétrés par la milice Wagner, ce groupe armé paramilitaire ultra-violent. Parmi elles, certaines montrent l'exécution de Yevgeny Nuzhin, un ancien mercenaire russe passé du côté des Ukrainiens. Pour rappel, l'homme avait été abattu par un coup de marteau dans une mise en scène funèbre, visage scotché au mur de brique. Une exaction sordide, qui est pourtant glorifiée par la milice russe. Le marteau est devenu un symbole. Et 14 vidéos sur TikTok célébraient cette mise à mort. Si celle-ci n'apparaît pas dans son intégralité ce jeudi 8 décembre, au moins deux vidéos montraient des extraits de ce meurtre.
Mais la mort n'est pas la seule à être mise en scène. Derrière plus de dix hashtags, le groupe armé promeut la violence. Ainsi, selon Newsguard, plus de 500 clips aux musiques exaltantes font l'apologie des armes, de ses soldats, du meurtre, mais aussi de la mise à mort des Ukrainiens, comparés à des "nazis" ou des "porcs".
Si TikTok a supprimé bon nombre de clips depuis le rapport de l'entreprise américaine, certaines vidéos passent encore sous le radar du réseau social chinois. Difficiles à trouver, elles sont identifiables derrière des hashtags mal écrits ou en suivant certaines musiques. Mais d'autres restent clairement visibles, et récoltent plusieurs centaines de milliers de vues. Comme celle publiée le 16 novembre. Vue plus de 244.000 fois, elle montre des hommes en treillis arborant fièrement leurs armes et leur logo à tête de mort aux couleurs de Wagner. Le tout, sur une musique techno, composée par un certain Akim Apatchev. Le titre de la chanson signifie littéralement "L'été et les arbalètes" et son auteur est un Ukrainien né à Marioupol, devenu figure pro-russe et patriotique. Sur TikTok, sa musique sert d'illustration à des dizaines de vidéos pro-Kremlin.
D'autres clips vont encore plus loin, appelant à "découper" les "porcs" - en référence aux Ukrainiens. Pour faire passer ce message, certains internautes utilisent en effet une chanson à la gloire de Wagner. Dès le premier couplet, un homme prévient que "le chemin" de l'ennemi sera "pavé de PMC" (pour "Société militaire privée", l'acronyme utilisé par Wagner) quand une femme menace lors du refrain d'aller "chercher le coupe-cochon" et conseille aux Ukrainiens de "courir vers l'ouest et avaler le *** de l'Union européenne" (le mot est censuré dans la chanson). Une troisième vidéo, toujours disponible en ligne, fait quant à elle des appels à la décapitation et montre un milicien posant fièrement devant une maison en flammes. Elle a récolté plus de 82.500 vues en un mois.
Des images qui vont toutes à l'encontre du règlement de TikTok. Pour tous ses usagers, la plateforme interdit les discours ou comportements haineux qui ont "pour objectif d'attaquer, de menacer, d'inciter à la violence ou de déshumaniser une personne ou un groupe de personnes". Sont aussi prohibées toutes les "idéologies haineuses". Dans ses "lignes directrices", la plateforme affirme également ne pas autoriser "les personnes ou les organisations qui promeuvent ou s'adonnent à la violence, notamment les organisations terroristes, les groupes haineux organisés, les organisations criminelles, et les autres groupes armés non étatiques qui prennent les civils pour cible". Les vidéos de la milice Wagner s'inscrivent très clairement dans toutes ces définitions. Et n'ont donc pas leur place sur le réseau social, devenu théâtre de la désinformation autour de l'invasion russe.
Jusqu'au recrutement en ligne
Malgré les efforts de la plateforme, les hashtags autour de la milice continuent à avoir un franc succès. À l'heure où nous écrivons ces lignes, le mot "Wagner" en russe comptabilisait encore 413 millions de vues. Une performance qui reste très importante également en anglais, puisque ce mot récolte ce jeudi 174 millions de vues. Si bien qu'un jeune public non averti peut rapidement se prêter au jeu.
L'entreprise NewsGuard a d'ailleurs repéré certaines vidéos d'adolescents mimant les soldats de Wagner. De jeunes hommes se mettent en scène en singeant le signe et l'accoutrement d'un combattant de la milice qui posait fièrement en 2017 après avoir brutalement exécuté un citoyen syrien. Dans une autre vidéo, toujours en ligne, un adolescent se filme en train de réaliser une œuvre en l'honneur de ce bourreau.
Or, entre le virtuel et la réalité, la frontière peut être parfois poreuse. Et la milice compte bien en profiter. Au-delà des seuls problèmes que peuvent représenter la promotion de la violence à destination d'un public très jeune, ces vidéos sont l'occasion pour l'entreprise paramilitaire de trouver de jeunes recrues.
Si NewsGuard n'a pas trouvé d'appels explicites au recrutement, au moins cinq comptes diffusant ce type de contenus ont été utilisés pour promouvoir des chaînes Telegram ou des pages VKontakte (le Facebook russe). Derrière ces liens anodins, des pages pleinement investies dans la recherche de nouvelles recrues. Et la mise en scène de la violence, sous forme de clip, de servir d'appât pour recruter de futurs soldats.
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