Guerre en Ukraine : la Russie serait bien plus durement touchée par les sanctions que ce que dit Moscou

FS
Publié le 2 août 2022 à 18h10

Source : JT 20h WE

Selon une étude américaine, les sanctions contre la Russie pèsent déjà lourdement sur le pays.
Le récit d'une résilience russe ne tiendrait qu'à des chiffres faussés par le régime.
Les universitaires de Yale ne croient pas non plus que la Chine puisse soutenir suffisamment Moscou.

L'impact des sanctions occidentales sur l'économie russe est bien plus important que ce que laissent entrevoir les chiffres officiels, selon une étude de l'Université américaine de Yale, qui souligne également qu'un "pivot vers la Chine" semble peu réaliste. Les auteurs de l'étude battent en brèche le "récit commun", qui aurait "émergé" à propos de l'inefficacité supposée de la politique des sanctions contre la Russie après l'invasion de l'Ukraine en février dernier. Pour ces universitaires, l'idée d'une "guerre d'usure" qui ferait finalement plus de "ravages à l'Ouest", ne tient pas. 

"Statistiques sélectionnées"

"C'est tout simplement faux", assurent ces experts de l'École de management de Yale, qui dénoncent des "statistiques sélectionnées" par le Kremlin, qui fausseraient jusqu'aux estimations occidentales. Car selon leur analyse, "les départs des entreprises et les sanctions paralysent l'économie russe, à court et à long terme". Privée de commerce avec des firmes étrangères, et d'investissements, l'économie russe peinerait en fait déjà à se fournir en matières premières, en pièces détachées, et pour certaines technologies essentielles. 

Plus de 1000 multinationales ont quitté la Russie

L'importance des plus de 1000 multinationales qui ont quitté le pays n'est en rien anecdotique pour la Russie, et représenterait "environ 40% de son PIB". C'est en fait, selon l'étude de Yale, "la quasi-totalité des trois décennies d'investissements étrangers" qui a été annulée. Ce qui permet aux experts américains de dresser un tableau sombre des perspectives de l'économie russe : "Malgré les illusions d'autosuffisance et de substitution des importations (...), la production intérieure russe s'est complètement arrêtée et n'a pas la capacité de remplacer les entreprises, les produits et les talents perdus"

D'autant que les remèdes envisagés par Vladimir Poutine ne trouvent pas grâce aux yeux des auteurs de l'étude. Son interventionnisme budgétaire et monétaire serait insoutenable à terme, et son espoir de "pivoter vers la Chine" sera inéluctablement déçu. "La Russie représente un partenaire commercial mineur pour la Chine, (...) et la plupart des entreprises chinoises ne peuvent pas risquer d'enfreindre les sanctions américaines", décrivent-ils, soulignant par ailleurs que les entreprises chinoises "manquent en amont de nombreuses technologies nécessaires pour maintenir et entretenir l'approvisionnement pétrolier et gazier russe"

Selon les chiffres du Fonds monétaire international (FMI), la Russie s'en sort mieux que prévu cette année, avec une récession de son PIB attendue de 6,0% en 2022, selon les dernières prévisions publiées, bien moins que le plongeon de 8,5% sur lequel tablait l'organisation en avril. Mais la récession en 2023 devrait être plus forte que prévu. 


FS

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